Certification gratuite en ligne du FAO : un levier stratégique pour les professionnels africains des forêts et de la transparence climatique


Les points clés :

  • La FAO propose un cours gratuit et certifié en ligne sur les forêts et la transparence dans le cadre de l’accord de Paris, avec badge numérique à l’issue d’un examen final.

  • La formation met l’accent sur la mesure, la notification et la vérification (MNV ou « MRV »), essentielles pour accéder aux paiements basés sur les résultats dans le cadre de l’initiative REDD+.

  • Les professionnels africains des secteurs forestiers, de l’agro-écologie et du changement climatique peuvent bénéficier de cette offre pour renforcer leurs compétences, améliorer la gouvernance et valoriser les services forestiers.

L’accès à la formation et à la certification en ligne constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour les acteurs agricoles et forestiers dans les pays d’Afrique de l’Ouest, et plus largement sur le continent. La Food and Agriculture Organization (FAO) a mis en place, via son e-learning Academy, un ensemble de modules gratuits (multilingues) destinés à renforcer les capacités sur des thématiques variées, notamment les forêts, le développement durable, la gouvernance des terres et l’atténuation du changement climatique. Parmi ces modules figure un cours intitulé « Forests and transparency under the Paris Agreement », qui aborde spécifiquement l’importance pour les États de disposer de systèmes de monitoring, de reporting et de vérification robustes afin de bénéficier des mécanismes de financement international liés à REDD+.

Le contenu de ce cours rappelle que pour prétendre à des résultats-basés sur les paiements (RBP) sous REDD+, les pays doivent disposer d’un système national de suivi des forêts (National Forest Monitoring System, NFMS), d’une stratégie nationale, d’un système de référence d’émissions ou stocks de carbone, et d’un dispositif de transparence permettant de publier les résultats et de montrer comment les garanties (safeguards) sont respectées.

Pour un professionnel situé en Afrique de l’Ouest, par exemple dans un pays de l’Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la portée est claire : suivre ce type de cours peut enrichir son profil, renforcer sa crédibilité dans les projets internationaux liés à la forêt, l’agro-foresterie, la compensation carbone, ou la gestion durable des terres. Le badge numérique délivré par la FAO à l’issue de l’examen (souvent un score minimum de 75 %) constitue un élément de preuve d’acquisition de compétence.

Sur le plan quantitatif, la FAO recense plus de 350 cours gratuits multilingues sur sa plateforme e-learning à ce jour. Parmi ceux-ci, plusieurs concernent directement la surveillance des forêts, la MNV, les inventaires nationaux de forêts (NFI) et la gestion des émissions de carbone, autant de domaines critiques pour les pays en développement confrontés à la double exigence de transformation agro-forestière et de mitigation climatique.

Ce cours intervient dans un contexte où les forêts africaines jouent un rôle majeur pour la séquestration du carbone, la préservation de la biodiversité et l’alimentation des populations rurales. Le renforcement des capacités en matière de transparence, de données fiables et de gouvernance permet d’accéder à des financements internationaux tout en améliorant la gestion durable des ressources naturelles.

Néanmoins, certains défis persistent. L’accès à Internet de qualité reste limité dans certaines zones rurales, la maîtrise de l’anglais ou du français pose une barrière, et l’accompagnement local (mentorat, réseau professionnel) fait défaut dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Aussi, bien que la certification existe, la reconnaissance locale (dans les systèmes d’emploi ou dans les financements de projet) peut varier. Il sera essentiel que les institutions nationales valorisent ces badges numériques, intègrent les diplômés dans les chaînes de valeur et facilitent la mise en pratique des compétences acquises.

Pour aller plus loin, l’article recommande aux ministères agricoles, aux organisations paysannes, aux ONG et aux entreprises agro-écologiques des pays de la sous-région d’intégrer ce type de formation dans leurs plans de développement du capital humain, de les relier aux besoins locaux (inventaires forestiers, agroforesterie, surveillance de la déforestation, etc.), et de créer des circuits de valorisation (emplois, projets pilotes, partenariats publics-privés).

Pourquoi est-ce important ?

Pour l’économie ouest-africaine, la disponibilité de formations gratuites et certifiantes comme celles offertes par la FAO représente un levier stratégique important. En premier lieu, elles permettent de renforcer la compétence du capital humain dans des domaines clés comme la gestion des forêts, la réduction des émissions, la surveillance des terres et la chaîne de valeur carbone, des thèmes appelés à jouer un rôle central dans la transition verte du continent.

En second lieu, cela contribue à intégrer les pays de la sous-région dans les mécanismes financiers internationaux liés au climat. En disposant de systèmes transparents, fiables et conformes aux standards REDD+, les pays peuvent accéder à des financements, des marchés carbone ou des partenariats de projet. Cela renforce leur souveraineté, diversifie les sources de revenu et améliore la résilience économique.

Troisièmement, dans un contexte où les économies ouest-africaines cherchent à se redéfinir vers davantage de durabilité, d’agro-écologie et de transformation locale, ce type de formation devient un outil de réindustrialisation verte. Il permet de déplacer le focus de l’exportation de matières premières vers des services, des compétences, de la recherche appliquée et des solutions durables.

Enfin, l’impact social est aussi considérable. Donner l’accès à une certification internationale gratuite permet d’ouvrir des opportunités pour les jeunes, les femmes et les acteurs ruraux, renforçant l’inclusion, l’emploi qualifié et l’entrepreneuriat dans les zones souvent marginalisées.

En conclusion, cette offre de la FAO constitue bien plus qu’un cours : elle s’inscrit dans une perspective globale de transformation structurelle des économies ouest-africaines. Pour les acteurs publics, privés et associatifs, elle offre une rampe d’accès vers une agriculture, une foresterie et une économie plus résilientes, alignées avec les objectifs de développement durable.

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