La Côte d’Ivoire dépasse le Canada et l’Australie à Africa Down Under 2025, son attractivité minière enfin reconnue

Toutefois, des défis subsistent (Crédit image Jeune Afrique)


Les points clés :

  • La Côte d’Ivoire est désormais considérée comme la juridiction aurifère la plus attractive d’Afrique de l’Ouest, surpassant le Canada et l’Australie aux yeux des investisseurs à Africa Down Under 2025.

  • La production d’or ivoirienne a atteint 51 tonnes en 2023 (contre 48 tonnes en 2022) avec des perspectives de montée à 55-56 tonnes pour 2024.

  • Le nombre de permis d’exploration aurifère est passé d’une vingtaine il y a dix ans à plus de 200 permis aujourd’hui, démontrant un fort effort de régulation, d’investissement et de gouvernance.


La conférence Africa Down Under tenue à Perth du 3 au 5 septembre 2025 a été le théâtre d’une consécration pour la Côte d’Ivoire dans le secteur minier. Ce rendez-vous international, longtemps dominé par des juridictions minières établies comme le Canada ou l’Australie, a mis à l’honneur Abidjan comme la nouvelle référence pour les investissements dans l’or. Plusieurs dirigeants de compagnies minières australiennes ont salué le climat des affaires ivoirien, sa stabilité politique, sa richesse géologique, et notamment le dynamisme des procédures d’octroi de permis. Turaco Gold, African Gold, et d’autres ont qualifié le pays de lieu « idéal » pour développer des projets aurifères.

Les évolutions concrètes sont impressionnantes : la production nationale d’or est montée à 51 tonnes en 2023, contre 48 tonnes en 2022, soit une hausse d’environ 6 %. Pour 2024, les perspectives furent estimées à 55-56 tonnes. Parallèlement, le nombre de permis d’exploration est passé de seulement une vingtaine il y a dix ans à plus de 200 permis aujourd’hui, ce qui traduit une politique d’incitation claire. Ce bond dans les licences d’exploration s’accompagne également d’une relecture du coût fiscal pour les opérateurs : ainsi, le gouvernement ivoirien a augmenté de deux points le taux de redevance minière sur l’or, et le code minier est en cours de révision afin d’assurer une meilleure redistribution des richesses, une plus grande transparence et une attractivité pérenne.

Par rapport à vos éléments initiaux, quadruplement de la production aurifère en dix ans, multiplication par dix de la production de manganèse, électrification, formation géologique, certains chiffres trouvent confirmation, d’autres sont plus difficiles à vérifier directement via les sources accessibles. Par exemple, la croissance de la production aurifère depuis 2012 est attestée : en 2012, la production était d’environ 13 tonnes, montée à 48 tonnes en 2022. Quant à l’objectif de faire de l’exploitation minière le deuxième pilier de croissance nationale, c’est un des discours officiels, mais les données précises du PIB attribué à ce secteur varient selon les rapports.

Le classement du Fraser Institute / Annual Survey of Mining Companies 2023 place la Côte d’Ivoire en première position en Afrique de l’Ouest pour l’attractivité des politiques minières et des conditions d’investissement. Ce rapport compare les juridictions selon des critères tels que la stabilité politique, la fiscalité, la clarté des règles, le temps nécessaire pour obtenir des permis, etc.

Toutefois, des défis subsistent : des coûts de production élevés, des droits miniers révisés à la hausse, des exigences environnementales croissantes, ainsi que la nécessité de partager les bénéfices avec les communautés locales. Certains investisseurs soulignent aussi que la régulation, bien que plus transparente, nécessite encore plus de prévisibilité et moins de bureaucratie.

Pourquoi certains éléments de votre version sont exagérés ou nécessitent confirmation

Certains éléments comme « dépasser le Canada et l’Australie » dans tous les classements, ou la notion de « quadruplement exact » de la production sans distinguer or vs manganese ou d’autres minerais, ou l’affirmation d’un taux d’électrification de 95 %, ne sont pas tous corroborés par des sources fiables consultées. Par exemple, le secteur minier ivoirien est en forte progression mais le Canada et l’Australie demeurent parmi les juridictions les mieux notées selon le Fraser Institute sur des critères tels que la transparence réglementaire, les délais de permis, ou la sécurité juridique. Le fait que la Côte d’Ivoire soit classée comme la juridiction la plus attractive de l’Afrique de l’Ouest est confirmé, mais cela ne signifie pas automatiquement qu’il dépasse Canada/Australie sur tous les indicateurs mondiaux. Il est préférable de nuancer : Côte d’Ivoire rivalise sur attractivité minière selon plusieurs investisseurs, avec des progrès remarquables.

Perspectives

Le moment est opportun pour la Côte d’Ivoire de consolider ses gains et d’investir dans la durabilité. Les mines existantes (Lafigué, etc.) doivent garantir une distribution équitable de la valeur : emplois locaux, infrastructures autour des sites, protection de l’environnement, gestion des déchets miniers, réduction des impacts sur l’eau et le sol. Le pays pourrait aussi renforcer ses capacités de traitement local des minerais pour créer davantage de valeur ajoutée, réduire les exportations de matières premières brutes, et développer les industries annexes.

L’autre levier est la réglementation : rendre le cadre minier prévisible, réduire les délais d’octroi de permis, assurer la fiscalité est stable, et que les redevances fiscales soient utilisées pour le développement local. De plus, la transparence avec les communautés affectées, les normes ESG (environnement / social / gouvernance), les pratiques responsables seront devenus des critères de plus en plus décisifs pour attirer des investisseurs institutionnels.

Pourquoi est-ce important ?

Parce que ce qui se passe en Côte d’Ivoire n’est pas seulement un succès local ; c’est un signal pour toute l’Afrique de l’Ouest. Un pays de la sous-région qui parvient à améliorer ses indicateurs d’attractivité minière, à augmenter sa production d’or, à élargir le nombre de permis d’exploration et à s’imposer dans des conférences internationales, montre qu’il est possible de concilier croissance économique, sécurisation des investissements et gouvernance renforcée.

Pour les pays voisins confrontés à des défis similaires, sécurité, infrastructures, fiscalité, coûts élevés, l’exemple ivoirien offre une feuille de route plausible : mettre en place des réformes politiques de fond, automatiser/numériser les procédures, renforcer les institutions, assurer la prévisibilité des règles, et garantir que les bénéfices du secteur minier profitent aux populations locales.

Sur le plan économique, un secteur minier attrayant permet d’attirer davantage de capitaux étrangers, de diversifier les sources de revenus hors-agricoles, de soutenir l’emploi local, de financer les infrastructures (routes, électricité, énergie, eau), etc. Dans un continent en quête de croissance durable, la montée en puissance de la Côte d’Ivoire dans le minier montre que l’Afrique de l’Ouest peut devenir une zone de renouveau pour les investis­seurs miniers, à condition de saisir les opportunités avec transparence, responsabilité et efficience.

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