Ghana : la dette publique chute à 44,9 % du PIB, reflet d’un redressement économique bien engagé
Les forces du redressement incluent une base légale plus crédible (Crédit image : Sika Finance)
Les points clés :
La dette publique du Ghana est tombée à 44,9 % du PIB en juillet 2025, contre 61,8 % fin 2024, dépassant les prévisions du FMI et de Fitch.
Le pays a obtenu une revalorisation de note souveraine par Fitch, passant de « Restricted Default » à B- avec perspective stable, suite à des réformes fiscales, une restructuration de dette extérieure, et une appréciation du cedi.
La progression de la croissance économique (≈ 6,3 % au T2 2025), le renforcement des réserves internationales (≈ 10,7 milliards USD), et la mise en œuvre d’un programme financier appuyé par le FMI sont au cœur de ce redressement.
Depuis la crise financière et la récession graves subies à partir de 2022, avec un défaut sur la dette extérieure, le Ghana a mené plusieurs réformes cruciales pour restaurer la soutenabilité de ses finances publiques. Ces réformes incluent la restructuration de sa dette extérieure, la discipline budgétaire, la maîtrise de l’inflation, ainsi que des mesures pour stabiliser la devise locale (le cedi).
Au début de 2025, c’est dans ce contexte que Accra a finalisé un accord de restructuration avec ses créanciers externes pour une portion significative de sa dette en eurobonds. Selon le ministère des Finances, cela portait sur environ 13,1 milliards de dollars d’obligations internationales. Cette mesure a permis de diminuer la pression de service de la dette, et de restaurer partiellement l’accès aux marchés financiers.
La Banque centrale du Ghana a publié dans son rapport publié lors de la 126ᵉ réunion de son comité de politique monétaire que la dette publique totale atteignait 44,9 % du PIB à fin juillet 2025 (soit environ GH¢ 628,8 milliards), après une nette réduction depuis les extrêmes de fin 2024. Ce chiffre contraste fortement avec les estimations précédentes : le FMI tablait sur une dette autour de 66 % du PIB pour 2025, et Fitch l’avait estimée à 60 %.
Parmi les moteurs de cette amélioration figurent la croissance économique (≈ 6,3 % au deuxième trimestre 2025), la hausse des réserves de change (≈ 10,7 milliards USD), et la forte appréciation du cedi par rapport au dollar, qui allège le poids des dettes externes exprimées en devises.
L’agence de notation Fitch a reconnu ces progrès en relevant la note souveraine du Ghana à B- avec perspective stable, depuis “Restricted Default”. Ce relèvement reflète notamment le succès de la restructuration des eurobonds, ainsi que les efforts de consolidation fiscale.
Cependant, une donnée importante à noter : en juillet 2025, la dette publique a augmenté de GH¢ 15,8 milliards, pour atteindre GH¢ 628,8 milliards, ce qui traduit une augmentation du service de la dette ou un besoin accru de financement domestique malgré les progrès.
Forces et défis
Les forces du redressement incluent une base légale plus crédible, une collaboration avec les créanciers étrangers, un engagement visible du gouvernement dans les réformes, une stabilité macroéconomique retrouvée progressivement, et une devise (le cedi) qui joue son rôle protecteur.
Mais les défis restent nombreux. Le Ghana reste vulnérable aux chocs externes, variation des cours du pétrole ou du cacao, instabilité des marchés de change, hausse des taux d’intérêt internationaux qui pèse sur le coût du refinancement. Le recours élevé à l’endettement domestique pourrait éroder les gains si les taux intérieurs montent, ce qui pourrait dissuader l’investissement privé.
La discipline budgétaire sera aussi cruciale : contenir les déficits, éviter les surcoûts imprévus, maîtriser les dépenses de fonctionnement, et garantir que les ressources libérées par le service de la dette trouvent leur chemin vers les infrastructures, l’éducation, la santé, pour un effet concret.
Un autre défi est la crédibilité à long terme : les marchés financiers, les investisseurs internationaux, les agences de notation réclament une visibilité certaine, une transparence, des données fiables et des projections crédibles. Toute faiblesse perçue dans ces domaines pourrait enrayer ou inverser les progrès.
Perspectives
Si le Ghana continue sur cette voie, on peut s’attendre à une baisse progressive supplémentaire du ratio dette/PIB, possiblement vers 40 % ou moins à moyen terme, selon les performances économiques, le contrôle de l’inflation, la stabilité du cedi, et la poursuite des réformes.
L’amélioration de la note de crédit ouvre aussi la porte à des financements extérieurs à coût plus faible, ce qui peut aider à refinancer sa dette à des taux moins élevés, ou à contracter des prêts pour des projets d’investissement productifs plutôt que de simplement financer le service de la dette.
Par ailleurs, un bon redressement économique du Ghana est de nature à booster la confiance des investisseurs dans l’Afrique de l’Ouest, à servir d’exemple pour d’autres pays confrontés à des niveaux d’endettement élevés, et à renforcer la stabilité régionale, notamment au sein de la CEDEAO.
Pourquoi est-ce important ?
Parce que la dette publique est l’un des piliers de la stabilité macroéconomique. Sa maîtrise permet de libérer des ressources fiscales pour financer le développement (infrastructures, santé, éducation), de réduire le fardeau du service de la dette qui absorbe une part disproportionnée des recettes, et de diminuer la vulnérabilité aux chocs externes.
Pour l’économie ouest-africaine, le cas du Ghana est un phare : il montre que même après une crise grave (défaillance de dette, hyperinflation, perte de confiance), le redressement est possible avec une stratégie cohérente, des réformes crédibles, et une politique monétaire-fiscale rigoureuse. Cela inspire et peut orienter les choix dans des États voisins.
Parce que, dans un contexte mondial de coûts de financement élevés, de volatilité des matières premières et de pressions inflationnistes, le Ghana démontre qu’il est possible de restaurer la confiance des marchés, de revaloriser sa note de crédit, et de stabiliser ses finances publiques.
Enfin, pour les populations, la réduction de la dette publique signifie potentiellement une amélioration des services publics, une moindre inflation, plus de stabilité monétaire, et une économie plus prévisible — tous éléments essentiels pour le développement durable et l’amélioration du bien-être.