Pétrole : Comprendre la chute drastique des exportations de Diesel Russe en Afrique
Bateau de Diesel Russe (Crédit image : H24Info)
Les points clés :
Les exportations de diesel russe en Afrique ont chuté de 46,1 % en février.
Les attaques ukrainiennes sur les infrastructures pétrolières russes ont fortement réduit la production.
Les sanctions occidentales compliquent la réorientation des exportations russes vers des marchés alternatifs.
Depuis février 2023, les exportations russes de diesel ont connu une chute spectaculaire, impactant directement l'approvisionnement des pays africains. L'embargo européen, les attaques ukrainiennes sur les raffineries russes et les sanctions internationales ont bouleversé les circuits d'exportation russes. Cette diminution des livraisons touche particulièrement des pays africains comme le Nigeria, la Tunisie, l'Égypte, la Libye et le Maroc, qui dépendent en grande partie de ces approvisionnements en hydrocarbures.
Chiffres clés
Selon les données du Centre d’Indexation des Prix, relayées par le média russe RBC, les exportations de diesel russe ont chuté de 46,1 % en un mois, passant de 1,27 million de tonnes en janvier 2023 à seulement 684 000 tonnes en février. Les exportations globales de diesel et de gasoil depuis la Russie ont également reculé de 6 % pour atteindre 3,6 millions de tonnes en février, d'après Reuters.
Les raisons de la chute des exportations
Attaques ukrainiennes sur les infrastructures pétrolières russes : Les frappes ukrainiennes ont ciblé plusieurs raffineries russes, dont celles de Novokouïbychevsk et Volgograd, perturbant gravement la capacité de production de carburants destinés à l'exportation. Le 10 mars, les services de renseignement militaires ukrainiens ont confirmé avoir frappé plusieurs installations clés. Ces attaques s'inscrivent dans une stratégie visant à affaiblir l'économie russe, dépendante des revenus des hydrocarbures.
Sanctions occidentales : Les sanctions imposées par l'Union européenne et les États-Unis compliquent considérablement l'accès aux marchés traditionnels de la Russie. En janvier 2023, les États-Unis ont élargi leurs sanctions pour cibler le secteur énergétique russe, affectant les sociétés pétrolières, les négociants et les navires russes. Bien que certaines cargaisons aient pu être livrées jusqu'à fin février, les restrictions entravent désormais de plus en plus les flux commerciaux russes.
Contraintes logistiques : Les tempêtes hivernales et les conditions météorologiques difficiles ont également ralenti le transport maritime, diminuant le volume des cargaisons expédiées depuis les ports russes. Cela a ajouté une pression supplémentaire sur la capacité de la Russie à maintenir ses exportations.
Efforts de diversification
Face à ces obstacles, la Russie tente de réorienter ses exportations vers de nouveaux partenaires commerciaux, notamment en Afrique. Plusieurs pays du continent, dont le Nigeria, la Tunisie et le Maroc, sont devenus des destinations majeures pour les livraisons de diesel russe. En février, une cargaison de diesel a même été expédiée directement vers la Syrie pour la première fois en plus de dix ans. De plus, la Russie effectue désormais des transferts en mer près des côtes italiennes et grecques, contournant ainsi certaines restrictions.
Pourquoi est-ce important ?
L'Afrique, confrontée à une demande croissante en diesel pour soutenir son industrialisation, est directement touchée par la diminution des exportations russes. Cette baisse des approvisionnements pourrait avoir des répercussions sur les prix de l'énergie, freinant les économies des pays importateurs. En particulier, des pays comme le Nigeria et l'Égypte, qui dépendent fortement du diesel pour alimenter leurs industries et transports, pourraient voir leurs coûts énergétiques augmenter.
Les efforts de la Russie pour contourner les sanctions et réorienter ses exportations montrent que le marché énergétique mondial est en pleine reconfiguration. Pour l'Afrique, cette situation souligne l'importance de diversifier ses sources d'approvisionnement en énergie afin de réduire sa dépendance à l'égard de partenaires soumis à des contraintes géopolitiques.