Le pari du Soja togolais : vers une production de 500 000 tonnes d’ici 2026

Le Soja togolais a de grandes ambitions (Crédit image : Togofirst)


Les points clés :

  • La production de soja au Togo est passée de 25 000 t en 2015 à 260 000 t en 2024, avec l’objectif ambitieux de 500 000 t d’ici 2026.

  • Le CIFS‑Togo mobilise semences certifiées, intrants, mécanisation et soutien financier pour structurer toute la filière, de la production à l’export.

  • Ce secteur contribue à la diversification économique, génère des milliers d’emplois ruraux et alimente les ambitions agro‑industrielles du pays.


Dans une économie rurale encore largement dépendante des cultures vivrières, l’essor spectaculaire de la filière soja au Togo évoque un tournant historique. Le pays, qui ne produisait que 25 000 tonnes en 2015, a vu cette production exploser jusqu’à 260 000 tonnes en 2024. Aujourd’hui, le Conseil interprofessionnel de la filière soja (CIFS‑Togo) vise près du double, soit 500 000 tonnes en 2026, pour répondre à une demande intérieure estimée à 700 000 tonnes et soutenir le développement d’une industrie locale de transformation.

Le soja est ainsi en passe de devenir une culture stratégique aux effets multiformes. Il contribue à la sécurité alimentaire par son usage dans l’alimentation humaine et animale, et constitue un produit d’exportation porteur, en partie sous label bio, notamment vers l’Europe . Une réussite attribuable à un appui massif aux acteurs : distribution de semences par la GIZ dès les années 1980, formation des agriculteurs, accès aux intrants, soutien institutionnel via la plateforme industrielle d’Adétikopé et tarifs planchers garantis (250 FCFA/kg en 2024 contre 200 en précédent).

Malgré ces progrès, la filière fait face à plusieurs fragilités. La productivité par hectare reste faible, autour de 1‑2 t/ha selon les experts, freinée par un accès limité à la mécanisation, aux fertilisants, et aux financements adaptés . Les chaînes logistiques, notamment le transport et le stockage, peinent à suivre l’essor de la production. La dépendance à l’environnement climatique et au contexte sécuritaire reste un risque permanent.

Un tournant agro‑industriel est pourtant bien engagé : la plateforme d’Adétikopé accueille déjà des unités capables de traiter 240 000 t/an pour huile, farine, lécithine… Un moyen pour le Togo de tirer davantage de valeur ajoutée locale. Économiquement, cette dynamique traduit une volonté affirmée du gouvernement de diversifier les revenus agricoles au-delà du coton traditionnel, tout en créant des emplois ruraux (jusqu’à 700 000 en 2020).

Pour transformer cet élan en succès durable, la coordination entre les acteurs est essentielle : producteurs, commerçants, transformateurs, institutions. Un plan stratégique publié pour 2023‑2028 montre déjà que la filière ambitionne non seulement d’augmenter les volumes, mais d’organiser toute la chaîne, incluant certification, traçabilité, accès au financement et mécanisation.

Pourquoi est‑ce important ?

Cet objectif de 500 000 tonnes consolide la place du Togo comme leader ouest‑africain du soja, notamment bio, et redéfinit l’agriculture nationale. En structurant une filière porteuse, enjeux sanitaires, industrielles, économiques , le pays se positionne sur le continent comme un modèle de diversification réussie. L’impact s'étendra aux pays voisins, stimulant la coopération régionale, le développement des infrastructures logistiques et l’intégration aux chaînes agro‑industrielles ouest‑africaines. Enfin, c’est un catalyseur pour l’emploi rural, la lutte contre la pauvreté et l’autonomisation des acteurs agricoles, contribuant à un développement économique inclusif et durable dans toute la sous‑région.

Précédent
Précédent

Lomé, nouvelle plaque tournante de la conformité financière africaine les 08 et 09 juillet prochain

Suivant
Suivant

Togo : une stratégie particulière pour faire décoller la production avicole locale