Logements sociaux : 500 milliards FCFA pour 60 000 nouveaux foyers sénégalais
Logement social au Sénégal, 60 000 toits financés par la Chine (Crédit image : Soleil Sn)
Les points clés :
Le Sénégal obtient 500 milliards FCFA d’investissement chinois pour construire 60 000 logements en location-vente.
Un déficit de 500 000 logements urbains et une pression financière moyenne des ménages à 54 % de leurs revenus motivent cette initiative.
Le projet s’inscrit dans une stratégie d’un plan vaste visant 2 millions de logements d’ici 2050, dont 1,2 million à coûts abordables.
Dans une dynamique rare de coopération sino-africaine, le Sénégal et un consortium sino-sénégalais ont scellé le 27 juin à Dakar un accord ambitieux : un financement de 500 milliards FCFA (≈ 762 millions $) pour bâtir 60 000 logements en location–vente. Ce projet, s’inscrivant dans la stratégie de long terme du pays, vise à répondre à un besoin vital tout en facilitant l’accès au logement à des coûts maîtrisés. Il constitue l’un des jalons majeurs d’un plan national qui ambitionne d’ériger 2 millions de logements d’ici 2050.
Cette initiative – fruit d’un partenariat entre Génie Archi Consulting (Sénégal), BNBM House (Chine) et FBN Bank – cible une population urbaine croissante (51 % de la population en 2023) et aligne le projet sur une réalité économique. Avec 54 % des revenus moyens consacrés au loyer et 45 % des constructions réalisées dans l’informel, le défi résidentiel du Sénégal ne date pas d’hier. Le gouvernement, conscient de cette situation, s’est déjà fixé des objectifs antérieurs : 500 000 logements sociaux d’ici 2035.
Au-delà de la réponse immédiate à une crise, le financement chinois s’inscrit dans une ambition plus vaste. À moyen et long termes, l’État prévoit de structurer la durabilité du secteur. Une première assiette foncière de 4 000 ha a été réservée près de Diourbel pour ériger une future zone industrielle dédiée au bâtiment, parmi 18 000 ha identifiés . Cette planification territoriale marque une volonté de casser la vétusté urbaine et de lutter contre la construction anarchique en zones non viabilisées (60 % des zones rurales).
En retraçant les dimensions macroéconomiques, un basculement se profile. Injecter 500 milliards FCFA équivaut à plus de 0,5 % du PIB estimé du Sénégal (environ 80 milliards $), en y ajoutant un bond structurel dans la production de logements. À horizon 2035–2050, avec 2 millions d’unités programmées, l’impact sur l’emploi, le marché des matériaux, l’expansion urbaine et la construction d’infrastructures durables promet d’être considérable.
Impact sur l'économie ouest-africaine
Le plan sénégalais devient une rampe de lancement régionale. Sa réussite opérationnelle peut inspirer des pays voisins comme le Mali ou la Côte d'Ivoire à lancer des programmes similaires. Le recours au partenariat public-privé avec un acteur chinois ouvre une porte stratégique vers l’accès au financement et aux compétences techniques nécessaires. Le modèle d’une zone industrielle dédiée au secteur du bâtiment pourrait attirer de nouveaux capitaux privés ou étatiques.
L’enjeu, au-delà de la question locale, résonne régionalement : un Sénégal en transition constructrice peut impulser une chaîne de valeurs dans la sous-région, stimulant les PMI du BTP, la logistique, la production de matériaux locaux et l’ingénierie urbaine. Comme le soulignent les institutions internationales, les investissements dans le logement renforcent infrastructures et expansion économique .
D’autres pays ouest-africains s’efforcent de prioriser leurs logements. L’exemple d’une coopération tangible entre le Sénégal et la Chine crée un précédent : la mise à disposition d’une assiette foncière, le cadre réglementaire, l’intégration d’un montage financier sophistiqué témoignent d’un processus maîtrisé. Le continent commence à bâtir un modèle de développement de… domiciles, là où il esquissait trop longtemps des économies informelles. Les initiatives font déjà l’objet d’un suivi par des organismes comme la BAD ou la BOAD pour envisager leur reproduction régionale.
Pourquoi est-ce important ?
Parce que l'accès au logement en Afrique de l’Ouest est un véritable moteur de changement économique et social. Au-delà de son rôle social, le logement façonne les villes, stabilise les familles, permet l’accès aux services et libère le potentiel productif des populations. En renforçant la construction formelle, le Sénégal ouvre la voie à une véritable révolution industrielle douce.
La coopération avec la Chine illustre la possibilité d’attirer des financements conséquents pour des projets de grande envergure, sans limiter l’autonomie nationale, tout en stimulant la filière locale. Elle incarne un virage vers un développement durable et planifié, loin de l’urgence et de l’informel. Si le Sénégal parvient à déployer cette stratégie à grande échelle, son voisinage ouest-africain suivra très rapidement : des économies résilientes, bâties pierre par pierre.