Pétrole : le Nigeria creuse l'écart avec 1,8 millions b/j en juillet
Une première depuis novembre 2024 (Crédit image : Les échos)
Les points clés :
Le Nigeria produit en moyenne 1,507 M b/j en juillet 2025, dépassant pour la deuxième fois son quota OPEP (1,5 M b/j).
Selon la NUPRC, la production a même atteint un pic de 1,8 M b/j, avec une moyenne de 1,78 M b/j grâce à une sécurité renforcée dans le Delta du Niger.
La production de gaz augmente également : 7,581 GPI/j en juin 2025, contre 7,352 GPI/j en mai.
La confirmation des données par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), issue de communications directes avec les autorités nigérianes, signale un niveau de production de 1,507 M b/j en juillet 2025, légèrement supérieur aux 1,505 millions b/j de juin, pour la deuxième fois consécutive, le Nigeria dépasse ainsi son quota fixé.
Ce résultat souligne la position dominante du Nigeria parmi les producteurs africains, bien devant l’Algérie (937 000 b/j). D’après le rapport OPEP, la production globale des pays de l'OPEP+ a augmenté de 335 000 b/j en juillet, par rapport à juin, dont près de la moitié imputable à l’Arabie Saoudite.
Mais c’est l’annonce de la NUPRC qui attire l’attention : le Nigeria aurait franchi un pic de 1,8 M b/j en juillet, avec une moyenne de 1,78 M b/j, une première depuis novembre 2024, grâce à un renforcement sécuritaire efficace dans les zones stratégiques du Delta.
Cette progression s’inscrit dans le cadre de l’initiative « Project 1 MMBOPD Incremental », qui vise à accroître la production de un million de barils par jour (b/j) pour atteindre 3 M b/j d'ici 2027, via une sécurité active et une optimisation industrielle.
À l’appui de cette montée en puissance, les données de la NNPC montrent une hausse de la production de gaz à 7,581 GPI/j en juin, contre 7,352 GPI/j en mai, même si les ventes de brut et condensats ont chuté de 24,77 M barils en mai à 21,68 M en juin.
Cette performance intervient après une campagne de lutte accrue contre le vol et le sabotage, baptisée Operation Delta Sanity, lancée fin 2024. Cette opération, associant drones et hélicoptères, a permis de relever la production de 1,4 M à 1,8 M b/j, plaçant le pays sur la voie du défi : atteindre 3 M b/j d'ici 2025-2027.
Pourquoi est-ce important ?
La consolidation de la place du Nigeria en Afrique repose sur ce bond spectaculaire, correspondant à une relance stratégique du secteur pétrolier. Pour le pays qui tire près de 66 % de son budget et plus de 80 % de ses devises de ce secteur, ces gains offrent un soulagement face aux déficits chroniques et renforcent la stabilité macroéconomique.
Sur le plan régional, cette dynamique crée des dynamiques concurrentielles. L’Algérie, l’Angola et la Libye devront intensifier leurs initiatives pour ne pas perdre leurs parts de marché. Plus largement, la remontée nigériane marque un tournant : la production africaine se rééquilibre vers des acteurs sûrs, ce qui peut favoriser des partenariats à l’échelle ouest-africaine autour de la sécurisation des infrastructures, du renforcement des capacités logistiques, et de la valorisation locale.
En parallèle, l'essor du gaz domestique engendre des perspectives énergétiques pour l’industrie et la production électrique, diversifiant la matrice énergétique du Nigeria et celle de ses voisins.
Enfin, l'efficacité des mesures contre le vol et le sabotage démontre que des améliorations structurelles, coordination sécuritaire, modernisation des infrastructures, déploiement de régulations comme le "Maximum Efficient Rate (MER)", peuvent rapprocher les objectifs de production ambitieux de la réalité terrain.
Face au défi climatique, ce regain de production constitue aussi un dilemme : jusqu’où concilier ces objectifs de souveraineté économique avec les engagements de la transition énergétique ? L'Afrique de l'Ouest pourrait alors devenir un terrain d'expérimentation d'un modèle énergétique équilibré, alliant production locale, valeur ajoutée et diversification progressive.