La BOAD adhère à l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté pour renforcer la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest
Le suivi, l’évaluation, la transparence seront essentiels (Crédit image : BOAD)
Les points clés :
La Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) est officiellement devenue membre de l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté (août 2025), pour soutenir les ODD 1, 2 et 10.
L’institution s’engage à financer des projets de sécurité alimentaire tout en partageant son expertise acquise depuis plus de cinquante ans dans l’espace UEMOA.
Cette adhésion pourrait accélérer la mise en œuvre de programmes à fort impact dans la sous-région, améliorer la coordination et permettre d’atteindre d’ici 2030 jusqu’à 500 millions de bénéficiaires.
L’annonce a été rendue publique en septembre 2025, via le site officiel de la BOAD et plusieurs médias africains spécialisés, confirmant que la BOAD a rejoint l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, initiative lancée en novembre 2024 sous la présidence brésilienne du G20. L’idée de cette adhésion repose sur deux grands volets : le financement de projets ciblés sur la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest, et le partage de connaissances (expertise, bonnes pratiques, soutien technique).
L’Alliance globale compte déjà 197 membres, dont 102 pays, 29 organisations internationales, 14 institutions financières, et 52 fondations. Pour la BOAD, qui œuvre depuis plus de cinquante ans dans l’espace UEMOA à promouvoir le développement et l’intégration économique, cette adhésion représente un renforcement stratégique de son rôle social et de sa visibilité internationale.
La BOAD mettra à profit son expérience dans le financement d’infrastructures agricoles, de chaînes de valeur, d’appui aux exploitants ruraux, et autres programmes de sécurité alimentaire. En retour, elle bénéficiera des synergies avec d’autres acteurs de l’Alliance : financements spécialisés, accès à des politiques, instruments techniques, évaluations rigoureuses des programmes pour maximiser leur efficacité.
Le contexte régional est celui d’une insécurité alimentaire persistante dans plusieurs États de l’UEMOA, exacerbée par les chocs climatiques, les crises économiques, l’inflation des denrées alimentaires, et les difficultés d’accès aux intrants agricoles. L’adhésion de la BOAD peut être perçue comme une réponse institutionnelle forte à ces défis, en s’alignant sur les engagements pris dans le cadre des Objectifs de Développement Durable (ODD) 1 (éradication de la pauvreté), 2 (faim zéro), et 10 (réduction des inégalités).
Forces, enjeux et défis
L’adhésion de la BOAD à cette Alliance mondiale est une décision stratégique forte. Le financement local et régional reste souvent fragmenté, les ressources limitées, tandis que les défis sont nombreux : variabilité climatique, hausse des prix des intrants, faible accessibilité pour les petits producteurs, logistique, barrières infrastructurelles, etc. Mais la BOAD dispose de certains atouts : une connaissance locale approfondie, des réseaux d’implantation régionale, une crédibilité auprès des États membres de l’UEMOA, et une expérience opérationnelle pour structurer des projets agricoles ou alimentaires.
Un enjeu clef est de transformer l’engagement en résultats mesurables. Les financements devront être débloqués à temps, les programmes correctement ciblés, la coordination entre BOAD, gouvernements membres, ONG, organismes internationaux, et bénéficiaires finaux devra être fluide. Le suivi, l’évaluation, la transparence seront essentiels pour éviter les gaspillages, la duplication, ou des escroqueries.
Un autre défi est d’assurer que les transferts monétaires ou financements pour la sécurité alimentaire ne deviennent pas simplement des moyens temporaires, mais s’inscrivent dans une approche durable : renforcement des capacités agricoles locales, infrastructures de stockage, irrigation, chaîne de valeur, accès aux marchés, maîtrise des risques climatiques.
Perspectives
Avec cette adhésion, la BOAD peut devenir un pivot de la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest. Les États membres de l’UEMOA pourraient bénéficier de projets plus ambitieux, mieux financés, et plus alignés avec les impératifs climatiques, nutritionnels, de résilience. On peut espérer que de nouveaux instruments (fonds, obligations sociales ou climatiques, partenariats public-privé) soient mobilisés pour financer des systèmes alimentaires plus robustes, des programmes d’assistance nutritionnelle, des infrastructures rurales (irrigation, stockage, intrants, transport).
De façon stratégique, cette adhésion peut aussi renforcer la position de la BOAD comme interlocuteur crédible auprès des bailleurs internationaux, augmentant sa capacité à lever des ressources à des conditions favorables, et donc à soutenir des actions ambitieuses dans un contexte où les contraintes budgétaires des États ouest-africains sont fortes.
Pourquoi est-ce important ?
Parce que la faim et la pauvreté ne sont pas des simples indicateurs sociaux : elles entravent le développement économique, la stabilité politique, l’investissement privé, la cohésion sociale. Si une large population reste mal nourrie, souffre de carences, cela génère des coûts énormes pour la santé publique, pour l’éducation, pour le capital humain.
Pour l’UEMOA, la BOAD est un acteur central du financement du développement. Son adhésion démontre que la banque comprend que la sécurité alimentaire doit être une priorité non négociable, non seulement dans les discours, mais dans les ressources allouées, les projets opérationnels, et les partenariats institutionnels. Cela peut aider à combler le déficit alimentaire, à bâtir des chaînes de production agricole plus robustes, à mieux intégrer les petits producteurs au marché, et à améliorer la nutrition, qui est un pilier du développement humain.
Cette initiative s’inscrit dans la tendance globale des ODD, dans laquelle les institutions financières de développement africaines assument de plus en plus de responsabilités : elles ne financent pas seulement des infrastructures, mais aussi des programmes sociaux, alimentaires, de résilience. La BOAD, en combinant financement local/régional, expertise sur le terrain, et réseaux internationaux, est bien placée pour transformer les engagements de l’Alliance en actions concrètes et durables.
Pour les pays de la sous-région, c’est une opportunité de renforcer la coordination, d’aligner les politiques nationales sur les standards internationaux, de mobiliser plus efficacement les ressources extérieures, mais aussi internes, et de structurer des programmes qui répondent aux réalités climatiques, économiques et sociales locales. En résumé, cette adhésion pourrait se traduire par une meilleure vie pour des millions de personnes si elle est portée avec sérieux, transparence et efficacité.