Togo : un plan 2025-2030 ambitieux contre la peste des petits ruminants pour protéger les éleveurs et l’économie rurale


Les points clés :

  • Le Togo adopte un plan stratégique 2025-2030 pour lutter contre la Peste des Petits Ruminants (PPR), visant la vaccination, la surveillance et un système d’alerte rapide.

  • La PPR peut provoquer jusqu’à 80-90 % de mortalité dans les troupeaux non vaccinés, mettant en péril les revenus de nombreux éleveurs ovins et caprins.

  • Le Togo compte en 2024 environ 2,24 millions d’ovins et 6,36 millions de caprins, soulignant l’importance socio-économique de ce cheptel.


Depuis le 17 novembre 2025, le Togo a franchi une étape majeure dans la protection de son élevage pastoral avec l’adoption, à Lomé, d’un plan stratégique dédié à la Peste des Petits Ruminants (PPR) pour la période 2025-2030. Ce document ambitionne d’harmoniser les initiatives de lutte, de renforcer la surveillance vétérinaire, de vacciner systématiquement les troupeaux, et de créer un système d’alerte rapide capable de détecter les foyers de maladie à temps.

La PPR est bien plus qu’un problème sanitaire : elle constitue une menace économique lourde pour les éleveurs togolais. Selon les experts vétérinaires, la mortalité d’un troupeau non vacciné peut atteindre 80 à 90 %, et la morbidité (taux d’animaux infectés) peut s’élever jusqu’à 100 %. Face à ces chiffres alarmants, le plan voté prévoit un renforcement des services vétérinaires, des campagnes de vaccination régulières, ainsi qu’un mécanisme d’alerte précoce pour réagir rapidement aux flambées.

Mais les enjeux dépassent largement l’échelle sanitaire. Dans le paysage togolais, les petits ruminants — les chèvres et les moutons — ne sont pas seulement une source de viande : ils représentent un pilier économique des zones rurales, assurant un revenu régulier à de nombreux ménages. En 2024, le cheptel national dénombre 2,24 millions d’ovins et 6,36 millions de caprins, selon les chiffres officiels du plan. Ces chiffres illustrent l’ampleur du défi : protéger ces animaux, c’est aussi protéger la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de milliers de familles.

La nouvelle stratégie togolaise s’inscrit également dans un cadre régional. En effet, la CEDEAO, via son Comité vétérinaire régional, place la vaccination contre la PPR parmi ses priorités. L’approche du plan national est alignée sur les efforts panafricains : la Stratégie mondiale OMSA/FAO vise l’éradication de la PPR d’ici 2030, ce qui demande une coordination entre États, le renforcement des services vétérinaires et des campagnes de vaccination massives.

Concrètement, le plan togolais prévoit des moyens opérationnels renforcés pour les services vétérinaires : formation, équipement, capacités de diagnostic. Il met aussi l’accent sur la vaccination systématique, en priorité dans les zones à forts cheptels, et sur la sensibilisation des éleveurs à l’hygiène des troupeaux et aux bons réflexes sanitaires. En parallèle, le plan ambitionne de mettre en place un système d’alerte rapide : dès qu’un foyer de PPR est détecté, les autorités pourront déclencher des interventions ciblées pour limiter la propagation.

La mise en œuvre du plan s’accompagne de mesures concrètes. Par exemple, dans la région des Savanes, le Programme de Résilience du Système Alimentaire en Afrique de l’Ouest (FSRP) a déjà distribué 704 géniteurs (mâles et femelles) ovins et caprins à 176 éleveurs, pour renforcer la base génétique des troupeaux. De plus, la campagne de vaccination 2024-2025 des petits ruminants a été lancée avec un tarif subventionné : 100 FCFA par tête pour la PPR, selon Togomedia24.

Au-delà de la dimension technique, le plan 2025-2030 porte une ambition macro-économique et sociale. En sécurisant les troupeaux, le Togo vise à protéger les revenus des éleveurs ruraux, à garantir un approvisionnement en viande plus stable, et à renforcer le commerce régional du bétail.

Pourquoi est-ce important ?

Ce plan stratégique de lutte contre la PPR au Togo ne relève pas seulement d’une politique vétérinaire : il porte un véritable projet de développement rural et d’inclusion. En ciblant une maladie hautement dévastatrice, le gouvernement protège un pilier économique des communautés rurales, où l’élevage des petits ruminants est souvent l’un des rares actifs des ménages modestes.

Sur le plan économique, la réduction des pertes dues à la maladie peut renforcer la résilience des éleveurs face aux chocs, permettre une meilleure production de viande locale et réduire la dépendance aux importations. Le Togo pourrait ainsi améliorer sa sécurité alimentaire tout en dynamisant sa filière élevage.

Socialement, le plan contribue à renforcer les moyens de subsistance dans les zones rurales, souvent les plus vulnérables. En garantissant des troupeaux en bonne santé, les éleveurs peuvent maintenir des revenus, investir dans leur exploitation et assurer un avenir plus stable à leurs enfants.

Au plan régional, l’initiative togolaise s’inscrit dans une dynamique de coopération ouest-africaine : la vaccination et la surveillance transfrontalières sont essentielles pour éradiquer la PPR, une maladie qui ne connaît pas de frontière. Le plan du Togo, en phase avec les stratégies de la CEDEAO et de l’OMSA, montre la voie d’une approche collective, coordonnée et ambitieuse.

Enfin, ce programme renforce le rôle des services vétérinaires et des capacités nationales : former, équiper et structurer ces institutions est crucial non seulement pour la PPR, mais pour d’autres menaces sanitaires animales. C’est un investissement à long terme dans la santé animale, la gouvernance et la sécurité alimentaire.

En somme, le plan 2025-2030 contre la PPR est un levier stratégique pour le Togo : non seulement pour sauver des vies animales, mais pour consolider un développement rural durable, promouvoir l’auto-suffisance et renforcer l’intégration régionale. C’est un projet où la santé animale se lie intimement au progrès économique et social.

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