Café et cacao au Togo : ambitions 2030, défis de compétitivité et perspectives de transformation locale
Les points clés :
La filière café-cacao, qui concerne plus de 40 000 producteurs togolais, connaît une croissance notable mais reste confrontée à de fortes pressions commerciales.
Le gouvernement a lancé un plan de développement de 22 milliards FCFA pour structurer et moderniser la chaîne de valeur d’ici 2030.
Les ambitions reposent sur la professionnalisation, la transformation locale et une meilleure gouvernance pour accroître la compétitivité sur les marchés mondiaux.
La filière café-cacao, bien que de taille modeste, conserve une importance stratégique dans l’économie togolaise. Elle ne représente qu’environ 1,4 % du Produit intérieur brut et 5,5 % de la valeur agricole nationale, mais elle reste vitale pour plus de 40 000 producteurs actifs sur près de 73 000 hectares, principalement dans les Plateaux et la zone centrale. Entre 2013 et 2023, la production de café a presque triplé, passant de 10 950 tonnes à 27 336 tonnes, soit une progression de 28 %. Les exportations ont également progressé, atteignant 3 500 tonnes de café (+9 %) et 9 000 tonnes de cacao (+63 %) sur la campagne 2022-2023.
En octobre 2024, le gouvernement a validé les Plans de développement du café et du cacao (PDCC), avec un financement global de 22 milliards FCFA, dont 11,7 milliards pour le café et 10,3 milliards pour le cacao. Cette stratégie vise à renforcer la professionnalisation des acteurs, améliorer les compétences techniques, faciliter l’accès au financement pour les petits producteurs, mettre en place un système de traçabilité conforme aux nouvelles normes européennes sur la déforestation, et encourager la transformation locale.
Dans ce cadre, plus de 129 000 jeunes plants de caféiers, cacaoyers et agroforestiers ont été distribués aux producteurs en 2025 par le Comité de coordination pour les filières café et cacao (CCFCC) et l’ONG ADE, couvrant huit préfectures et permettant un renouvellement progressif du matériel végétal.
Cependant, la filière continue de subir de nombreux défis. Les revenus des producteurs sont fragilisés par la contrebande et les exportations illégales qui contournent la tarification officielle fixée toutes les deux semaines par le CCFCC. Ce non-respect des normes fausse les prix, affaiblit la gouvernance et accentue les inégalités dans les échanges. Pour contrer ces pratiques, les autorités et le CCFCC ont renforcé le dialogue entre producteurs, acheteurs et syndicats, avec l’appui des collectivités locales.
Le Togo ambitionne d’atteindre 50 000 tonnes de café d’ici 2030, dont 20 000 transformées localement, afin de mieux valoriser la production et générer des emplois en zone rurale. Cette vision place la promotion des coopératives féminines et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs au cœur de la stratégie.
À l’horizon 2030, l’amélioration de la qualité et le développement de la transformation locale, associés à des mécanismes de stabilisation des prix, devraient renforcer la compétitivité du café et du cacao togolais sur les marchés régionaux et internationaux.
Pourquoi c’est important ?
La filière café-cacao au Togo illustre l’enjeu de souveraineté économique et de durabilité agricole auquel font face de nombreux pays africains. Au-delà de son poids dans le PIB, ce secteur touche directement des dizaines de milliers de familles rurales et constitue un levier de diversification économique. Les investissements engagés, s’ils réussissent à combiner modernisation, transformation locale et gouvernance efficace, pourraient transformer le café et le cacao togolais en moteurs de croissance inclusive, tout en positionnant le pays comme un acteur compétitif sur un marché mondial de plus en plus exigeant.