Togo : réformes et financements pour renforcer l’autonomisation économique des femmes

Des défis demeurent cependant (Crédit image : Freepik)


Les points clés :

  • Le Togo se hisse en tête des pays francophones africains pour les réformes juridiques en faveur des femmes, avec un score record de 97,5/100 dans le rapport 2024 de la Banque mondiale.

  • Plusieurs programmes nationaux et régionaux renforcent l’inclusion financière, l’éducation et la représentativité des femmes, soutenus par des partenaires internationaux comme la Banque mondiale, la BAD, la GIZ ou le PNUD.

  • Malgré les avancées, des défis persistent, notamment l’inégalité des revenus dans le secteur agricole et l’accès limité aux outils pour les femmes rurales.


Le Togo a récemment été distingué comme pionnier en Afrique francophone pour ses réformes juridiques en faveur des femmes, atteignant un score de 97,5 sur 100 dans l’édition 2024 du rapport « Women, Business and Law » de la Banque mondiale, bien au-dessus de la moyenne régionale de 74,0. Ce résultat illustre les avancées notables du pays dans des domaines cruciaux tels que la mobilité professionnelle, les droits conjugaux, l’entrepreneuriat et l’accès à la propriété.

De 2023 à 2025, le gouvernement a déployé plusieurs initiatives structurantes. Le programme régional SWEDD+, financé à hauteur de 37,5 milliards FCFA par la Banque mondiale, vise à améliorer l’éducation des filles, l’accès aux services de santé et l’autonomie économique directe de plus de 105 000 filles et jeunes femmes. Dans le même temps, le Projet d’Appui à l’Inclusion Financière des Femmes Vulnérables (PAIFFV) a octroyé plus de 15 251 prêts à 13 500 bénéficiaires, dépassant son objectif initial. Avec un taux moyen de rentabilité de 26,5 % et une création de 1,2 emploi par entreprise, ce projet, financé conjointement par la Banque africaine de développement et l’État togolais pour un coût global de 2,08 millions USD, a déjà démontré son impact économique direct.

Parallèlement, le projet national ƉEZƆ (« implique-toi »), doté d’un budget de 3,9 milliards FCFA sur trois ans à partir de 2025, a pour objectif de renforcer les structures légales, de promouvoir la sensibilisation à l’équité de genre et d’accroître la participation des femmes dans les instances de décision. Dans le domaine éducatif, les progrès sont notables : en 2024, le taux net d’inscription des filles à l’école primaire s’élève à 98,5 %, avec une parité quasi parfaite entre filles et garçons (1,01). Le taux d’achèvement atteint 95,7 % au primaire et 59,3 % au collège, tandis que la scolarisation nette au secondaire est de 57,5 %.

Sur le plan économique, le Fonds national de la finance inclusive (FNFI), créé en 2014, a accordé en 2023 plus de 109 milliards FCFA de prêts, dont 65 % aux femmes, renforçant ainsi leur accès au financement et aux opportunités de marché. Selon les données du ministère de l’Action sociale, plus de 933 000 personnes ont bénéficié en 2023 des programmes publics, dont 510 000 femmes et filles, preuve de l’impact tangible des politiques inclusives.

Des défis demeurent cependant, notamment dans les zones rurales. Les femmes, qui représentent plus de 51 % de la main-d’œuvre agricole, ne perçoivent que 10 % des revenus du secteur. Malgré l’appui du PNUD et la mise en place de coopératives agricoles, l’absence d’équipements adaptés continue de limiter leur indépendance économique. Pour y remédier, le gouvernement s’est engagé à réserver au moins 25 % des marchés publics aux femmes entrepreneures et à renforcer leur présence dans les postes de direction, notamment dans les régions défavorisées comme la Savanes ou la Kara.

Sur le plan institutionnel, le Togo a posé les bases d’une structure solide en révisant le Code de la personne et de la famille et en adoptant une Politique nationale d’équité et d’égalité des sexes (PNEEG). Ces réformes s’accompagnent de la nomination de femmes à des postes stratégiques tels que Mme Victoire Tomegah Dogbé, ancienne Première ministre, Mme Yawa Tsègan, ex-présidente de l’Assemblée nationale et actuelle ministre de l’Urbanisme, ou encore Mme Cina Lawson, ministre de l’Économie numérique et de la Transformation digitale.

Ces avancées, portées par une volonté politique affirmée et l’appui de partenaires internationaux, placent l’émancipation des femmes au cœur du projet national de développement et confirment la dynamique de transformation inclusive engagée par le Togo.

Pourquoi c’est important ?

L’autonomisation économique des femmes constitue l’un des leviers les plus puissants de développement pour un pays. En investissant dans l’éducation, l’inclusion financière et l’accès aux instances décisionnelles, le Togo renforce non seulement l’équité sociale mais aussi la compétitivité globale de son économie. La réussite de ces réformes peut servir de modèle en Afrique de l’Ouest, où l’intégration des femmes dans les chaînes de valeur demeure une condition essentielle pour assurer une croissance durable et inclusive.

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