Nigeria : refinancement de 2,61 milliards $ de dettes énergétiques et réforme structurelle du secteur électrique
Ces réformes visent à insuffler une nouvelle vie au tissu énergétique national (Crédit image : Jeune Afrique)
Les points clés :
Le gouvernement nigérian a validé le refinancement de 4 000 milliards de nairas (≈ 2,61 milliards $) de dettes auprès de 27 producteurs d’électricité, avec mise en œuvre prévue sous 3 à 4 semaines.
Cette opération s’accompagne d’une réduction de 35 % des subventions électriques et d’une hausse des tarifs urbains, estimée épargner chaque année au fédéral 1 100 milliards nairas (≈ 718 millions $).
Le plan s’inscrit dans une stratégie plus vaste visant à attirer 15 milliards $ d’investissements privés, combler un besoin de financement de 23 milliards $, et porter la part des renouvelables de 22 % à 50 % d’ici 2027.
Depuis le 13 août 2025, le gouvernement fédéral du Nigeria, sous la présidence de Bola Tinubu, a lancé un coup d’accélérateur décisif pour assainir le secteur électrique. Un plan officiel de refinancement de 4 000 milliards de nairas (soit 2,61 milliards USD) de dettes dues aux producteurs privés entre 2015 et 2023 a été approuvé. Cette dette inhibait les investissements et alimentait les pannes chroniques dans un secteur où un tiers seulement des 12 500 MW installés est réellement disponible.
Sous la supervision du Bureau de gestion de la dette, ce refinancement sera exécuté en 3 à 4 semaines via l’émission de bons et autres instruments financiers, apportant un répit budgétaire immédiat tout en étalant les obligations de remboursement.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique de réforme économique plus large : fin progressive des subventions énergétiques, notamment une réduction de 35 %, et alignement des tarifs urbains sur les coûts réels. Ces mesures devraient générer une économie de 1 100 milliards nairas, soit près de 719 millions USD par an. Ces actions s’alignent sur la dynamique macroéconomique de Tinubu, qui vise à relancer la croissance nationale et cibler un taux de croissance annuel de 7 % d’ici 2027.
Ces réformes visent à insuffler une nouvelle vie au tissu énergétique national en rétablissant la confiance des investisseurs, en libérant l’accès au capital privé (objectif de 15 milliards USD) et en réduisant le déficit structurel estimé à 23 milliards USD. Un autre objectif majeur est de porter la part des énergies renouvelables de 22 % actuellement à 50 % d’ici 2027, renforcée par des initiatives telles que le déploiement de mini-réseaux solaires destinés à 1,5 à 2 millions de personnes, soutenu par la Banque mondiale et la BAD.
Pourquoi est-ce important ?
L’annonce de ce refinancement représente un moment crucial pour un Nigeria aux prises avec une crise énergétique multifactorielle. D’une part, il libère les producteurs d’électricité d’arriérés colossaux, rétablissant un climat propice aux investissements dans la régénération d’infrastructures vétustes. D’autre part, la rationalisation des subventions offre un espace budgétaire plus sain, tout en lançant le secteur dans une trajectoire de viabilité.
La stratégie de diversité énergétique, rapprocher la part du renouvelable à 50 % d’ici 2027, est particulièrement porteuse. Elle permet non seulement de stabiliser l'approvisionnement et réduire la dépendance au gaz et aux importations, mais ouvre aussi un potentiel de millions d'emplois dans le solaire, l’éolien et les mini-réseaux décentralisés.
À l’échelle ouest-africaine, la réussite de ces mesures serait un signal fort : le Nigeria est une locomotive régionale. Une stabilisation de son secteur électrique renforcera l’intégration économique, les échanges commerciaux, et la compétitivité continentale. En parallèle, elle servira de modèle pour d'autres pays confrontés à des défis similaires.
Enfin, dans un contexte où le prix du pétrole reste incertain et où la transition énergétique est inévitable, ces réformes fondées sur un mix financier innovant, une vision claire et des engagements publics marqués valent bien plus qu’un simple plan de remboursement : elles tracent la voie d’un renouveau énergétique durable pour toute l’Afrique de l’Ouest.