Afrique de l’Ouest : entre résilience climatique et pressions environnementales
Les points clés :
La CEDEAO et ses partenaires ont lancé une stratégie régionale ambitieuse de résilience environnementale dotée d’un financement de 278 milliards d’euros.
Plusieurs projets phares, tels que Regreening Africa, la Grande Muraille Verte et des initiatives locales de reforestation, transforment les écosystèmes et créent des milliers d’emplois verts.
Malgré des avancées notables, la pression sur les forêts, le recours massif à la biomasse et les retards dans la coopération régionale freinent les résultats.
À partir de 2023, les pays d’Afrique de l’Ouest ont posé des jalons concrets pour renforcer la protection de leurs écosystèmes et bâtir une résilience environnementale coordonnée. La Stratégie régionale de résilience 2024-2050 de la CEDEAO, adoptée à Abidjan en novembre 2024, repose sur six piliers allant de la gouvernance environnementale au développement durable, en passant par l’inclusion sociale et la lutte contre le réchauffement climatique. Avec un financement estimé à 278 milliards d’euros, ce cadre inédit bénéficie du soutien de la Banque mondiale, du PNUD, de l’Union européenne et de plusieurs agences bilatérales.
Dans le cadre du programme Regreening Africa, un million d’hectares ont déjà été réhabilités au Sénégal, au Mali, au Niger, au Ghana et au Togo. La Commission européenne y a contribué à hauteur de 15 millions d’euros en décembre 2024, permettant d’améliorer les conditions de vie de 500 000 foyers ruraux grâce à des pratiques agroforestières durables. De même, le projet SAHEL RESILAND a restauré plus de 300 000 hectares au Burkina Faso, au Mali et au Niger, générant près de 3 500 emplois verts rien qu’en 2023 au Burkina Faso.
La Grande Muraille Verte progresse également, avec 30 % de sa zone cible restaurée en 2024, soit 30 millions d’hectares. Mais la forte dépendance à la biomasse persiste : au Mali, 64 % de l’énergie domestique provient encore du bois, fragilisant les efforts de reforestation.
Des initiatives locales renforcent ces dynamiques. Au Sénégal, 1 600 hectares de mangroves ont été régénérés entre 2023 et 2025, améliorant la biodiversité et la protection côtière. Au Togo, une réforme législative adoptée en décembre 2023 modernise le cadre environnemental de 2008, intégrant l’économie circulaire, la mobilité durable et la prise en compte du genre. Au Bénin, des communautés utilisent désormais drones et satellites pour limiter l’invasion de la jacinthe d’eau dans les lacs, transformant cette plante en fibres biodégradables en partenariat avec la NASA et l’USAID.
Malgré ces avancées, les défis restent majeurs. La déforestation continue à un rythme inquiétant, alimentée par la production de charbon de bois, notamment au Tchad et au Niger. La coopération régionale demeure incomplète, certains pays accusant des retards dans la mise en œuvre des dispositifs de suivi. Le lancement annoncé du projet SURAGGWA au Sénégal en juillet 2025, sous l’égide de la FAO, vise à renforcer la résilience climatique via des pratiques agroécologiques, la réhabilitation des sols et la formation des communautés rurales, dans un contexte marqué par la perte de 340 000 hectares de forêts entre 2005 et 2023.
Pourquoi c’est important ?
La transition écologique en Afrique de l’Ouest n’est pas seulement un impératif environnemental mais aussi un levier économique et social. Les projets de restauration des terres et de reforestation créent des milliers d’emplois, sécurisent les moyens de subsistance des communautés rurales et réduisent la vulnérabilité face aux chocs climatiques. Cependant, pour transformer ces initiatives en succès durables, la région devra concilier croissance économique, équité sociale et gestion rigoureuse des ressources, tout en renforçant la coopération régionale et la mobilisation des financements.