Protection des données à caractère personnel au Togo : l’IPDCP mobilise les médias vers un journalisme conscient de l’ère numérique


Les points clés :

  • L’IPDCP a lancé, le 4 décembre 2025 à Tsévié, la première session d’un vaste programme de sensibilisation des médias du Grand Lomé à la protection des données personnelles.

  • Près de cinquante organes de presse étaient présents, public et privé, pour s’approprier le cadre juridique national et les bonnes pratiques en matière de respect de la vie privée.

  • Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large de transformation numérique, portée par le Togo, afin de bâtir un espace médiatique et numérique responsable, protecteur des droits des citoyens.


En organisant cette formation à l’attention des professionnels des médias, l’IPDCP entend faire des journalistes des acteurs clés dans la construction d’une culture de la protection des données personnelles. À Tsévié, environ 50 organes de presse du Grand Lomé, radios, télévisions, presse écrite et en ligne, ont répondu présents. L’objectif : leur donner une compréhension solide du cadre légal togolais (loi n° 2019-014 et décret d’organisation de l’IPDCP) et des bonnes pratiques en matière de collecte, traitement, diffusion ou stockage des données personnelles.

Le président de l’IPDCP, le lieutenant-colonel Bédiani Belei, y a rappelé que chaque image, chaque reportage, chaque donnée, qu’il s’agisse d’un nom, d’un numéro, d’une localisation, d’un fichier administratif ou d’un témoignage, doit être manipulée avec rigueur, éthique et respect de la vie privée. Il a défini trois responsabilités fondamentales pour les médias : éduquer le public aux risques numériques, enquêter sur les violations éventuelles, et adopter eux-mêmes des pratiques irréprochables en matière de vie privée.

Cet atelier marque le point de départ d’une campagne nationale. L’IPDCP a annoncé que d’autres phases sont prévues pour couvrir l’ensemble du territoire togolais, afin d’impliquer les médias locaux des régions et garantir une diffusion large des bonnes pratiques.

Un cadre légal désormais effectif

Le Togo s’est doté, depuis 2019, d’une loi dédiée à la protection des données à caractère personnel (loi n° 2019-014) et, en 2020, du décret fixant l’organisation et le fonctionnement de l’IPDCP, autorité administrative indépendante.

L’activation opérationnelle de l’IPDCP depuis 2025 concrétise la volonté de l’État togolais de sécuriser l’économie numérique et de garantir aux citoyens le contrôle de leurs informations personnelles, un impératif dans un contexte de croissance accélérée des usages digitaux, des plateformes en ligne et des médias numériques.

En parallèle, l’institution a entamé des actions de sensibilisation plus larges, non seulement auprès des médias mais aussi des administrations, collectivités territoriales, et acteurs publics, illustrant sa vocation à bâtir un écosystème de gouvernance des données harmonisé et respectueux des droits.

Un rôle stratégique des médias dans la souveraineté numérique

Le rôle accordé aux médias dans cette démarche n’est pas anodin. Dans un monde où les données sont devenues une ressource, matière première de l’économie numérique, journalistes, rédactions et organes de presse détiennent un pouvoir central : celui d’informer, d’éclairer, d’alerter, mais aussi de protéger. À travers leurs reportages, analyses, enquêtes et contenus en ligne, ils influencent la conscience publique, sensibilisent aux enjeux et participent à l’élaboration d’une culture collective de respect de la vie privée.

Le partenariat exprimé entre l’IPDCP et la HAAC (Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication) renforce cette ambition, en prévoyant un cadre de coopération pour la régulation, la formation continue, la mise à disposition d’outils pédagogiques et de guides de bonnes pratiques.

Pour les rédactions, cela signifie un tournant : accéder à un arsenal légal et technique pour traiter l’information de façon responsable, consentie et transparente. Pour les citoyens, cela renforce le droit à la vie privée, la protection contre les abus numériques, et la confiance dans les médias et les services numériques.

Pourquoi est-ce important ?

Dans un contexte de « digitalisation accélérée », services publics, mobile-money, réseaux sociaux, plateformes numériques, la protection des données personnelles n’est plus un luxe, mais un pilier de la souveraineté numérique et de la confiance citoyenne. Le Togo, en engageant l’IPDCP et en formant les médias, pose les fondations d’un environnement numérique structuré et respectueux des droits fondamentaux.

Pour l’Afrique de l’Ouest, cette initiative est une illustration concrète que la transformation digitale ne se limite pas à l’accès à Internet, aux infrastructures ou à la connectivité, mais implique aussi la gouvernance des données, la régulation, la responsabilisation des acteurs et l’éducation à la citoyenneté numérique.

En associant les médias à cette démarche, le Togo mise sur la transparence, l’éthique et l’engagement citoyen, des éléments essentiels pour bâtir des sociétés modernes où technologie, liberté et protection des individus coexistent harmonieusement.

Cette dynamique pourrait inspirer d’autres pays de la région à suivre la voie togolaise : mettre en place des régulateurs indépendants, former les journalistes, impliquer les acteurs publics et privés, et faire de la protection des données un standard de développement, parce que derrière chaque octet se trouve la dignité d’un être humain, et derrière chaque donnée, la promesse d’une innovation responsable.

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