Climat : 100 milliards $ pour l’industrialisation verte en Afrique, l’ambition se concrétise à Addis-Abeba
Les points clés :
45 chefs d’État africains réunis à Addis-Abeba appellent à transformer le continent en leader de la transition verte, pas en victime du changement climatique.
Un accord majeur vise à mobiliser 100 milliards de dollars via la BAD, Afreximbank et d’autres pour financer l’industrialisation verte en Afrique.
Une initiative panafricaine lancée par l’Éthiopie ambitionne de produire 1 000 solutions innovantes climatiques d’ici 2030.
Sous le thème « Accélérer les solutions climatiques mondiales : financer le développement résilient et vert de l’Afrique », le Deuxième Sommet africain sur le climat, tenu début septembre 2025 à Addis-Abeba, a marqué un tournant stratégique pour le continent. À travers la voix de ses dirigeants, l’Afrique s’est affirmée comme une force proactive du changement climatique, loin du rôle de simple spectatrice.
Le président kényan William Ruto, hôte de la précédente édition, a fortement dénoncé la rupture de la « climate blood pact », ces engagements non tenus par les pays occidentaux, notamment vis-à-vis du financement de l’adaptation climatique.
Une mobilisation financière inédite
Temps fort du sommet, la signature d’un accord pour aiguiller 100 milliards de dollars vers une industrialisation verte africaine représente un jalon d’ambition rarement atteint. Ces fonds seront centralisés par la Banque africaine de développement, Afreximbank, Ecobank Transnational et KCB Group, destinés à appuyer les infrastructures renouvelables, l’efficacité énergétique et des projets low-carbon.
Simultanément, le Premier ministre Abiy Ahmed a dévoilé une initiative continentale d’innovation climatique, engageant universités, centres de recherche, start-ups et communautés rurales afin de développer 1 000 réponses technologiques et sociales d’ici 2030.
L’Afrique face aux désengagements de l’aide internationale
Le constat est sans appel : malgré un besoin annuel estimé à plusieurs dizaines de milliards pour financer l’adaptation, l’Afrique ne capte actuellement qu’environ 1 % du total des investissements climatiques mondiaux. Une situation gravement insuffisante face aux défis croissants de sécheresses, inondations et autres crises climatiques.
Ce constat a trouvé un écho percutant dans les propos de William Ruto, qui fustige le retrait des engagements des anciens donateurs, du Royaume-Uni à la France en passant par les États-Unis. Il invite à une solidarité renouvelée avant la COP30 au Brésil et souligne que l’Afrique, continent le moins émetteur, est aussi le plus vulnérable.
Pourquoi est-ce important ?
Ce Sommet africain sur le climat n’est pas une simple déclaration de bonne intention : il incarne une véritable dynamique de rupture stratégique. L’Afrique passe de bénéficiaire de la coopération mondiale à acteur de sa propre transition, avec un plan concret pour industrialiser son économie sur des bases durables.
L’engagement de mobiliser 100 milliards USD prouve une volonté d’agréger efforts publics et privés pour des projets à forte valeur verte. L’initiative des 1 000 solutions climatiques incarne la véritable ambition d’une Afrique innovante, endogène et tournée vers l’avenir.
Dans un contexte où les engagements mutent vers le retrait, ce sommet affirme que la réponse africaine au défi climatique ne sera ni passive ni dépendante. Il faut désormais distinguer entre « aide climatique » et investissement climatique, créateur de croissance, d’emplois locaux et de résilience.
La voix africaine portée à Addis-Abeba accentue aussi la pression avant la COP30, cherchant à imposer une justice climatique réelle, prévisible et équitable. C’est un moment pivot : l’Afrique passe de témoin à leader d’une nouvelle économie verte mondiale.