Transferts monétaires de 25.000 FCFA à 700.000 personnes vulnérables au Togo : comment être sélectionné ?


Les points clés :

  • Le Programme national de protection sociale au Togo lance, dès le 18 décembre 2025, un vaste dispositif de transferts monétaires directs visant à soutenir plus de 700 000 personnes en situation de vulnérabilité.

  • L’accès n’est pas automatique : il repose sur un ciblage multidimensionnel strict fondé sur des données sociales structurées et la consolidation d’un Registre social unifié pour assurer une distribution équitable et transparente des aides.

  • Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme ASTRE (Assistance sociale transformatrice pour la résilience), soutenu par la Banque mondiale à hauteur de 100 millions de dollars pour renforcer les filets sociaux et faire face à l’extrême pauvreté.


Dans un contexte marqué par des défis économiques persistants, notamment l’augmentation du coût de la vie et les vulnérabilités structurelles, le gouvernement togolais a décidé d’intensifier la solidarité nationale à travers une opération historique de transferts monétaires ciblés. Cette décision a été annoncée par les autorités et se traduira par le lancement officiel d’une distribution de ressources directes à plus de 700 000 personnes défavorisées dans l’ensemble du pays à partir du 18 décembre 2025.

Ce dispositif n’est pas une simple aide ponctuelle : il s’inscrit dans une transformation profonde du modèle de protection sociale du Togo. Loin de tous les rumeurs sur les cibles et sur comment être éligible, le mécanisme de ciblage repose sur un croisement de données socio-économiques, établi à partir du dernier recensement général de la population et du Registre social unifié, un système national d’enregistrement des ménages qui vise à identifier, de manière fiable, les individus répondant à des critères de vulnérabilité multidimensionnels.

Plutôt que de se limiter au seul niveau de revenu, l’approche du gouvernement analyse des indicateurs tels que l’accès à l’eau potable, l’électricité, la scolarisation des enfants, l’accès aux soins de santé, la qualité du logement et la situation économique globale des ménages. Cette méthode permet d’identifier les familles confrontées à des privations cumulatives, assurant ainsi que les ressources publiques ciblent ceux qui en ont le plus besoin.

L’opération bénéficie d’un appui financier et technique de la Banque mondiale, via son bras de financement pour les pays les plus pauvres, l’Association internationale de développement (IDA), qui a approuvé un financement de 100 millions de dollars US pour soutenir le programme ASTRE. Ce programme, visant à lutter contre l’extrême pauvreté et à renforcer la résilience sociale, repose également sur la mise en place de systèmes d’information sociale interopérables et de plateformes technologiques pour faciliter la mise en œuvre des transferts monétaires.

Le financement de l’IDA permet d’aller au-delà de l’assistance immédiate : il vise à institutionnaliser un système de sécurité sociale moderne et inclusif, capable de couvrir à terme 1,8 million de personnes extrêmement pauvres d’ici 2029, tout en réduisant les inégalités économiques et en favorisant l’inclusion financière et sociale, en particulier pour les femmes et les groupes marginalisés.

La mise en œuvre du registre social constitue un véritable élément structurant de la réforme. Il permettra d’éviter les doublons, de prévenir les fraudes et d’assurer une distribution ciblée et efficace des transferts monétaires, en utilisant des données actualisées pour adapter les interventions sociales aux besoins réels des populations vulnérables.

La cérémonie de lancement, qui a eu lieu au Complexe sportif de Kotokoli Zongo dans la commune d’Agoè-Nyivé 4, a été présidée par des autorités gouvernementales et des partenaires techniques, soulignant l’importance politique et sociale de l’initiative qui place la justice sociale et la cohésion nationale au cœur de l’action publique.

Historiquement, le Togo a déjà expérimenté des transferts monétaires ciblés à plus petite échelle via les filets sociaux de base et des programmes d’urgence tels que Novissi, qui ont permis d’atteindre des dizaines de milliers de ménages fragiles. L’expérience acquise sert aujourd’hui de fondation pour déployer une politique plus vaste, structurée et technologique.

Pourquoi est-ce important ?

L’initiative togolaise de transferts monétaires s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement des systèmes de protection sociale en Afrique de l’Ouest, une région où de nombreuses populations restent exposées à la pauvreté, à l’insécurité alimentaire et aux chocs économiques liés aux fluctuations mondiales. En mobilisant des ressources directes vers les ménages les plus vulnérables, le Togo fait un pas décisif vers une protection sociale adaptative et inclusive, reposant sur des données fiables et une identification rigoureuse des besoins.

À l’échelle nationale, cette politique consolide la résilience des ménages face aux chocs économiques, réduit la pauvreté structurelle et favorise une meilleure répartition des fruits de la croissance économique. Elle contribue également à stimuler la demande domestique, ce qui peut générer un effet multiplicateur sur l’économie locale, notamment dans les zones rurales et périurbaines.

Sur le plan régional, le modèle togolais peut servir d’exemple pour d’autres pays ouest-africains confrontés à des défis similaires. L’approche intégrée de ciblage, combinée à l’utilisation des technologies numériques pour la gestion de registres sociaux, illustre une voie innovante pour améliorer l’efficacité des politiques sociales dans des contextes où les ressources publiques sont limitées.

Enfin, en s’appuyant sur des partenariats internationaux tels que celui avec la Banque mondiale, le Togo renforce sa capacité à mettre en place des programmes durables, fondés sur des preuves tangibles et des méthodologies modernes, tout en répondant aux engagements envers les Objectifs de développement durable (ODD), notamment l’éradication de la pauvreté et l’accroissement de l’inclusion sociale.

Cette opération n’est donc pas seulement une réponse ponctuelle aux besoins des plus démunis, mais une transformation structurelle du filet de protection sociale, qui pose les bases d’une société plus équitable, résiliente et capable de construire un développement durable pour tous ses citoyens.

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