Révolution dans l’accompagnement des jeunes entrepreneurs au Togo : l’ADTPME absorbe le FAIEJ


Les points clés :

  • La réforme de l’accompagnement entrepreneurial au Togo transfère les missions du FAIEJ à l’ADTPME, marquant une restructuration majeure du soutien public aux jeunes entrepreneurs.

  • Depuis sa création en 2012, le FAIEJ a financé plus de 6 900 projets et contribué à la création de plus de 26 000 emplois durables, pour un total de crédits alloués dépassant 8,6 milliards de FCFA.

  • Ce regroupement s’inscrit dans une logique de rationalisation, rationalisation des ressources et de renforcement de l’écosystème entrepreneurial togolais, visant à stimuler l’innovation, l’emploi et la compétitivité.


Dans une démarche stratégique qui remet profondément en question le paysage de l’entrepreneuriat au Togo, le gouvernement a acté, le 24 décembre 2025, l’adoption en conseil des ministres d’un projet de loi transférant les missions du Fonds d’Appui aux Initiatives Économiques des Jeunes (FAIEJ) à l’Agence de développement des très petites, petites et moyennes entreprises (ADTPME). Cette réforme, qui doit maintenant être entérinée par le Parlement, vise à rationaliser l’architecture institutionnelle et à renforcer l’efficience des dispositifs publics d’accompagnement à l’entrepreneuriat des jeunes.

Depuis son opérationnalisation en 2012, le FAIEJ s’est imposé comme un pilier de l’insertion socio-professionnelle des jeunes Togolais, fournissant à la fois des appuis techniques et financiers (prêts, garanties, formations) à des projets entrepreneuriaux portés par des jeunes sur l’ensemble du territoire. Sur plus d’une décennie, le fonds a contribué à la création durable de plus de 26 000 emplois et a octroyé des crédits cumulés dépassant 8,6 milliards de francs CFA, avec plus de 6 900 projets financés au 31 décembre 2024. Ces chiffres témoignent d’un impact significatif sur l’écosystème entrepreneurial et la promotion de l’auto-emploi chez les jeunes.

Du FAIEJ à l’ADTPME : une fusion pour plus d’impact structurel

L’ambition derrière cette réforme est double. D’une part, il s’agit d’éviter les doubles emplois institutionnels, de réduire les chevauchements et de limiter le gaspillage des ressources financières, matérielles et humaines. D’autre part, cette fusion répond à la volonté du gouvernement de concentrer les interventions publiques sur les dispositifs jugés les plus efficaces pour accompagner les jeunes entrepreneurs, dans un contexte où la compétitivité économique et l’innovation deviennent des leviers concurrentiels essentiels.

L’ADTPME, créée en 2022, se positionne aujourd’hui comme le guichet unique pour l’accompagnement des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), offrant une plate-forme plus structurée et professionnelle pour soutenir les primo-entrepreneurs et les PME, notamment à travers des services d’appui technique, financier et de mentorat. Le transfert du personnel, des biens et des activités du FAIEJ à l’ADTPME illustre une vision de consolidation institutionnelle, dans l’optique de renforcer la cohérence des politiques publiques en matière d’entrepreneuriat.

Cette intégration doit aussi permettre de favoriser une meilleure articulation entre les entreprises, les institutions publiques, les universités et les incubateurs, créant ainsi des réseaux de soutien plus structurés pour les jeunes porteurs de projets innovants dans des secteurs clés, tels que l’énergie, la santé ou l’agriculture.

FAIEJ : un historique d’impact concret sur l’emploi et l’insertion

Avant d’être fusionné, le FAIEJ a été un acteur déterminant dans la promotion de l’entrepreneuriat jeunesse. Selon les données officielles, entre 2012 et fin mars 2024, le fonds avait financé plus de 6 000 projets individuels et collectifs, mobilisé près de 8,63 milliards FCFA pour des crédits destinés aux jeunes entrepreneurs, et contribué à la création durable de plus de 26 300 emplois. Au-delà de l’appui financier, le dispositif a également joué un rôle majeur dans la formation à l’entrepreneuriat, sensibilisant près de 140 000 jeunes et formant plus de 35 000 jeunes aux compétences entrepreneuriales.

Des sources supplémentaires soulignent qu’au 31 décembre 2024, 6 929 projets avaient été financés, avec près de 27 284 emplois durables créés et environ 9,6 milliards FCFA octroyés en crédits, confirmant la portée du dispositif sur la décennie passée.

Ces performances démontrent la capacité du FAIEJ à jouer un rôle pivot dans l’écosystème entrepreneurial du Togo, en aidant des jeunes à structurer leurs idées en projets viables, à accéder à des financements et à créer des emplois dans des secteurs essentiels tels que l’agriculture, le secteur informel, les technologies de l’information ou encore les services innovants.

Vers un accompagnement intégré et plus efficient

En intégrant les missions du FAIEJ au sein de l’ADTPME, le Togo opère une refonte profonde de son approche de soutien public au secteur entrepreneurial, passant d’un dispositif spécialisé en soutien à la jeunesse à une plate-forme plus intégrée et plus large accompagnant l’ensemble des TPME, quels que soient le profil et l’âge des porteurs de projets.

Cette transformation institutionnelle s’aligne avec les tendances observées dans plusieurs pays africains, où des cadres unifiés d’accompagnement des startups et des PME sont privilégiés pour améliorer l’efficacité, réduire les coûts administratifs et renforcer l’attraction d’investissements privés et publics. Le renforcement de l’écosystème entrepreneurial est en effet de plus en plus considéré comme un vecteur essentiel de création de richesse, de diversification économique et de résilience face aux chocs externes. Dans des économies où le secteur formel reste limité, le soutien aux PME est une condition sine qua non pour stimuler l’innovation et la productivité.

Pourquoi est-ce important ?

La réforme du système d’accompagnement entrepreneurial togolais est significative non seulement pour le Togo, mais aussi pour l’Afrique de l’Ouest, où la question de l’emploi des jeunes est au cœur des défis socio-économiques. En fusionnant le FAIEJ avec l’ADTPME, le gouvernement vise à créer un dispositif plus robuste, efficient et durable, capable de répondre aux aspirations des jeunes entrepreneurs tout en structurant un environnement propice à l’émergence d’entreprises compétitives à l’échelle régionale.

Pour l’économie togolaise, l’enjeu est considérable. Une institution consolidée et renforcée peut contribuer à augmenter les taux d’emploi, attirer des investissements privés, stimuler l’innovation locale et renforcer la résilience économique face aux incertitudes globales. Dans une région où le taux de chômage des jeunes demeure élevé, des dispositifs efficaces d’accompagnement entrepreneurial sont essentiels pour canaliser le dynamisme démographique vers des opportunités économiques réelles.

À l’échelle ouest-africaine, cette réforme s’inscrit dans une logique de convergence avec les efforts de la CEDEAO et des partenaires internationaux pour promouvoir l’entrepreneuriat, l’intégration des jeunes dans les chaînes de valeur économiques et la création d’emplois décents. Elle peut inspirer d’autres États à réviser leurs cadres institutionnels afin d’optimiser l’impact des fonds publics et de renforcer la compétitivité des PME sur le marché régional et mondial.

En définitive, la fusion du FAIEJ avec l’ADTPME représente une opportunité stratégique pour catalyser l’entrepreneuriat jeunesse, promouvoir l’innovation, structurer l’écosystème des TPME et soutenir la transformation économique durable du Togo et de la sous-région ouest-africaine.

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