Burkina Faso : le tourisme explose en juillet 2025, 5,7 milliards FCFA de recettes et un regain d’espoir économique
Les points clés :
Le secteur du tourisme/hôtellerie au Burkina Faso a généré 5,7 milliards FCFA de recettes en juillet 2025, accompagné d’une forte hausse des nuitées et des arrivées.
Les nuitées ont progressé de +5,9 % sur un mois, tandis que les arrivées ont légèrement augmenté, témoignant d’une reprise après un long contexte de ralentissement.
L’initiative de “Grande Saison du Tourisme Interne” contribue à dynamiser ce secteur clé, malgré les défis sécuritaires encore présents.
Le Burkina Faso voit le tourisme et l’hôtellerie renouer avec la croissance en juillet 2025. Après une période de ralentissement, notamment en juin, les indicateurs montrent une embellie : les arrivées de visiteurs se sont établies à 52 130, en hausse de 1,1 % par rapport à juin. Les nuitées, autre indicateur crucial pour les hôtels et hébergements, ont augmenté de 5,9 %, atteignant 111 600 nuitées. Enfin, les recettes générées par le secteur ont progressé de 4,4 %, pour culminer à 5,7 milliards FCFA. Ces chiffres confirment que le secteur retrouve une vitalité.
La comparaison annuelle renforce cette dynamique : les arrivées sont en hausse de 2,6 %, les nuitées de 5,2 %, et les recettes de 6,7 % par rapport à juillet 2024. Ces hausses montrent non seulement une reprise, mais une consolidation de la tendance positive.
Cette progression intervient dans le contexte de la “Grande Saison du Tourisme Interne”, lancée par le ministère en charge du tourisme, qui vise à stimuler le tourisme domestique, particulièrement pertinent dans un pays marqué par l’insécurité dans certaines régions. Cette saison coïncide avec les vacances scolaires et mobilise des réductions tarifaires dans les hébergements : par exemple, 185 établissements d’hébergement participent à des offres promotionnelles pour encourager le public à voyager à l’intérieur du pays.
Les données historiques montrent que le Burkina Faso compte environ 180 sites touristiques officiellement répertoriés depuis 2016. En 2023, le secteur de l’hébergement avait déjà enregistré 570 580 arrivées dans les hôtels, et les recettes touristiques totales pour l’année s’étaient élevées à 64,3 milliards de FCFA, soit une hausse de 13 % par rapport à 2022.
Contexte, forces et obstacles
Le contexte burkinabè reste marqué par des défis sécuritaires, notamment dans certaines zones, ce qui freine le tourisme international. Toutefois, les autorités misent sur le tourisme interne comme levier de résilience économique. La Grande Saison du Tourisme Interne permet d’augmenter la fréquentation des établissements locaux, de stimuler les économies rurales, et d’atténuer les pertes dues à l’absente de visiteurs étrangers.
L’hôtellerie répond favorablement à cette demande avec des offres promotionnelles, ce qui aide à stabiliser le secteur. De plus, les évènements culturels majeurs (FESPACO, SIAO, SITHO, etc.) continuent de jouer un rôle d’attracteur, bien qu’ils soient plus efficaces quand la sécurité relative est suffisante pour rassurer les visiteurs.
Les obstacles demeurent cependant : insécurité, coût élevé des transports, faibles infrastructures touristiques dans certaines régions, difficulté d’attirer des visiteurs internationaux, et sensibilité du secteur aux crises externes (pandémies, baisse des devises internationales, etc.).
Comparatifs récents
Les données les plus proches montrent qu’en avril 2025, les recettes touristiques avaient été d’environ 5,6 milliards FCFA, avec une légère baisse des arrivées, mais une hausse des nuitées (102 500). Dans d’autres mois, des fluctuations apparaissent, liées souvent à la sécurité ou aux saisons. Par exemple, janvier 2025 avait vu baisse des arrivées, des nuitées, et des recettes par rapport à décembre 2024, soulignant la fragilité de certains mois hors saison.
Pourquoi est-ce important ?
Cette reprise du tourisme/hôtellerie au Burkina Faso en juillet 2025 est beaucoup plus qu’un simple signal économique : c’est un jalon pour la relance d’un secteur stratégique. Premièrement, il s’agit d’une source directe d’emplois, tant dans les hôtels et restaurants que dans les services connexes comme les guides, le transport, l’artisanat, etc. Chaque augmentation des nuitées ou des recettes se répercute sur les petits commerçants, les producteurs locaux, les artisanes, les jeunes dans les zones de tourisme.
Deuxièmement, le tourisme interne constitue un amortisseur face aux chocs extérieurs. Quand le tourisme international recule à cause de l’insécurité ou des crises globales, les politiques qui favorisent la consommation locale (voyages domestiques, offres promotionnelles) permettent de maintenir une dynamique économique et de préserver les infrastructures, les emplois. Le Burkina montre que malgré les défis sécuritaires, le tourisme interne peut être un levier réel de résilience.
Troisièmement, l’apport des recettes touristiques dans le budget national est loin d’être négligeable. La hausse de 6-7 % annuelle (comparé à l’année précédente) est un soutien à la balance des paiements, aux investissements locaux et aux revenus des collectivités régionales. C’est aussi une source de devises quand les visiteurs étrangers reviennent, ce qui contribue à renforcer la stabilité monétaire.
Enfin, pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest, le cas burkinabè apporte des enseignements : l’efficacité des politiques de promotion du tourisme interne, la nécessité d’investir dans l’offre (hébergement, infrastructures, sécurité), de valoriser les identités culturelles locales, et d’adapter les tarifs pour être accessibles à la population locale. Cela peut encourager une plus grande intégration régionale, un meilleur échange touristique entre pays de la CEDEAO, et une diversification des économies souvent dépendantes de secteurs fragiles.