Difficultés des TPME togolaises à l’export : comment faire sauter les verrous de la compétitivité ?


Les points clés :

  • Les TPME togolaises éprouvent encore de grandes difficultés à pénétrer les marchés internationaux en raison de contraintes structurelles accès à l’information, financement, conformité aux normes et visibilité à l’export.

  • La CCI-Togo, à l’occasion de la 20ᵉ Foire Internationale de Lomé, a mis en lumière les enjeux de la compétitivité et présenté les dispositifs d’accompagnement disponibles pour aider ces entreprises à surmonter leurs handicaps.

  • Le renforcement des chaînes de valeur, l’intégration dans la Zone de libre-échange continental africaine (ZLECAf) et les initiatives publiques et privées seront essentiels pour transformer ces défis en opportunités de croissance.


Dans l’économie togolaise, les Très petites et moyennes entreprises (TPME) constituent plus de 90 % du tissu entrepreneurial, créent l’essentiel des emplois privés et représentent une part significative du PIB national. Pourtant, malgré ce rôle fondamental, leur capacité à s’imposer sur les marchés mondiaux reste limitée. Le constat est clair : l’intégration à l’économie internationale requiert plus que du courage et de l’ambition, elle demande des moyens adaptés, une stratégie ciblée et une capacité à satisfaire les standards internationaux de qualité et de compétitivité.

C’est pour faire face à cette réalité que la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo (CCI-Togo) a dédié une journée entière à la question de la compétitivité des entreprises à l’export lors de la 20ᵉ Foire Internationale de Lomé, le 9 décembre 2025. Le thème choisi : « Compétitivité des entreprises togolaises à l’export : contribution de la CCI-Togo et des organisations intermédiaires dans l’accompagnement des TPME » reflète une volonté de mobiliser les acteurs publics, privés et intermédiaires autour d’un objectif partagé : renforcer la capacité des TPME à pénétrer et s’imposer sur des marchés au-delà des frontières nationales.

Le panel organisé à cette occasion a rassemblé chefs d’entreprise, responsables industriels, autorités du ministère du Commerce et dirigeants de la CCI-Togo, offrant un cadre d’échanges, d’information et d’orientation pour les opérateurs engagés ou intéressés par l’exportation. Au-delà des retours d’expérience des entrepreneurs, les intervenants ont mis en avant des initiatives concrètes visant à réduire les obstacles structurels auxquels sont confrontées les TPME. Ainsi, la digitalisation des procédures, l’accès à l’information sur les marchés et le financement sont au cœur de ces initiatives.

Les défis auxquels font face ces entreprises sont multiples. L’accès limité à l’information sur les marchés étrangers reste une barrière importante : beaucoup d’entre elles ne disposent pas de données actualisées sur les conditions d’entrée, les préférences des consommateurs, ou les tendances de la demande à l’étranger. Ces insuffisances réduisent leur capacité à planifier et à adapter leurs offres aux exigences internationales. Ce problème n’est pas unique au Togo ; selon une enquête conduite par l’African Trade Policy Centre, moins de 20 % des PME africaines ont jamais tenté d’exporter, en raison notamment de lacunes d’information et de compétences.

L’un des obstacles les plus cités est l’accès au financement. Sans garanties réelles, historique de crédit ou instruments adaptés (crédits export, assurances-crédit, garanties publiques), de nombreuses TPME peinent à financer des opérations d’exportation qui exigent des investissements initiaux souvent lourds. Là encore, des mécanismes existent ou sont en cours de développement : en juin 2024, un Centre de compétence pour le financement à l’exportation en partenariat avec l’Allemagne a été présenté à Lomé, offrant des opportunités de financement pour aider les entreprises togolaises à acquérir du matériel ou à s’installer sur de nouveaux marchés.

Les contraintes liées à la conformité aux normes internationales, au packaging adapté et aux systèmes de management de la qualité (SMQ) sont également au cœur des préoccupations. Un appel à manifestation d’intérêt pour renforcer les SMQ de 60 TPME togolaises a été lancé en 2025, visant à aider ces entreprises à respecter les standards requis pour l’export, ce qui peut considérablement améliorer leur crédibilité à l’étranger.

Outre les obstacles internes, la logistique et les coûts du commerce continuent de peser lourdement sur la compétitivité des produits togolais. Des rapports économiques notent que, malgré des efforts pour faciliter les échanges transfrontaliers, les coûts logistiques restent compétitifs mais les infrastructures de transport et de chaîne d’approvisionnement nécessitent encore des améliorations pour soutenir efficacement les exportateurs nationaux.

Pourtant, des opportunités existent : la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre un marché de plus de 1,4 milliard de consommateurs et des conditions tarifaires favorables pour les biens « export-ready ». Ces perspectives, si elles sont accompagnées par des mesures de soutien ciblées, peuvent transformer le potentiel exportateur des TPME togolaises.

De fait, le Togo multiplie les initiatives pour renforcer l’écosystème des TPME. Une doctrine nationale d’accompagnement des TPME a été adoptée, visant à consolider les dispositifs d’appui pour que ces entreprises puissent se structurer, innover et rivaliser tant au niveau régional qu’international. Des efforts sont également déployés pour promouvoir la transformation numérique des PME, via des programmes de formation et d’accompagnement numérique afin de renforcer leur capacité à utiliser les technologies modernes pour se connecter aux marchés mondiaux.

Il convient aussi de souligner que le Togo s’investit dans la structuration de ses exportateurs, notamment dans les secteurs agroalimentaires via des répertoires nationaux validés pour faciliter leur identification et leur visibilité auprès des acheteurs étrangers.

Pourquoi est-ce important ?

L’intégration des TPME togolaises dans les chaînes de valeur régionales et mondiales est bien plus qu’un enjeu commercial : elle est au cœur de la stratégie de croissance inclusive du Togo. Les TPME représentent une majorité du tissu économique et de l’emploi (plus de 75 % des emplois du secteur privé) et leur capacité à conquérir de nouveaux marchés peut stimuler la création d’emplois, accroître les recettes en devises et renforcer la résilience économique.

Dans le cadre de la ZLECAf, l’intégration des TPME aux marchés africains offre une plateforme de croissance durable. Au-delà des seuls produits, cette intégration permet d’accroître la compétitivité régionale, de diversifier les exportations au-delà des matières premières traditionnelles, et de renforcer l’industrialisation. L’inclusion des TPME dans les flux commerciaux intra-africains peut également contribuer à réduire les disparités économiques entre régions et à mieux exploiter les opportunités offertes par le commerce continental.

Enfin, l’accompagnement institutionnel qu’il s’agisse de formation, de facilitation du financement, de soutien à la conformité ou de structuration des réseaux d’exportateurs constitue non seulement une réponse aux défis immédiats, mais aussi un investissement stratégique pour l’avenir économique du Togo. À l’ère de la mondialisation et de la compétition accrue, la transformation des TPME en acteurs exportateurs compétitifs est indispensable pour que l’économie togolaise tire profit des opportunités offertes par les marchés mondiaux et régionaux, tout en consolidant sa base industrielle et commerciale.

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