Togo–Israël : l’irrigation, l’agritech et la santé en ligne de mire d’un partenariat stratégique


Les points clés :

  • Le Togo et Israël renforcent leur collaboration en irrigation, agriculture et nouvelles technologies.

  • Israël s’engage à partager son savoir-faire en irrigation goutte-à-goutte et agritech via des missions d’experts dès l’année prochaine.

  • Cette coopération vise à moderniser l’agriculture togolaise, accroître la sécurité alimentaire et stimuler l’innovation locale.


Dans un contexte où l’agriculture ouest-africaine cherche à évoluer vers plus de productivité, de durabilité et de valeur ajoutée, la coopération entre le Togo et Israël vient s’imposer comme un tournant stratégique. L’ambassadeur israélien au Togo, Simon Seroussi, a récemment affirmé que l’agriculture et l’irrigation, ainsi que le numérique, la cybersécurité et la santé, constitueront les axes majeurs de la collaboration à venir.

Le pays de la diaspora agricole, Israël, est largement reconnu pour son succès à cultiver des terres arides grâce à des technologies avancées d’irrigation (goutte-à-goutte, recyclage de l’eau, culture sous serres). La délégation togolaise-CEDEAO s’est déplacée en Israël pour y découvrir ces innovations et envisager leur adaptation dans la zone Cedeao. Pour le Togo, l'agriculture représente une part essentielle de son économie. Selon les données officielles, l’agriculture occupe près de 70 % de la population active et contribue largement au PIB national.

L’impulsion est claire : l’adoption de technologies modernes d’irrigation et de gestion de l’eau s’inscrit dans l’ambition de transformer une agriculture souvent dépendante de la pluviométrie en un secteur plus résilient et productif. Le ministère togolais de l’Agriculture rappelle que seulement environ 0,3 % de la superficie agricole est irriguée actuellement.

L’accord de coopération prévoit notamment l'envoi d’experts israéliens dans la sous-région dès l’année prochaine pour développer des partenariats entre entreprises agricoles israéliennes et acteurs locaux togolais. Si la teneur exacte des investissements n’a pas encore été rendue publique, les grands axes sont d’ores et déjà identifiés : transfert de savoir-faire, formation professionnelle, adoption de technologies de précision, irrigation et valorisation des chaines de production. Le site « République Togolaise » évoque également des formations agricoles en présentiel ou en ligne dispensées avec l’appui de l’agence israélienne de coopération.

Le Togo ambitionne ainsi d’amorcer une modernisation de son agriculture, tout en renforçant sa coopération technologique, digitale et sanitaire. Évoquer la cybersécurité, le numérique, la santé et l’irrigation dans un même souffle traduit une vision holistique. Selon l’ambassadeur, « nous allons plus miser sur l’agriculture, l’irrigation, les nouvelles technologies, y compris du numérique ou de la cybersécurité. Nous allons mettre l’accent là‐dessus sans oublier le domaine de la santé où nous allons faire venir l’expertise israélienne en chirurgie ».

Pour le secteur agricole togolais, cette coopération peut signifier plusieurs mutations : d’abord, la possibilité d’accélérer la mise en œuvre des zones d’aménagement agricole irriguées (ZAAP) et kits d’irrigation solaire dans le cadre du schéma directeur du ministère. Ensuite, l’occasion de structurer davantage le secteur, former la jeunesse togolaise aux métiers de l’agritech, et favoriser l’essor de chaînes de valeur agricoles à haute valeur ajoutée. Enfin, l’ouverture vers des services technologiques (numérique, cybersécurité) peut contribuer à la compétitivité agricole dans un marché régional et global de plus en plus digitalisé.

Cependant, plusieurs défis méritent d’être soulignés. Le taux d’irrigation reste très faible, l’accès à l’internet haut débit en zones rurales handicapé, les investissements privés dans l’agritech encore limités, et la transformation agricole domestique reste embryonnaire. Il faudra aussi que les capacités locales soient renforcées pour absorber les technologies importées et les adapter au contexte togolais, notamment en termes de coûts, maintenance, adaptation à des exploitations de petite taille, et de conditions climatiques spécifiques. La réussite dépendra aussi de la synchronisation entre expertise étrangère et appropriation locale.

Pourquoi est-ce important ?

Pour l’économie ouest-africaine, cette coopération Togo–Israël revêt une portée stratégique. D’abord, elle montre que les pays de la sous-région ne sont pas seulement destinataires d’aides mais deviennent acteurs de partenariats technologiques Sud-Sud, où innovation et transfert de compétences priment. Ensuite, pour un secteur agricole souvent confronté à la faiblesse des infrastructures, au climat capricieux et à l’absence d’irrigation, l’entrée d’une technologie éprouvée comme l’irrigation israélienne offre un potentiel de rupture en termes de productivité, résilience et création d’emplois. Troisièmement, la dimension numérique et technologique renforce la transformation structurelle de l’agriculture vers une agriculture 4.0, plus compétitive et adaptée aux marchés régionaux (CEDEAO) et internationaux. Enfin, en matière de sécurité alimentaire, ce type de coopération permet aux États de se rapprocher de la souveraineté alimentaire, notion centrale dans une région marquée par la volatilité des importations et la dépendance aux conditions climatiques. Ainsi, le partenariat entre le Togo et Israël s’inscrit pleinement dans les orientations du développement durable, de l’innovation agricole et de la montée en compétence des territoires ruraux ouest-africains.

Précédent
Précédent

Mines et banques locales en Afrique de l’Ouest : la nouvelle donne pour capter la rente minière

Suivant
Suivant

Burkina : 104 milliards FCFA mobilisés pour une offensive agropastorale « made in Faso »