Energie : le Togo se positionne sur le projet Salkadamna
Une phase pilote est en cours de développement (Crédit image : Présidence du Conseil Togo)
Les points clés :
Le Niger invite officiellement le Togo à participer au projet régional du complexe charbonnier de Salkadamna, déjà soutenu par le Burkina Faso et le Mali.
Le projet vise à exploiter environ 69 millions de tonnes de charbon pour alimenter une centrale thermique modulable jusqu'à 5 200 MW, intégrer une mine à ciel ouvert, des lignes de transmission et une usine de briquettes.
Une phase pilote de 600 MW est en cours, développée via un PPP entre un consortium nigérien (WANDA GROUP), une firme chinoise et une indienne, avec études de faisabilité déjà engagées.
Depuis le 13 août 2025, le Niger, à travers sa ministre de l’Énergie, Amadou Haoua, a tendu une main fraternelle au Togo : rejoindre le vaste et ambitieux projet énergétique de Salkadamna. Ce complexe charbonnier, implanté dans la région de Tahoua, après des phases initiales datant des années 1980 puis relancé en 2014, représente une initiative pivot dans la région du Sahel.
Ce projet, présenté comme un pilier de l’autonomie énergétique ouest-africaine, inclut une exploitation à ciel ouvert d’environ 69 millions de tonnes de charbon, une centrale thermique à la capacité modulable jusqu’à 5 200 MW, des infrastructures de transport électrique régionale ainsi qu’une usine capable de produire 100 000 tonnes de briquettes par an.
Une phase pilote est en cours de développement, portant sur environ 600 MW, montée dans le cadre d’un partenariat public-privé entre la Compagnie Minière et Energétique du Niger (CMEN), WANDA GROUP, et des partenaires chinois et indiens. Une étude de faisabilité a été lancée fin 2024, reflet d’un engagement sérieux et structuré vers l’avenir.
Le Togo, aux côtés du Burkina Faso et du Mali, est convié dans ce projet qualifié d’à la fois « intégré » (couvrant l’ensemble de la chaîne charbon-énergie) et « intégrateur » (unissant plusieurs pays autour d’un objectif commun). Pour Lomé, l’intérêt est double : accroitre son accès universel à l’électricité d’ici 2030 tout en réduisant la vulnérabilité liée aux coûts et importations de pétrole et gasoil.
Pourquoi est-ce important ?
L’invitation du Niger à des pays voisins tels que le Togo ou le Burkina traduit une vision énergétique intégrée, où l’exploitation des ressources se conjugue à la solidarité régionale. Salkadamna s’impose comme une alternative aux dépendances énergétiques persistantes, notamment dans une région dont plusieurs pays importent actuellement la quasi-totalité de leur électricité ou carburant.
Pour le Togo, l'adhésion à ce projet offrirait une diversification réelle de son mix énergétique, un coût potentiel plus stable à long terme, et l’opportunité de participer à un corridor d’exportation d’électricité vers les zones encore électrifiées par des méthodes traditionnelles. Cela correspond directement à l'objectif national d’électricité universelle d’ici 2030.
Sur la scène ouest-africaine, cette initiative signe une montée en puissance de coopérations structurantes plutôt que ponctuelles. Elle mobilise des financements internationaux (publics et privés), crée des synergies entre pays, et donne corps à une énergie régionale, compétitive et souveraine.
Il est néanmoins crucial d’évaluer l’empreinte environnementale d’un tel projet, à l’heure où le monde s’oriente vers des solutions à faibles émissions de carbone. La balance entre besoins énergétiques immédiats et durabilité devra être finement dosée.
En somme, l’alignement sur Salkadamna symbolise un tournant : pour l’Afrique de l’Ouest, il s’agit moins d’un simple projet énergétique que d’un marqueur fort de la volonté collective de bâtir une infrastructure régionale résiliente, visionnaire et intégrative.