Gouvernance environnementale : le Togo ratifie l’Accord mondial BBNJ
Les points clés :
Le Conseil des ministres a validé la ratification par le Togo de l’Accord sur la biodiversité marine des zones au-delà de la juridiction nationale (BBNJ), un traité international historique adopté à New York en 2023.
L’Accord entrera en vigueur à partir du 17 janvier 2026 après avoir dépassé le seuil requis de 60 ratifications, créant un cadre juridique global pour la conservation des océans hors juridiction nationale.
La ratification permettra au Togo d’accéder à des mécanismes de financement internationaux et de renforcer sa coopération pour protéger durablement les ressources marines face aux pressions climatiques et anthropiques.
La ratification de l’Accord BBNJ par le Togo marque une avancée stratégique non seulement pour l’écologie nationale, mais aussi pour la place du pays dans la gouvernance mondiale des océans. L’Accord, fruit de près de deux décennies de négociations au sein des Nations unies, a été adopté le 19 juin 2023 à New York sous l’égide de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS) afin de combler une lacune juridique majeure : celle de la protection et de l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones ne relevant d’aucune juridiction nationale (haute mer).
Historiquement, les eaux internationales qui couvrent près des deux-tiers de la surface des océans terrestres ont été largement non régulées, exposant leurs écosystèmes aux impacts conjugués de la surpêche, de la pollution, du changement climatique et de l’exploitation minière profonde. L’Accord BBNJ vient justement instaurer un cadre légal contraignant, permettant notamment la création d’aires marines protégées (AMP) en haute mer, une avancée que nombre d’experts ont qualifiée de révolutionnaire dans la gouvernance océanique mondiale.
L’entrée en vigueur de l’Accord a été déclenchée après que le traité a dépassé le seuil crucial de 60 ratifications indispensable à son activation, ce qui a été officiellement atteint le 19 septembre 2025. Le traitement légal est programmé pour commencer 120 jours après cette date, soit le 17 janvier 2026, date à partir de laquelle les États parties dont le Togo seront tenus d’appliquer les obligations du texte.
Le Togo, en validant ce projet de loi au sein du Conseil des ministres, aligne sa politique environnementale sur les standards internationaux les plus exigeants en matière de préservation de la vie marine. Dans les faits, cet engagement permettra à Lomé de participer à des mécanismes multilatéraux de financement, tels que ceux gérés par le Fonds pour l’environnement mondial (GEF), qui a déjà alloué des ressources dédiées à la mise en œuvre de l’Accord et au renforcement des capacités nationales des pays en développement.
Au-delà du financement, la ratification permet au Togo de s’inscrire dans des dynamiques de coopération scientifique internationale, de partage de technologies marines et de renforcement des capacités institutionnelles nécessaires à une gestion durable des ressources océaniques. Ces ressources comprennent non seulement les pêcheries et les stocks de poissons essentiels à la sécurité alimentaire, mais aussi les ressources génétiques marines, dont l’exploitation et le partage équitable des bénéfices sont désormais encadrés par le traité.
L’Accord BBNJ comporte également des volets importants relatifs aux évaluations d’impact environnemental pour toutes les activités susceptibles d’affecter la haute mer, ainsi qu’au renforcement des outils de gestion par zone, qui incluent les AMP, pour garantir la résilience des écosystèmes marins face aux menaces climatiques et anthropiques.
Alors que le monde cherche à atteindre des objectifs ambitieux de conservation notamment l’initiative 30×30 visant à protéger 30 % des océans d’ici 2030 la mise en œuvre du BBNJ constitue une brique essentielle. Pour l’Afrique, qui dépend fortement de ses ressources marines pour l’alimentation, les emplois et le commerce, l’intégration dans ce cadre juridique international renforce la capacité des pays côtiers à mieux gérer et valoriser leurs zones économiques exclusives et à contribuer à la santé globale des océans.
Pourquoi est-ce important ?
La ratification de l’Accord BBNJ par le Togo ne représente pas seulement un geste symbolique en faveur de l’environnement : elle ouvre des opportunités concrètes de renforcer la sécurité écologique et économique du pays, ainsi que de la région ouest-africaine. Les océans jouent un rôle fondamental dans les chaînes de valeur locales et régionales, alimentant notamment des secteurs comme la pêche artisanale, le tourisme, le transport maritime et l’industrie de la conservation marine.
Pour le Togo, l’intégration à ce mécanisme mondial signifie une plus grande coordination avec les initiatives internationales, des accès à des financements destinés à l’adaptation et à l’atténuation des effets du changement climatique et des renforcements institutionnels pour appliquer les meilleures pratiques de conservation. À une époque où les pressions sur les écosystèmes marins s’intensifient avec des conséquences directes sur la sécurité alimentaire, la biodiversité et la résilience aux chocs climatiques, cette ratification positionne le Togo comme un acteur engagé pour la gouvernance durable des ressources naturelles.
Sur le plan régional, la participation du Togo stimule également l’harmonisation des politiques environnementales au sein de l’Afrique de l’Ouest, où des organisations comme la CEDEAO et la Commission internationale des pêches de l’Atlantique centre-est (CIACE) appuient des approches intégrées pour la gestion des zones côtières et marines. Enfin, en catalysant la coopération scientifique et technologique, l’Accord encourage des initiatives susceptibles d’attirer des investissements verts, de développer des capacités locales en sciences marines et de contribuer à une croissance économique durable, renforçant ainsi le rôle du continent dans la gouvernance globale de l’océan.
En somme, la ratification de l’Accord BBNJ par le Togo illustre à la fois une vision environnementale ambitieuse et une stratégie économique proactive pour intégrer le pays et la région dans les architectures internationales de conservation, de développement et de résilience océaniques.