Premier lingot, grande ambition : le Burkina trace sa route vers l’or industriel en Afrique de l’ouest
Kiaka livre son or, le Burkina rêve de puissance aurifère régionale (Crédit image : Marco Ivanov/Unplash)
Les points clés :
Le premier lingot de la mine de Kiaka marque un tournant historique pour le Burkina Faso.
Avec un rendement de plus de 92 %, le projet surpasse ses objectifs de qualité et de coûts.
Ce gisement s’inscrit dans une stratégie régionale de souveraineté minière, soutenue par des réformes nationales.
Le 26 juin 2025, la société australienne West African Resources a révélé la production de son tout premier lingot d’or de 5,7 kg sur le site de Kiaka, situé dans la région Centre‑Sud du Burkina Faso. Réalisé trois ans et demi après l’acquisition du permis, ce premier lingot confirme une montée en puissance accélérée, fondée sur un phasage rigoureux des infrastructures achevées sous budget et avant échéance. L'usine affiche dès maintenant un rendement exceptionnel de plus de 92 %, un signe positif dans la mesure des performances initiales .
Cette première coulée n’est pas seulement un jalon industriel, elle est aussi un symbole du dynamisme du Burkina Faso face à ses défis économiques et sécuritaires. Elle s’inscrit dans l’ambitieux objectif de WAF de produire 500 000 onces d’or par an d’ici 2030, avec une phase initiale de 120 000 à 150 000 onces dès fin 2025 .
Une production annuelle attendue de 14 tonnes : un appel d’air pour l’économie
La projection de 14 tonnes annuelles d’or fait de Kiaka un acteur stratégique, doublé d’un plan national plus vaste. WAF, déjà en production à Sanbrado et prochainement à Toega, s’engage dans un modèle durable de développement aurifère sur la base d’un financement structuré avec Sprott et la Coris Bank. La montée en production bénéficie d’un prêt total de 265 M$ et vise à stabiliser une filière aurifère régionale dans la durée.
La réforme minière de juillet 2024, qui relève la participation gratuite de l’État burkinabè de 10 % à 15 % sur les projets miniers, renforce ce modèle. En outre, l’initiative s’aligne avec les efforts de nationalisation et de valorisation locale menée par le gouvernement de Ouagadougou, via SOPAMIB et la révision des règles d’exploitation.
Enjeux socio-économiques et défis sécuritaires
L’impact de Kiaka dépasse la simple production aurifère. Outre l’investissement et l’emploi liés à l’usine, le projet contribue à l’industrialisation du secteur, à l’émergence d’un tissu de PME locales et à l’augmentation des recettes fiscales. Les partenariats avec la Coris Bank, acteur régional, illustrent la montée en puissance des financements africains.
Cependant, le Burkina Faso reste confronté à une insécurité persistante : attaques djihadistes, nationalisations récentes, menace sur les permis miniers . Les réformes menées visent à répondre à ces défis par une meilleure souveraineté économique et une prise de contrôle plus stricte des ressources nationales. Le pays cherche aussi à construire une raffinerie nationale pour limiter les fuites de valeur liées à l’exportation brute d’or .
Pourquoi est-ce important ?
Cette première production à Kiaka incarne une double ambition : faire du Burkina Faso un acteur industriel majeur dans la production aurifère en Afrique de l’Ouest, et renforcer l’ancrage économique local dans un environnement géopolitique complexe. En consolidant sa filière minière, le pays renforce ses capacités de création de valeur sur place, soutient l’emploi national et atténue sa dépendance aux financements étrangers. Dans une région où l’or représente plus de 80 % des exportations, cette initiative montre la voie d’une exploitation plus juste, durable et souveraine, essentielle pour la stabilité économique de la sous-région.