Bientôt Starlink en Côte d’Ivoire ? Vers une révolution numérique sous conditions
La Côte d’Ivoire étudie actuellement la possibilité de recevoir l’offre Starlink (Crédit image : EcoMatin)
Les points clés :
Le gouvernement ivoirien envisage l’installation de Starlink, l’opérateur satellitaire d’Elon Musk, sous conditions de sécurité et régulation stricte, selon Ibrahim Kalil Konaté, ministre de la Transition numérique.
La Côte d’Ivoire vient de lancer un Fonds de 152 millions d’euros pour promouvoir l’innovation digitale, et appelle le secteur privé à s’engager dans cette dynamique.
Face aux défis de cybersécurité liés à l’essor de l’IA, l’Agence nationale de sécurisation des systèmes d’information (ANSSI) joue un rôle central dans la stratégie étatique de confiance numérique.
La Côte d’Ivoire étudie actuellement la possibilité de recevoir l’offre Starlink, le service internet par satellite de SpaceX, sur son territoire. L’approche est prudente : le ministre Ibrahim Kalil Konaté insiste sur la nécessité de respecter les normes nationales et d’assurer la confiance des utilisateurs finaux. Il rappelle que, pour y advenir, l’opérateur devra s'aligner aux exigences réglementaires, en particulier dans le domaine de la sécurité numérique. Cette phase d’évaluation en cours doit intégrer des conditions claires encadrant la licence d’exploitation et la protection des données personnelles. Le ministre cite l’exemple des États-Unis pour la structuration de ce service, soulignant que l’innovation doit être appréhendée avec audace mais aussi rigueur.
Fonds ivoirien de l’innovation : un levier pour attirer Starlink et stimuler la tech
Parallèlement, la Côte d’Ivoire a inauguré un Fonds de l’innovation doté de 152 millions d’euros, destiné à financer les start‑ups et les projets numériques. Le ministre invite les opérateurs télécoms, les acteurs financiers et les entreprises publiques ou privées à soutenir ce véhicule d’investissement afin de créer un écosystème viable pour accueillir des infrastructures satellitaires comme Starlink. Il évoque le modèle américain : financer cent initiatives, accepter que peu réussissent, mais que celles qui le font transforment le paysage numérique.
Cybersécurité et confiance numérique : la priorité régalienne
Face à l’accélération des usages de l’intelligence artificielle et aux risques de cyberattaques, la Côte d’Ivoire mise sur sa stratégie nationale de cybersécurité lancée en 2021 et l’Agence nationale de sécurisation des systèmes d’information (ANSSI). Le ministre souligne que le bon accueil de Starlink ou d’autres technologies de rupture dépendra de la capacité du pays à protéger les infrastructures numériques et à rassurer les citoyens quant à la fiabilité des plateformes en ligne. Ce positionnement vise à faire de la Côte d’Ivoire un référent en matière de cybersécurité sur le continent.
Starlink en Afrique : un paysage déjà en mouvement
Starlink est déjà disponible dans plusieurs pays africains comme le Nigéria, le Rwanda, le Malawi, le Botswana ou le Zimbabwe depuis 2023-2024, et plus récemment au Soudan du Sud et au Tchad. Le Sénégal, le Cap‑Vert ou le Mali figurent parmi les pays en phase avancée de négociation ou d’autorisation. Une source indique d’autre part qu’Airtel Africa a signé un partenariat avec SpaceX pour distribuer Starlink à travers le continent, ce qui pourrait faciliter son introduction en Côte d’Ivoire.
Cependant, l’arrivée de Starlink suscite des résistances : les opérateurs locaux dénoncent une concurrence déloyale, l’absence d’investissements dans les infrastructures locales et le risque de monopole sur le marché du satellite. En Afrique du Sud, un blocage juridique persiste, lié à l’exigence de participation majoritaire de capitaux locaux dans les télécoms, une obligation que Starlink refuse jusqu’alors. Le groupe envisagerait néanmoins d’investir 113 millions de dollars pour obtenir un permis d’exploitation dans ce pays.
Pourquoi est-ce important ?
La possible entrée de Starlink en Côte d’Ivoire s’inscrit dans une transformation numérique stratégique qui dépasse la simple commodité de connectivité : elle représente une opportunité d’accélérer l’inclusion digitale, notamment en zones rurales peu desservies. Si les conditions réglementaires, sécuritaires et fiscales sont bien encadrées, ce modèle pourrait faire office de catalyseur pour l’innovation, attirer des talents technologiques et mobiliser des financements.
Pour l’économie ouest-africaine, l’arrivée d’un opérateur satellite global représente un virage structurel vers l’indépendance numérique et une meilleure résilience face aux défaillances des infrastructures terrestres. Les États comme la Côte d’Ivoire qui structurent des cadres clairs, investissent dans la cybersécurité et mobilisent des fonds publics-privés, pourraient servir de références pour d’autres pays de la région.
En définitive, Starlink pourrait devenir un levier significatif pour réduire la fracture numérique, mais seulement si son introduction est encadrée et intégrée dans une stratégie nationale inclusive et durable.