Le Burkina Faso réforme ses péages : nouvelles grilles, infrastructures modernisées, recettes optimisées

Le Burkina Faso poursuit sa modernisation infrastructurelle (Crédit image : Radio Pulsar)


Les points clés :

  • La grille tarifaire nouvellement adoptée calcule les péages selon le nombre d’essieux du véhicule, de 200 FCFA pour un véhicule léger à 5 500 FCFA pour un convoi exceptionnel.

  • Trois postes modernes (Boudtenga, Tintilou, Kotedougou) dotés de systèmes automatiques entreront en service entre le 24 juillet et le 2 août 2025, pour un investissement global de 18 milliards FCFA.

  • Cette réforme vise à réduire les pertes de recettes, fluidifier la circulation, sécuriser les recettes et renforcer la durabilité financière du réseau routier.


Alors que le Burkina Faso poursuit sa modernisation infrastructurelle, l’introduction d’une tarification au nombre d’essieux pour les péages marque une rupture majeure dans la gestion des routes. Dès le 24 juillet 2025, les usagers du principal réseau bitumé verront leurs frais de péage déterminés par le poids éventuel du véhicule, reflété dans sa configuration : 200 FCFA pour un simple véhicule léger, 1 500 FCFA pour une camionnette, jusqu’à 5 500 FCFA pour un convoi exceptionnel dépassant huit essieux. Ce mode de calcul, automatisé, permet une répartition plus équitable entre les acteurs économiques selon l’impact réel de leur passage.

Dans la foulée de son décret présidentiel du 11 juillet 2025 (n°2025‑0913/PRES/PM/MID/MEF/MATM/MSECU), le Fonds spécial routier du Burkina (FSR‑B) accélère le déploiement de trois postes de péage modernes implantés à Boudtenga (en service dès le 24 juillet), Tintilou (29 juillet) et Kotedougou (2 août). Ces installations disposent de capteurs sophistiqués pour compter les essieux, de voies multiples (jusqu’à 13 à Boudtenga), de solutions de télépéage, de badges, et d’afficheurs automatiques, garantissant fluidité, traçabilité et transparence des opérations.

L’investissement s’élève à près de 18 milliards FCFA, principalement financés par le FSR‑B, structure désormais autonome et dotée de personnalité morale, héritière du FERT (Fonds d’entretien routier) transformé en 2025. L’un des objectifs affichés est de sécuriser les recettes, réduire les pertes par corruption ou fraudes, et instituer une gouvernance plus efficiente via un système interconnecté (DGMS) gérant les tickets de péage et les rapports journaliers.

La décision s’inscrit dans un contexte où le Burkina enregistre un trafic routier en hausse, notamment de marchandises vers les pays enclavés de la sous-région. Elle constitue également un jalon crucial dans la volonté des autorités de créer un réseau résilient, équitable et aligné sur les meilleures pratiques internationales en matière d’infrastructure routière.

Pourquoi est-ce important ?

La réforme des péages burkinabè incarne une transition vers une gestion plus soutenable et juste des infrastructures. En alignant les redevances sur l’usage réel du réseau, le pays met fin à un modèle uniformisé souvent injuste, en faveur d’une approche graduée et plus socialement acceptable.

Pour l’économie ouest africaine, un système de péages modernisé et transparent favorise le transit régional, réduit les coûts logistiques, et améliore la compétitivité des échanges. Des corridors routiers fiables contribuent à l’intégration économique via des corridors plus fluides, facilitant notamment les échanges du Burkina vers le Ghana, le Mali, ou encore la Côte d’Ivoire.

Sur le plan interne, il s’agit aussi d'un levier pour mobiliser des ressources internes destinées à l’entretien des routes sans dépendance excessive à l’aide extérieure, très utile pour un contexte budgétaire contraint. En finançant les infrastructures routières via des dispositifs automatisés et traçables, le Burkina renforce sa résilience financière tout en reformatant la relation entre usagers et État.

En définitive, cette réforme illustre l’importance d’un modèle de développement aligné sur l’efficience, la transparence et l’équité, en phase avec les aspirations de modernisation du pays et des autres États de la sous-région.

Précédent
Précédent

Nigéria : un emprunt colossal de 21,5 milliards $ pour revitaliser les infrastructures

Suivant
Suivant

Bénin : une croissance résiliente au premier trimestre 2025 impulsée par l’agriculture, le port et les BTP