A Kara, le Togo et le Bénin lancent un nouveau corridor agricole pour dynamiser la sous-région


Les points clés :

  • Une seconde rencontre bilatérale entre CCI‑Togo et CCI‑Bénin se tiendra à Kara du 18 au 22 novembre 2025 sous le thème « Marché intercommunautaire et développement des entreprises agricoles ».

  • Cet événement s’inscrit dans le cadre du programme régional Programme régional d’intégration des marchés agricoles (PRIMA) qui couvre une période 2021-2026 pour les pays Bénin et Togo, avec mise en place de pôles agricoles et corridors transfrontaliers.

  • L’objectif stratégique est de stimuler la compétitivité des entreprises agricoles, faciliter les échanges transfrontaliers, lever les barrières commerciales et valoriser les filières de production locale en lien avec l’espace CEDEAO.


Dans la ville de Kara, au nord du Togo, le compte à rebours est lancé : du 18 au 22 novembre 2025 se déroule la deuxième rencontre régionale organisée conjointement par la Chambre de commerce et d’industrie du Togo (CCI-Togo) et celle du Bénin (CCI-Bénin). Cette réunion, placée sous l’égide du programme PRIMA, s’inscrit dans une ambition claire : faire de l’agriculture familiale et des échanges agricoles transfrontaliers un moteur de croissance inclusive pour les deux pays et pour la sous-région ouest-africaine.

Le programme PRIMA (Programme régional d’intégration des marchés agricoles) a été initié pour stimuler le commerce agricole régional, renforcer les chaînes de valeur, promouvoir l’entrepreneuriat rural (en particulier des jeunes et des femmes) et améliorer la sécurité alimentaire. Dans les documents de l’initiative on lit que l’un des objectifs est « de stimuler le commerce agricole régional pour créer des emplois pour les femmes et les jeunes, augmenter les revenus et améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition des ruraux pauvres ». Le programme sera mis en œuvre au Bénin et au Togo via deux projets nationaux sur 6 ans (2021-2026) ciblant les corridors transfrontaliers agricoles et les marchés sous-régionaux.

La rencontre de Kara s’appuie sur cette feuille de route. Selon le portail TogoFirst, l’événement réunira décideurs publics, entrepreneurs, organisations professionnelles et opérateurs économiques autour du thème « Marché intercommunautaire et développement des entreprises agricoles : renforcer la compétitivité des entreprises du Togo et du Bénin ». Une foire-exposition se tiendra du 18 au 22 novembre sur l’esplanade du Palais des Congrès de Kara, permettant la mise en relation directe des opérateurs économiques togolais et béninois.

Les axes structurels sont multiples. D’abord, la fluidification des échanges transfrontaliers : réduction des barrières douanières, harmonisation des normes de produits agricoles, facilitation du transport et de la logistique. Un article du Journal du Togo mentionne que les ateliers aborderont la simplification des formalités transfrontalières et la certification des produits bio. Ensuite, la valorisation des produits des filières locales : Manioc, igname, huile, anacarde etc., en lien aux filières durables (un exemple d’initiative est la valorisation de la filière anacarde Togo-Bénin). Enfin, le renforcement de la compétitivité des petites et moyennes entreprises agricoles, l’inscription des producteurs familiaux dans les marchés nationaux et sous-régionaux, et la création de pôles commerciaux reliés aux corridors logistiques. Ces composantes figurent aussi dans les objectifs techniques du PRIMA (intégration des marchés & entrepreneuriat rural ; transformation de l’agriculture familiale adaptée au changement climatique ; dialogue politique et engagement citoyen).

Le Togo et le Bénin partagent une frontière et des complémentarités économiques historiques. Le choix de Kara, territoire agricole, carrefour entre les régions internes du Togo et la frontière, est stratégique. Le fait que la CCI-Togo et la CCI-Bénin organisent cette seconde édition après celle de décembre 2024 à Grand-Popo (Bénin) illustre la volonté de pérenniser la coopération bilatérale agricole.

D’un point de vue économique, les retombées attendues sont importantes. L’augmentation des flux transfrontaliers agricoles permet non seulement d’accroître les revenus des producteurs, mais aussi de réduire la dépendance à l’importation, d’améliorer la chaîne de valeur locale, d’intégrer les acteurs familiaux et de stimuler l’entrepreneuriat rural. Certains médias estiment que l’événement pourrait stimuler les exportations locales de 20 % d’ici fin 2026.

Cependant, les défis restent considérables. Les infrastructures rurales et les marchés de demi-gros doivent être renforcés, la logistique (routes, froid, entreposage) demeure une contrainte, les formalités administratives restent lourdes, et l’intégration régionale réclame une approche systémique. Les documents officiels du PRIMA mentionnent que la mise en œuvre du programme passera par l’ouverture de zones de production réhabilitées, la gestion durable des infrastructures marchandes, et un accompagnement des jeunes, femmes et coopératives. Le Togo doit également améliorer la disponibilité de données, le suivi-évaluation des résultats, et assurer que les bénéfices parviennent aux petits exploitants.

En définitive, cette rencontre de Kara s’inscrit dans une transformation plus large de l’agriculture en Afrique de l’Ouest : passage de l’agriculture de subsistance à une agriculture familiale compétitive, intégrée dans les marchés régionaux, capable de produire, transformer et commercer. Le partenariat Togo-Bénin devient un prototype de coopération transfrontalière agricole en phase avec les ambitions de la CEDEAO et de la ZLECAF (Zone de libre-échange continentale africaine) mentionnée par les organisateurs.

Pourquoi est-ce important ?

Pour l’économie ouest-africaine, cette initiative bilatérale revêt plusieurs niveaux d’importance. D’abord, elle répond à l’enjeu clé de l’agriculture : dans beaucoup de pays de la région, ce secteur reste le premier employeur et un pilier de la sécurité alimentaire. En facilitant les échanges transfrontaliers et en intégrant les chaînes de valeur agricoles, le Togo et le Bénin jettent les bases d’une croissance plus inclusive, tournée vers les acteurs ruraux, les jeunes et les femmes.

Ensuite, elle illustre un modèle d’intégration régionale concret : non seulement des politiques communautaires, mais des actes, corridors agricoles, pôles logistiques, coopération bilatérale, orientés vers la transformation économique. Cela rend l’outil CEDEAO ou ZLECAF plus tangible, et démontre que les frontières peuvent devenir des zones de croissance et non uniquement de séparation.

Enfin, sur le plan économique à plus long terme, renforcer les chaînes de valeur agricoles locales permet de capter plus de valeur à l’intérieur du pays, de diminuer les importations, d’augmenter les exportations intra-régionales, et de créer des emplois dignes. Pour des nations comme le Togo et le Bénin, ce type de stratégie est crucial pour passer de la dépendance à l’agriculture de rente à des filières compétitives, connectées et résilientes face aux aléas climatiques et économiques.

En résumé, la rencontre de Kara ne se limite pas à un salon ou à des discussions : elle représente une étape structurante pour l’agriculture communautaire, l’intégration économique et la croissance inclusive en Afrique de l’Ouest. Le succès dépendra de la mise en œuvre effective des engagements, mais l’initiative elle-même installe un nouveau paradigme du développement agricole régional.

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