Togo : nouvelle phase dans la sensibilisation de l’Assurance Maladie Universelle dédiée aux travailleurs non salariés


Les points clés :

  • Le 17 décembre 2025 à Lomé, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a lancé une vaste campagne de sensibilisation pour étendre l’Assurance maladie universelle aux Travailleurs non salariés (AMU-TNS).

  • Ce programme, accessible via une plateforme numérique dédiée (https://www.tns.cnss.tg), offre une couverture santé complète aux artisans, commerçants, agriculteurs et autres indépendants à cotisations flexibles adaptées à leurs revenus.

  • L’objectif du gouvernement est ambitieux : atteindre 80 % de couverture des TNS d’ici fin 2026, renforçant ainsi l’inclusion sociale et la résilience économique face aux risques sanitaires.


La dynamique de couverture sanitaire universelle en Afrique de l’Ouest prend un tournant majeur avec la politique togolaise d’Assurance maladie universelle (AMU) qui s’étend désormais aux travailleurs non salariés (TNS), une catégorie longtemps exclue des régimes de protection sociale classiques. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie nationale de protection sociale plus large qui vise à réduire les inégalités d’accès aux soins, à renforcer la résilience économique des ménages et à favoriser un développement durable et inclusif.

L’initiative d’inclusion des TNS au sein du système d’assurance maladie a été lancée officiellement en octobre 2025, lorsque le Togo est devenu l’un des premiers pays africains à intégrer formellement les travailleurs informels dans une assurance santé universelle, couvrant artisans, commerçants, agriculteurs, éleveurs et auto-entrepreneurs. Cette réforme sociale majeure, conduite par la CNSS en collaboration avec le ministère de la Santé, s’inscrit dans la vision gouvernementale de garantir l’accès équitable aux soins pour tous, indépendamment du statut professionnel.

Concrètement, la participation au dispositif AMU-TNS repose sur un système de cotisations modulables, accessibles à un large éventail de travailleurs indépendants : 10 000 FCFA par mois, 28 500 FCFA par trimestre, 54 000 FCFA par semestre ou 102 000 FCFA par an. Après une période de carence de 90 jours, les cotisants et jusqu’à six ayants droit peuvent bénéficier d’une couverture qui inclut les soins préventifs, curatifs et hospitaliers, ainsi que la prise en charge partielle des analyses et des médicaments essentiels.

L’outil central de cette réforme est une plateforme numérique accessible 24 h/24 à l’adresse https://www.tns.cnss.tg, qui facilite l’enregistrement, le paiement des cotisations et la gestion des droits. Cette approche digitale répond à la nécessité de simplifier les démarches administratives et de renforcer l’inclusion en intégrant les travailleurs à l’économie numérique. La CNSS a également complété cette stratégie par une série de campagnes de sensibilisation sur le terrain, notamment dans le Grand Lomé (Golfe, Agoè-Nyivé) et dans d’autres préfectures comme Vo et Tohoun, où les autorités locales ont activement encouragé les TNS à s’inscrire et à comprendre les avantages du programme.

Cette démarche nationale s’inscrit dans un contexte global de réforme de la sécurité sociale au Togo. L’Assurance maladie universelle (AMU) a été établie par une loi adoptée en 2021, qui consacre le droit à la couverture santé pour tous les résidents, complétant ainsi la sécurité sociale existante gérée par le CNSS et l’Institut national d’assurance maladie (INAM). L’extension aux travailleurs non salariés répond à une lacune structurelle : historiquement, les programmes publics de santé couvraient principalement les travailleurs formels et les fonctionnaires, laissant une large majorité de travailleurs de l’économie informelle sans protection face aux risques de santé.

L’initiative togolaise s’inscrit également dans une tendance plus large sur le continent : plusieurs pays africains explorent des stratégies similaires pour intégrer les travailleurs informels dans des régimes de protection sociale, reconnaissant l’importance de ce secteur pour l’économie nationale. Toutefois, le Togo se distingue par la portée nationale immédiate de sa réforme, couplée à l’utilisation des technologies numériques pour faciliter l’adhésion et la gestion des prestations.

La campagne de sensibilisation du 17 décembre 2025 à Lomé représente une apogée symbolique de cette politique, marquant l’extension de la sensibilisation et de la facilitation des inscriptions au cœur de la vie urbaine, à un moment où le pays intensifie ses efforts pour atteindre ses objectifs d’inclusion sociale d’ici fin 2026, avec un objectif affiché de couvrir 80 % des travailleurs non salariés.

Pourquoi est-ce important ?

L’élargissement de l’Assurance maladie universelle aux travailleurs non salariés au Togo est bien plus qu’une réforme administrative : il s’agit d’un pivot stratégique pour le développement social et économique du pays. Dans une économie où une grande partie de l’emploi et de la production repose sur le secteur informel estimé à plus de 90 % des travailleurs actifs selon des analyses régionales l’intégration des TNS dans la protection sociale constitue une étape décisive pour réduire les vulnérabilités financières liées à la santé.

Sur le plan économique, offrir une couverture santé à une portion majoritaire de la population active favorise la stabilité des revenus des ménages, réduit le risque d’appauvrissement face à des dépenses de santé imprévues et améliore la productivité globale. Cela devient un levier de croissance durable, car des ménages en meilleure santé sont davantage à même de participer pleinement à l’activité économique.

Socialement, cette réforme répond à une exigence de justice sociale : les travailleurs non salariés, longtemps marginalisés dans les systèmes de protection sociale, bénéficient désormais d’un filet de sécurité qui protège leurs familles et soutient leurs activités. Cette avancée place le Togo en tête de l’inclusion sanitaire en Afrique, inspirant potentiellement d’autres pays à adopter des approches similaires.

Enfin, l’intégration des outils numériques dans le processus via la plateforme en ligne non seulement facilite l’accès, mais contribue à la formalisation progressive de l’économie informelle, renforçant la traçabilité des contributions, l’efficacité de la gestion et la transparence des prestations. Cette transformation s’inscrit dans une vision de long terme qui lie protection sociale, inclusion numérique et développement économique pour tout le continent ouest-africain.

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