Le Bénin exporte 6 fois plus vers l’Asie qu’en Europe : agriculture au cœur de la stratégie

Les points clés :

  • Les exportations béninoises ont atteint 674,7 milliards FCFA (1,2 milliard $) en 2024, portées par les résidus agroalimentaires et les graines oléagineuses.

  • L’Asie est la première destination, captant 68,2 % des ventes contre 10,8 % pour l’Europe et 15,1 % pour l’Afrique.

  • Entre 2016 et 2024, les exportations ont bondi de 178,5 %, reflétant une montée en puissance économique orchestrée vers l’Est.


En 2024, le Bénin a enregistré un volume d’exportations de 674,7 milliards FCFA, soit environ 1,2 milliard $, marquant une progression de 5,5 % par rapport à l’année précédente. Ce chiffre, révélé par Sika Finance en s’appuyant sur les statistiques de l’INStaD, souligne la prégnance de l’agro-exportation dans la dynamique économique nationale.

Au cœur de cette croissance, deux catégories dominent : les résidus et déchets de l’industrie alimentaire, destinés principalement à l’alimentation animale (+4,3 points), et les graines et fruits oléagineux, filière clé du pays (+3,9 points). Ces produits témoignent non seulement de la performance agricole du pays, mais aussi de la vulnérabilité structurelle de ses recettes à la volatilité des marchés et aléas climatiques.

Cette tendance s’inscrit dans une trajectoire à long terme. Entre 2016 et 2024, les exportations béninoises ont crû de 178,5 %, révélant un repositionnement progressif du pays sur l’échiquier commercial mondial.

Asie : le pôle incontournable

L’Asie s’impose comme le principal débouché pour les marchandises béninoises, captant 68,2 % des exportations en 2024. En comparaison, l’Afrique suit avec 15,1 %, et seuls 10,8 % des envois croisent la Méditerranée pour toucher le marché européen.

Dans le détail, le Bangladesh absorbe une part considérable des produits béninois, à hauteur de 43,2 %, en grande partie grâce à l’achat massif de coton. Arrivent ensuite l’Inde (7,8 %) et le Pakistan (6,8 %), soulignant un lien privilégié avec le sud asiatique, notamment dans le textile.

Sur le plan régional, les exportations vers la CEDEAO représentent 9,3 %, dont 6,1 % pour l’UEMOA. Des marchés comme le Burkina Faso, la Guinée-Bissau et le Mali enregistrent toutefois une progression intéressante, faisant de l’intégration régionale une voie de diversification prometteuse.

Vers une diversification plus résiliente

Dans une perspective stratégique, les analystes insistent sur la nécessité d’élargir l’éventail des produits exportés, encore largement concentrés sur les oléagineux et les dérivés agroalimentaires. À terme, la transformation locale doit devenir un vecteur de valeur ajoutée.

De même, diversifier les débouchés géographiques est crucial pour renforcer la résilience face aux chocs externes. La montée du marché asiatique est un atout, mais l’Europe et surtout l’Afrique subsaharienne restent des leviers à exploiter, via notamment les corridors logistiques régionaux.

Pourquoi est-ce important ?

Cette orientation vers l’Asie, centrée sur l’agriculture, offre au Bénin une croissance rapide, mais également une vulnérabilité face aux fluctuations climatiques et aux tendances des marchés extérieurs. Le modèle actuel expose le pays à un risque de dépendance géographique et sectorielle.

Un rééquilibrage commercial favoriserait l’intégration régionale et renforcerait la stabilité économique. En capitalisant sur la demande africaine, notamment au sein de la CEDEAO et de l’UEMOA, le Bénin pourrait développer des chaînes de valeur régionales plus solides.

Par ailleurs, l’essor de zones industrielles comme Glo-Djigbé et les politiques visant à passer du raw to finished (comme le “farm to fashion”) offrent une opportunité pour transformer la matière première localement, créer des emplois et stimuler l’économie intérieure.

En somme, renforcer les capacités industrielles et diversifier les marchés sont des imperatifs pour que le Bénin devienne moins vulnérable et plus prospère, tout en contribuant à l’intégration économique ouest-africaine.

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