CONWOBAA : quand les femmes d’affaires africaines réinventent le commerce continental
CONWOBAA, loin d’être un simple forum, ouvre la voie à une révolution silencieuse (Crédit image : Design By Freepik)
Les points clés :
CONWOBAA rassemble 102 associations de femmes entrepreneures à l’échelle de l’Afrique, couvrant même l'océan Indien.
Supportée par l’ITC et la Commission de l’Union africaine, elle s’inscrit dans les initiatives SheTrades et One Trade Africa pour favoriser l'accès réel aux marchés.
Son leadership panafricain s’articule autour d’une Présidente sud-africaine, d’une vice-Présidente malgache, d’une trésorière kényane et d’une secrétaire ghanéenne.
Le 29 juillet 2025, au cœur de Johannesburg, s’est tenue une étape cruciale pour le commerce africain : la création de CONWOBAA, le Réseau continental des associations de femmes d’affaires en Afrique, initié par le Centre du commerce international (ITC) en partenariat avec la Commission de l’Union africaine. Annoncée lors de la première réunion ministérielle mondiale sur les PME, l’association fédère 102 associations de femmes entrepreneures issues de six régions africaines, dont l'Afrique de l'Ouest, du Nord, de l'Est, du Centre, du Sud et l’océan Indien.
Convaincue que l’intégration commerciale ne se fera que si les réseaux de femmes d’affaires accèdent effectivement aux marchés, l’ITC a lié ce projet aux programmes SheTrades et One Trade Africa, sous l’ombrelle du Pavillon Women in Business (AWIP). Dorothy Tembo, directrice exécutive adjointe de l’ITC, l’a placée comme levier de marché concret pour les entreprises dirigées par des femmes.
Le leadership inaugural du réseau incarne sa vocation pan-africaine. Dirigée par Dimakatso Malwela (Women of Value South Africa), secondée par Fanja Razakaboana (GFEM, Madagascar), le rôle de trésorière revient à Laura Akunga Mwenje (AWEP Kenya), et celui de secrétaire à Mabel Ibidun Quarshie (Acquatic Foods Ghana). Le conseil s’étend à des représentantes pionnières dans chaque sous-région : Comores, Malawi, Égypte, Tunisie, Nigeria, Sénégal, RDC, Cameroun et Éthiopie.
Dans son discours, Dimakatso Malwela a pointé les entraves majeures à l’entrepreneuriat féminin : l’accès aux financements, les comportements discriminatoires, les déséquilibres vie professionnelle–vie privée, et l’absence de réseaux efficaces. Pour Dorothy Tembo, cette structure est un instrument d’autonomisation économique : en rapprochant les femmes des marchés régionaux, elle consolide les chaînes de valeur régionales, valorise la ZLECAf et embrasse la vision d'une économie inclusive portée par des femmes.
Pourquoi est-ce important ?
Le lancement de CONWOBAA constitue un tournant stratégique pour l'intégration africaine par le commerce, mais aussi pour l’égalité économique. L’impulsion donnée à l’entrepreneuriat féminin s’articule à quatre niveaux majeurs.
D’abord, économique : en facilitant l’accès au marché, le réseau favorise l’émergence de PME dynamiques, capables de renforcer les chaînes de valeur intra‑africaines (agro-industrie, technologies, services), souvent verrouillées par des zones géographiques ou des capitaux limités.
Ensuite, démocratique : ce réseau allie représentativité et légitimité, en associant des femmes entrepreneures cheffes de file issues de divers contextes, ce qui rehausse la participation féminine dans la gouvernance économique continentale.
Troisièmement, géopolitique : dans une Afrique encore dispersée, promouvoir un leadership féminin transfrontalier crée une force collective susceptible de peser sur les politiques d’intégration, les réformes commerciales et la régulation du marché intérieur.
Enfin, social : en prenant à bras-le-corps les obstacles spécifiques aux femmes entrepreneurs, le réseau devient un catalyseur de transformation : inclusion, cohésion sociale et promotion de modèles entrepreneuriaux durables et partagés.
CONWOBAA, loin d’être un simple forum, ouvre la voie à une révolution silencieuse mais puissante, où les femmes bâtissent un nouveau pilier du commerce africain, endogène, durable et équitable.