Bénin : une croissance résiliente au premier trimestre 2025 impulsée par l’agriculture, le port et les BTP

L’agriculture, l'activité portuaire et les BTP, fers de lance d’une économie béninoise de plus en plus résiliente (Crédit image : CADRECO)


Les points clés :

  • La production vivrière a progressé de 5,9 % sur la campagne 2024‑2025, portée par les cultures cotonnières, anacarde et palmier à huile.

  • Le secteur BTP affiche une hausse de 19,6 %, tandis que l’électricité‑gaz‑eau grimpe de 46,9 % au premier trimestre 2025 (source DG Économie Bénin).

  • Les trafics du port de Cotonou augmentent de 76,1 % en volume, avec une multiplication des escales et du transit régional (DG Économie & CEIC).


Le Bénin a amorcé 2025 sur une trajectoire de croissance marquée, consolidant la performance de fin 2024. Selon la Direction générale de l’économie, la campagne agricole 2024‑2025 affiche un dynamisme notable, avec une hausse de la production vivrière estimée à 5,9 %. Les filières stratégiques, coton, anacarde, palma, affichent elles aussi des gains de rendement, résultats tangibles des réformes engagées ces dernières années. Ces réformes incluent la distribution d’intrants, l’encadrement des producteurs et la mise en œuvre des Programmes Nationaux de Développement des Filières à Haute Valeur Ajoutée (PNDF‑HVA).

L’agriculture représente environ 32,7 % du PIB national et jusqu’à 75 % des recettes d’exportation. Le secteur emploie près de 70 % de la population active, soulignant son rôle central dans le tissu socio-économique.

Industrie et services : un BTP dopé par les infrastructures publiques

Sur le plan industriel, l’indice de chiffre d’affaires des grandes entreprises a progressé de 4,3 % à fin mars 2025, témoignant d’une reprise du climat des affaires. Le BTP émerge comme moteur majeur, avec une croissance de 19,6 %, alimentée par les investissements publics dans les infrastructures réseaux, routes ou bâtiments institutionnels.

Les services énergétiques enregistrent une croissance de 46,9 %, portés par les secteurs d’électricité, gaz et eau, suivis des télécommunications (+10 %), du commerce (+2,1 %) et des industries extractives (+154,4 %).

Port autonome de Cotonou : le cœur de la relance régionale

Le Port autonome de Cotonou, pilier du transit vers les pays enclavés (notamment le Niger), a rebondi spectaculairement après la réouverture des frontières. Le trafic global de marchandises a grimpé de 76,1 % en glissement annuel, les importations augmentant de 76,8 % et les exportations de 92 %. Le nombre de navires accostés a bondi de 22 %, et le tonnage total (tare) est en hausse de 44 %.

Cotonou jouit d’une position stratégique : ce port gère environ 90 % des échanges extérieurs du pays et contribue à plus de 60 % du PIB national. Les investissements en cours (Terminal 5, zone logistique, corridors routiers) visent à doubler sa capacité et améliorer son efficacité.

Conjoncture macroéconomique : stabilité et perspectives encourageantes

Le Bénin a enregistré une croissance de 6,7 % en 2024, portée par l’agriculture, l’industrie et les services. Selon le FMI, la croissance prévue pour 2025 est de 6,5 %, avec une inflation maîtrisée autour de 2,2 %. Fitch maintient une note favorable, soulignant la résilience économique portée par les secteurs agricoles et de la construction.

La base de la population active reste largement informelle (94 %) avec un chômage structurel faible (~1,7 %). Le gouvernement poursuit sa stratégie de mobilisation des recettes internes tout en élargissant le périmètre fiscal et en maintenant des incitations au secteur privé.

Pourquoi est-ce important ?

Le bilan du premier trimestre 2025 illustre la capacité du Bénin à transformer les chocs régionaux en opportunités de croissance. L’agriculture robuste, une industrie en redynamisation via le BTP et une reprise portuaire vigoureuse démontrent la cohérence des politiques publiques. Le port de Cotonou, en tête de pont du commerce ouest-africain, confirme son rôle vital pour le transit international, notamment vers le Niger et le Mali.

Cette dynamique offre une feuille de route au reste de l’Afrique de l’Ouest : capitaliser sur les corridors logistiques, structurer les filières agricoles à haute valeur ajoutée et renforcer un modèle de croissance inclusive. Pour un pays comme le Bénin, en lien avec des réformes structurelles et une gestion macroéconomique prudente, la croissance devient une réponse durable à la création d’emplois, à la réduction de la pauvreté et à l’intégration régionale.

L’exemple béninois démontre qu’un petit État côtier, bien positionné géographiquement et capable de mobiliser ses ressources endogènes tout en attirant des investissements, peut devenir un acteur clé de la stabilité et de la prospérité ouest-africaine.

Précédent
Précédent

Le Burkina Faso réforme ses péages : nouvelles grilles, infrastructures modernisées, recettes optimisées

Suivant
Suivant

Distribution au Sénégal : EDK fait renaître le réseau CFAO