TICAD 9 : Le Japon engage 5,5 milliards $ avec la BAD pour transformer l’Afrique
Un virage stratégique
Les points clés :
Le Japon et la Banque africaine de développement (BAD) lancent un cadre de financement de 5,5 milliards $ sur trois ans, piloté par une version renforcée de l’EPSA.
Le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a mis l’accent sur la co-création locale, la croissance privée, l’autonomisation des femmes et jeunes, et l’intégration régionale.
Parmi les initiatives phares : création d’une zone économique Indo-Océan–Afrique, formation de 30 000 experts en IA, investissement dans les soins de santé et l’éducation.
La 9ᵉ Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 9), déroulée à Yokohama, a placé la transformation inclusive des infrastructures africaines au cœur de ses débats. La BAD et le Japon ont annoncé un ambitieux cadre de financement de 5,5 milliards de dollars, porté via le dispositif Enhanced Private Sector Assistance (EPSA), visant à catalyser l’investissement privé pour soutenir les secteurs clés du continent.
Le Premier ministre Shigeru Ishiba a insisté sur l’approche de co-création locale, prônant un développement enraciné dans les réalités africaines, autour de trois axes majeurs : une croissance tirée par le secteur privé, l’émancipation des jeunes et des femmes, et une meilleure intégration régionale et connectivité.
Lors de son discours d’ouverture, Ishiba a dévoilé plusieurs initiatives phares : la promotion d’une zone économique reliant l’Afrique à l’Océan Indien, la formation de 30 000 spécialistes en intelligence artificielle, un plan d’investissement de 550 millions $ pour renforcer l’accès aux vaccins, la création d’un hub de couverture santé universelle et la transformation industrielle à travers la démarche Japan-Africa Co-Creation for Industry.
La BAD joue un rôle crucial en organisant des événements parallèles centrés sur l’hydrogène vert, la mobilité, l’éducation, la santé ou l’agriculture, mobilisant les instruments financiers de JICA, JBIC et NEXI en parfaite synergie avec les « High-5 » de la BAD : énergie, intégration régionale, agro-industrie, humidité, et emploi.
Pourquoi est-ce important ?
La promesse de 5,5 milliards $ marque une rupture significative dans le financement africain. Elle opère un virage stratégique, passant de l’aide traditionnelle à des investissements structurants adaptés localement, misant sur le secteur privé africain.
Cet engagement illustre également l’ambition de Tokyo de proposer une alternative durable et responsable à l’influence croissante de la Chine, en misant sur des projets moins massifs mais mieux intégrés sur le continent.
La portée des initiatives annonce une transformation profonde : de la création d’une zone Indo-Océanique solidifiant les interconnexions économiques, à la formation d’experts en IA qui prépare l’Afrique à l’économie numérique, en passant par le soutien à la santé, l’éducation et l’autonomisation féminine. Cela intègre les femmes et les jeunes dans la croissance, moteur de changement durable.
Enfin, ce cadre financier agit comme un catalyseur pour renforcer l’intégration régionale africaine à travers l’AfCFTA, tout en favorisant une gouvernance économique renouvelée. Cette coopération rehausse aussi la voix du continent dans les forums internationaux, comme le soulignait António Guterres lors du TICAD.