Le remaniement se poursuit : Aliko Dangote nomme un ancien de Shell pour redresser et étendre sa méga raffinerie
La raffinerie est déjà confrontée à des enjeux structurels majeurs
Les points clés :
David Bird, ancien dirigeant de Shell et de la raffinerie OQ8 d’Oman, prend les commandes de la division raffinage et pétrochimie du groupe Dangote à partir de juillet 2025.
La raffinerie de Lagos, avec ses 650 000 barils par jour, demeure la plus grande au monde en train unique mais traverse des difficultés opérationnelles liées à des défauts de conception et des perturbations.
La feuille de route sous Bird : optimiser la production, diversifier les approvisionnements, augmenter à 700 000 barils/jour, déployer la distribution continentale et préparer une cote boursière duale.
Avec l’arrivée de David Bird aux commandes de la raffinerie et de la division pétrochimique du Dangote Group, une nouvelle ère s’ouvre pour ce qui est déjà la plus imposante installation de raffinage en Afrique. Diplômé d’Imperial College et ex-exécutif Shell, où il a supervisé le projet Prelude FLNG de 12 milliards de dollars, ainsi que la raffinerie OQ8 à Oman, Bird prend son poste en juillet 2025 au moment où la structure industrielle peine encore à atteindre sa pleine maturité.
Le complexe, entré en service en janvier 2024, vise une capacité de 650 000 barils par jour, mais doit faire face à des dysfonctionnements techniques initiaux et des défaillances d’unité. La réponse d’urgence a été d’élargir la palette de bruts traités, quitte à déstabiliser la chaîne logistique.
Redressement opérationnel : direction efficacité
David Bird incarne la réponse aux défis techniques rencontrés par Dangote. Dès son arrivée, il a mis en avant une stratégie orientée vers l’optimisation des rendements, la flexibilité des matières premières, et la diversification panafricaine. Des initiatives concrètes sont déjà en cours : augmentation du débit à 700 000 b/j d’ici fin 2025, développement d’un réseau logistique avec 4 000 camions au GNC, constructions d’installations portuaires à l’export (notamment en Namibie), et projets de cotations à Lagos et Londres.
Défis macroéconomiques et stratégiques
La raffinerie est déjà confrontée à des enjeux structurels majeurs : restrictions dans l’approvisionnement en brut national malgré les lois en vigueur, procès contre les permis d’importation de carburant, recours en justice envers les régulateurs. Parallèlement, le complexe soulève des polémiques sociales et environnementales quant au déplacement des communautés locales et aux risques sanitaires potentiels.
Pourquoi est-ce important ?
Cette nomination stratégique illustre la volonté de dangoter l’avenir énergétique africain : passer du statut d’importateur à celui de fournisseur régional souverain. Le leadership de Bird envoie un signal fort aux investisseurs : c’est un marché en maturation, avec des infrastructures conçues pour durer mais prêtes à être optimisées au plus haut niveau international.
Pour le Nigeria, c’est la promesse d’une autonomie énergétique réelle, d’importations historiquement estimées à 17 milliards de dollars par an. À l’échelle ouest-africaine, le défi est de transformer ce levier industriel en un hub continental : énergie, logistique, exportation, le tout articulé autour d’un leadership crédible et d’une gestion professionnelle assumée.
Dans une Afrique en quête de transitions énergétiques significatives, un tel projet, s’il est maîtrisé sur les plans technique, social et financier, peut catalyser un effet domino : l’accélération des investissements, la création de chaînes de valeur liées au raffinage, et la consolidation d’un marché intégré de l’énergie. Les décisions de Bird et de Dangote définiront en grande partie l’ambition future du continent.