Commerce extérieur du Togo : entre déficit structurel et opportunités de diversification
Les exportations togolaises demeurent concentrées sur quelques filières stratégiques (Crédit image : LCT)
Les points clés :
Le commerce international représente 61 % du PIB togolais, confirmant l’ouverture croissante de son économie mais aussi son déficit commercial persistant.
Les exportations, dominées par les phosphates et quelques produits manufacturés, peinent à compenser la forte dépendance aux importations, notamment en provenance de Chine.
Le Port autonome de Lomé s’affirme comme un hub logistique régional, mais la diversification industrielle et agricole reste le principal défi.
En 2023, le commerce international a représenté près de 61 % du produit intérieur brut du Togo, confirmant le rôle majeur des échanges extérieurs dans l’économie nationale. Le pays a exporté pour 1,434 milliard de dollars de biens et importé pour environ 3,204 milliards de dollars, générant un déficit commercial équivalent à 13,6 % du PIB. Si les exportations ont progressé de 6,3 % par rapport à 2022, les importations ont suivi une tendance similaire avec une hausse de 5,3 %.
Au premier semestre 2024, les exportations ont atteint 422 milliards FCFA, en léger recul de 0,9 % sur un an, tandis que les importations s’élevaient à 921 milliards FCFA, creusant un déficit de près de 499 milliards FCFA. Le troisième trimestre a vu un regain des exportations, en hausse de 10,2 % pour un total de 213 milliards FCFA, mais cette amélioration a été absorbée par une augmentation parallèle des importations, qui ont atteint 509 milliards FCFA, portant le déficit à 296,7 milliards FCFA.
Les exportations togolaises demeurent concentrées sur quelques filières stratégiques, notamment les phosphates et produits dérivés (18,6 à 18,7 % des ventes), suivis des huiles pétrolières (7,9 %) et des objets en plastique (7,5 %). Ces trois segments concentrent à eux seuls plus d’un tiers des exportations. L’Inde constitue le premier débouché, absorbant près de 20 % des exportations, suivie du Burkina Faso (9 à 13 %), de la Côte d’Ivoire (près de 9 %), puis du Mali, de la France, du Bénin et du Ghana.
Du côté des importations, la Chine s’impose comme le premier fournisseur avec 21 % du total, en particulier pour l’électronique, les véhicules et les matériaux de construction. La Russie et la France complètent le podium avec respectivement 8,9 % et 6,8 %. Les dix principaux pays exportateurs représentent plus de 66 % des importations, dominées par les hydrocarbures raffinés, les voitures, les médicaments et l’huile de palme.
L’espace UEMOA occupe une place centrale dans le commerce intra-africain du Togo, concentrant 85 % des ventes à destination de la CEDEAO et générant un excédent régional. Les échanges avec la CEMAC, encore modestes, progressent néanmoins, représentant 3,6 % des exportations au deuxième trimestre 2024 et affichant un solde commercial positif en raison d’une faible dépendance aux importations de cette zone.
Le Port autonome de Lomé, seul port en eau profonde de la région, confirme son rôle de pilier logistique. En 2024, il a traité 30,6 millions de tonnes de marchandises, consolidant sa position de hub régional au service notamment des pays enclavés comme le Burkina Faso et le Mali.
Le principal défi demeure la dépendance aux produits primaires et la faible diversification industrielle. Le déficit commercial, largement alimenté par la facture énergétique et l’importation d’équipements, souligne cette fragilité structurelle. Toutefois, les instruments d’intégration économique tels que la ZLECAf, l’AGOA pour les États-Unis et le TSA pour l’Union européenne ouvrent des perspectives nouvelles pour les produits agricoles comme le soja et le coton bio, qui pourraient constituer des relais de croissance à long terme.
Cette trajectoire appelle une stratégie claire : diversifier les exportations, renforcer les capacités industrielles locales et capitaliser sur la position logistique de Lomé afin de transformer les échanges extérieurs en véritable moteur de développement national.
Pourquoi c’est important ?
Le commerce extérieur du Togo illustre à la fois son ouverture économique et sa vulnérabilité structurelle. L’essor du Port de Lomé et l’intégration régionale offrent des atouts indéniables, mais le déficit commercial chronique et la dépendance aux importations montrent les limites actuelles du modèle. Comprendre ces dynamiques est essentiel pour anticiper les marges de manœuvre du pays, attirer des investissements mieux orientés et bâtir une croissance plus résiliente et inclusive.