Success story : Chom Factory, l’ambition d’une entrepreneure togolaise qui va au-delà des frontières du pays
Les points clés :
La PME togolaise Chom Factory, sous la direction de Kossiwa Midjresso-Amouzou, incarne une nouvelle génération d’entreprises agroalimentaires africaines valorisant les matières premières locales et innovant pour conquérir les marchés régionaux.
L’ouverture d’une unité de production à Dakar (Sénégal) avec un investissement d’environ 25 millions FCFA marque un tournant stratégique vers l’intégration régionale et la transformation locale, financée en partie par la diaspora et des partenaires techniques.
Cette success story illustre non seulement la création de richesse et d’emplois, mais aussi la capacité des PME agroalimentaires africaines à relier sécurité alimentaire, innovation et développement économique inclusif.
Dans un contexte où le continent africain transforme encore moins de 10 % de sa production agricole malgré son immense potentiel, l’émergence d’entreprises comme Chom Factory s’inscrit dans une dynamique de transformation structurelle du secteur agroalimentaire, facteur clé de croissance économique selon plusieurs analyses sectorielles.
Née de la vision résolument africaine de Kossiwa Midjresso-Amouzou, ingénieure en sciences alimentaires et MBA en gestion d’unités agroalimentaires, Chom Factory a été créée en 2017 avec l’objectif affirmé de remettre les produits locaux, farine de mil, sorgho, banane plantain, patate douce, au centre de la chaîne de valeur alimentaire. L’entreprise s’est rapidement distinguée par ses biscuits nutritifs, chips et snacks, élaborés à partir de matières premières locales, répondant à une demande croissante de produits sains et accessibles, loin des importations dominantes.
Dès ses débuts, Chom Factory a mis l’accent sur la structuration interne et la professionnalisation de ses processus. À une époque où les PME agroalimentaires africaines peinent souvent à franchir les seuils de la formalisation, notamment en raison de difficultés d’accès au financement, d’infrastructure déficiente et de contraintes logistiques, la dirigeante a su reproduire les standards de gestion industrielle moderne. Cette orientation vers la qualité, la digitalisation (ERP interne couvrant plus de 80 % des opérations) et la rigueur organisationnelle a permis à l’entreprise de se positionner comme une marque de confiance dans un secteur traditionnellement dominé par des produits importés ou informels.
L’expansion vers Dakar, inaugurée en octobre 2025, traduit cette ambition régionale assumée. Le choix du Sénégal n’est pas anodin : ce pays d’Afrique de l’Ouest combine une population jeune, une demande croissante pour des produits locaux transformés et un écosystème entrepreneurial en pleine maturation autant d’atouts pour implanter durablement une production sur place.
L’investissement de 25 millions FCFA pour créer l’unité de production dakaroise a été structuré autour de fonds propres, contributions de partenaires sénégalais et de la diaspora, ainsi que d’un appui technique du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) Togo via son initiative d’accompagnement à l’entrepreneuriat féminin, alignée sur les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Avec une capacité de production mensuelle fixée à 5 tonnes et des partenariats locaux impliquant des acteurs comme BIOSENE et Club Thiossane, Chom Factory s’inscrit dans un modèle de croissance inclusive, créant des emplois locaux et intégrant des fournisseurs de la région dans sa chaîne d’approvisionnement.
L’adaptation des produits aux goûts locaux l’utilisation d’ingrédients spécifiques comme le mil, le bissap ou la poudre de baobab illustre une stratégie fondée sur l’ancrage territorial, indispensable pour conquérir des marchés diversifiés en Afrique, où les préférences alimentaires peuvent varier sensiblement d’un pays à l’autre.
Cette trajectoire ascendante s’inscrit dans un mouvement plus vaste en Afrique où les PME agroalimentaires jouent un rôle central dans la création d’emplois, la sécurité alimentaire et l’autonomie économique des communautés rurales et urbaines. Selon des études sectorielles, le traitement des produits agricoles sur le continent demeure insuffisant, mais les initiatives privées susceptibles de combler cette lacune se multiplient, notamment sous l’impulsion des transformations politiques liées à la libéralisation régionale et à la croissance de la demande interne.
L’histoire de Chom Factory a également été reconnue sur la scène continentale : la promotrice et son entreprise font partie des agro-entrepreneurs togolais distingués lors de l’Africa Investment Leadership Forum, soulignant la qualité et le potentiel économique de leurs innovations dans le domaine agroalimentaire.
Pourquoi est-ce important ?
L’essor de Chom Factory illustre bien plus qu’un succès entrepreneurial : il symbolise l’industrialisation du secteur agroalimentaire africain, une étape essentielle pour que le continent tire pleinement parti de ses ressources agricoles. En transformant localement des matières premières comme le mil, le sorgho ou la banane plantain, l’entreprise contribue à réduire la dépendance aux importations de produits finis, une situation qui prive souvent les économies africaines de valeur ajoutée et de devises.
L’expansion régionale vers le Sénégal, soutenue par des financements mixtes incluant la diaspora, démontre un modèle reproductible pour d’autres PME africaines ambitieuses, mettant en lumière la diaspora comme vecteur de capital économique et social dans le développement continental.
Plus largement, le développement des PME agroalimentaires comme Chom Factory répond à des objectifs structurants pour l’Afrique : création d’emplois, valorisation des cultures locales, stimulation de l’entrepreneuriat féminin et renforcement des chaînes de valeur régionales. Cette dynamique s’aligne sur les stratégies continentales comme la ZLECAf, qui vise à faciliter le commerce intra-africain et à faire émerger des champions industriels locaux.
En promouvant une production locale adaptée aux goûts des populations et fondée sur des matières premières africaines, des entreprises telles que Chom Factory participent aussi à la transformation des habitudes de consommation, encouragent l’innovation et contribuent à la sécurité alimentaire, tout en offrant des modèles inspirants aux jeunes entrepreneurs du continent.