BRVM : des baisses mineures au sein d’un marché qui reste avide


Les points clés :

  • Le Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) a clôturé en légère baisse ses principaux indices : le BRVM Composite-0,19 % à 340,93 points, le BRVM 30 et le BRVM Prestige chacun à -0,41 %.

  • Trois grandes valeurs ont pesé négativement : ETIT (-4,55 % à 21 FCFA), Filtisac CI (-3,12 % à 2 795 FCFA) et Orange CI (-2,03 % à 14 500 FCFA).

  • Malgré la légère correction, le sentiment du marché reste sélectif-investisseurs : des valeurs comme Unilever CI (+7,50 % à 20 000 FCFA), CFAO Motors CI (+7,43 % à 2 170 FCFA) et SAFCA (+7,39 % à 3 415 FCFA) ont fortement progressé. Le volume d’échanges s’est élevé à 1,26 milliard FCFA, avec Sonatel comme valeur la plus liquide (208,4 millions FCFA soit 15,73 % du total).


Au terme d’une séance marquée par un élan d’ouverture relativement optimiste, le marché régional de l’UEMOA via la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) a terminé légèrement à la baisse. Les indices phares ont reculé : le BRVM Composite s’établissait à 340,93 points, reflétant une chute de 0,19 % sur la journée. Le BRVM 30 et le BRVM Prestige ont tous deux enregistré des baisses de 0,41 %. Ces chiffres traduisent une certaine prudence des investisseurs, en dépit du contexte globalement porteur.

Cette modeste correction s’explique principalement par une pression vendeuse ciblée sur quelques grandes capitalisations. ETIT a notamment reculé de 4,55 % à 21 FCFA, Filtisac CI perd 3,12 % à 2 795 FCFA, et Orange CI baisse de 2,03 % à 14 500 FCFA. Ces valeurs, très visibles sur le marché, ont exercé un effet de « tirage vers le bas » sur l’ensemble de la séance. À l’inverse, le marché a bien récompensé des valeurs de rattrapage ou à fort potentiel, comme Unilever CI (+7,50 % à 20 000 FCFA), CFAO Motors CI (+7,43 % à 2 170 FCFA) et SAFCA (+7,39 % à 3 415 FCFA). Ces hausses témoignent de l’appétit des investisseurs pour les titres jugés « value » ou où un rebond semble possible.

L’activité globale reste cependant contenue : le volume des échanges enregistré s’élève à 1,26 milliard FCFA pour la session. Dans ce cadre, Sonatel s’est imposée comme la valeur la plus liquide avec 208,4 millions FCFA, représentant près de 15,73 % du montant total des transactions. Cette concentration des échanges indique la primauté persistante de quelques valeurs phares et révèle aussi les limites en diversité d’activité sur ce marché.

Il est utile de replacer cette séance dans un contexte plus large. Selon des analyses récentes, la capitalisation du marché de la BRVM atteignait 12 070 milliards FCFA en juin 2025, soit près de 21 milliards de dollars, ce qui représente environ 17 % du PIB agrégé des États de l’UEMOA. Cette donnée souligne que, même s’il vacille légèrement, le marché conserve une taille significative et un potentiel de développement important.

En réalité, ce type de séance, à légère baisse mais avec des mouvements contrastés, peut être interprété comme un signe de maturité du marché. Les investisseurs manifestent à la fois une sensibilité accrue aux grands titres, mais aussi une capacité à valoriser des opportunités de croissance sélective. Cela reflète l’évolution du marché vers une plus grande sophistication.

Néanmoins, plusieurs défis demeurent. Le marché semble encore peu diversifié en termes de volume d’échanges et fortement dépendant d’un nombre limité de valeurs leaders. La concentration des échanges sur Sonatel ou d’autres grands titres fait émerger un risque de fragilité structurelle. En outre, la faible amplitude des variations globales indique que les effets de gros chocs sont potentiellement amplifiés en raison du manque de profondeur du marché.

Du point de vue des investisseurs, ces signaux exigent une vigilance accrue : la valorisation des grandes valeurs, la liquidité des titres, le profil des émetteurs (notamment entreprises et États) et les perspectives économiques de la zone UEMOA doivent tous être suivis de près. Pour les autorités de marché, l’enjeu est de promouvoir un élargissement de l’offre, d’accroître la participation des PME cotées, de renforcer la transparence, et d’améliorer l’accès des investisseurs internationaux. Déjà, la BRVM envisage une accélération des délais de règlement (évolution vers T+1 voire T+0) pour gagner en efficacité et attractivité.

Pourquoi est-ce important ?

La séance de la BRVM, bien que modeste dans ses fluctuations, revêt une importance stratégique pour l’économie ouest-africaine. Tout d’abord, elle montre que les marchés financiers de la sous-région atteignent un degré de sophistication où les décisions d’investissement ne se targuent plus uniquement de dynamique heuristique mais s’appuient sur l’analyse des fondamentaux, des valorisations et de la liquidité. Un marché mature est un vecteur de mobilisation des capitaux domestiques et internationaux, essentiel pour financer le développement.

Ensuite, cette activité boursière est un indicateur de confiance dans les économies de l’UEMOA. Même en période de légère correction, la taille et la performance globale du marché confirment que les États de la zone peuvent s’appuyer sur leurs marchés de capitaux pour diversifier leurs sources de financement. Cela complète les autres canaux, tels que l’endettement souverain ou l’investissement direct étranger.

Par ailleurs, la dynamique de valorisation et de compensation des « valeurs de rattrapage » (comme Unilever CI, CFAO Motors CI, SAFCA) illustre que l’inclusion d’entreprises locales à fort potentiel dans les marchés cotés peut stimuler l’écosystème entrepreneurial et industriel régional. Cela participe à la transformation structurelle des économies africaines, évoluant vers des modèles qui ne reposent plus seulement sur les matières premières.

Enfin, pour les investisseurs étrangers, cette séance rappelle que le marché ouest-africain est actif mais que, pour pleinement en tirer parti, il convient de comprendre ses spécificités : faible profondeur, forte concentration, volatilité particulière, et nécessité d’une analyse fine des émetteurs et de la gouvernance des entreprises. À l’heure où l’intégration financière africaine s’accélère, la performance de la BRVM et sa capacité à développer un marché plus large et liquide est un élément clé du succès de l’Union monétaire ouest-africaine.

En résumé, la journée enregistrée à la BRVM montre que le marché régional est à la croisée des chemins : suffisamment mature pour attirer l’attention des investisseurs sérieux, mais encore perfectible pour devenir un pilier robuste du financement du développement. Pour les acteurs économiques, c’est un appel à soutenir l’élargissement du marché, à accroître la cotation d’entreprises locales, et à renforcer les infrastructures de marché afin de convertir ce potentiel latent en croissance réelle.

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