Distribution au Sénégal : EDK fait renaître le réseau CFAO

Carrefour Market conserve son image de qualité (Crédit image : CFAO)

Les points clés :

  • CFAO Consumer cède huit magasins (5 Supeco, 3 Carrefour Market) au groupe sénégalais EDK, consolidant ainsi l’expertise nationale du secteur.

  • EDK s’engage à reprendre plus de 1 500 salariés sans modifier les contrats existants, garantissant continuité et stabilité du service.

  • CFAO maintient sa stratégie en Côte d’Ivoire et au Cameroun, mais réaffirme son recentrage sur Carrefour et centres PlaYce.

Le paysage de la grande distribution au Sénégal connaît un bouleversement majeur : après plusieurs années de présence via ses formats Carrefour et Supeco, CFAO Consumer passe la main à un acteur national de poids. En cédant huit points de vente au groupe EDK, fondé par l’entrepreneur sénégalais Demba Ka, l’entreprise anticipe un repositionnement stratégique centré sur ses enseignes haut de gamme et ses centres commerciaux PlaYce en Côte d’Ivoire et au Cameroun.

CFAO conserve cependant le centre commercial de Saly, confirmant son engagement dans d’autres secteurs clés au Sénégal comme la mobilité, la santé et l’énergie, où elle emploie plus de 700 collaborateurs. Ce recentrage permet à CFAO de renforcer sa cohérence régionale et d’optimiser ses ressources industrielles.

Pour EDK, cette acquisition renforce son positionnement dans la grande distribution locale. Avec déjà plus de 1 500 employés et une présence de plus de 90 points de vente au Sénégal, le groupe exploite désormais ces magasins dans la continuité, préservant les équipes en poste et garantissant la qualité de service.

L’opération s’inscrit dans un contexte de montée en puissance de l’entrepreneuriat local face aux géants internationaux. EDK, précédemment présent dans les secteurs du carburant, de l’agroalimentaire et de la fintech, intègre de facto un réseau de distribution structuré qui accélère sa trajectoire économique.

Côté consommateur, l’offre reste accessible : Carrefour Market conserve son image de qualité, tandis que Supeco, spécialiste du « soft discount », trouve chez EDK l’espace pour poursuivre son déploiement dans les zones à fort pouvoir d’achat urbain et périurbain.

Le député Guy Marius Sagna qualifie cette opération d’acte fort de réappropriation économique nationale, soulignant l’implication du ministère des Finances dans la facilitation de la transaction. Selon lui, cette dynamique offre un précédent encourageant pour d’autres secteurs dominés par des acteurs étrangers.

Pourquoi est‑ce important ?

Parce que cette opération symbolise un moment stratégique dans la construction d’une économie africaine plus autonome. Elle démontre que les capitaux locaux peuvent prendre le relais avec professionnalisme et ambition, tout en s’appuyant sur des standards élevés hérités de multinationales. Le maintien des contrats et des équipes en place renforce la confiance, tandis que l’intégration de ce réseau offre à EDK la possibilité d’investir davantage dans le sourcing local, les services de proximité et la responsabilité sociale.

À l’échelle ouest-africaine, cette acquisition pourrait inspirer une dynamique similaire : valoriser les acteurs locaux pour diversifier les formes de croissance, structurer les marchés modernes et promouvoir l’inclusion économique. Le modèle d’EDK, combiné à une régulation publique active, ouvre la voie à une distribution intégrée à la réalité socio-économique locale, capable de conjuguer compétitivité, emplois formels et développement des chaînes de valeur internes.

En somme, ce tournant dépasse la simple logique de rachat : il réinvente les équilibres dans la distribution, remet le consommateur au centre, et inscrit la croissance dans une trajectoire panafricaine où l’expertise locale devient moteur de transformation.

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