Côte d’Ivoire : la BAD débloque 75,87 milliards FCFA pour libérer le potentiel agricole frontier
Les points clés :
La BAD approuve un prêt de 115,66 M€ (≈ 75,87 milliards FCFA) pour la phase 2 du crucial Programme de désenclavement agricole et transfrontalier en Côte d’Ivoire.
Le financement permettra de réhabiliter les axes Danané‑Gbeunta et Zuenoula‑Kongasso‑Mankono, favorisant le commerce avec le Ghana et le Libéria.
La Côte d’Ivoire affiche une croissance solide (6,1 % en 2024, attendue 6,3 % en 2025‑26) dans un partenariat BAD ayant quintuplement progressé depuis 2015.
En juillet 2025, le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD) a validé un prêt de 115,66 millions d’euros, soit environ 75,87 milliards FCFA, pour financer la phase 2 du Programme de désenclavement des zones transfrontalières et agricoles de la Côte d’Ivoire. Cette initiative vise à lever les obstacles persistants à l’émergence de potentiels agricoles sous‑exploités dans des zones isolées, malgré leur richesse forestière et agronomique.
Le projet prévoit la construction et la réhabilitation de corridors stratégiques essentiels pour la mobilité des populations et des marchandises. D’un côté, l’axe Danané–Gbeunta, qui conduit directement à la frontière libérienne. De l’autre, la route Zuenoula–Kongasso–Mankono, longue de 80 km dans les régions de Marahoué et Béré, complétée par des voiries urbaines dans les villes traversées. L’objectif affiché est clair : raccourcir les temps d’acheminement, réduire les coûts logistiques, fluidifier le commerce inter‑États, notamment avec le Ghana et le Libéria.
Au‑delà du bitume, ce programme a une ambition intégrée. Il inclut la modernisation des infrastructures de stockage, de transformation et de commercialisation des produits agricoles dans les zones ciblées, du champ jusqu’aux marchés régionaux, alignant ainsi le projet sur les problématiques de perte post‑récolte et de faible valorisation locale.
Une Côte d’Ivoire en croissance, un partenariat renforcé avec la BAD
La Côte d’Ivoire évolue dans un contexte macroéconomique favorable. Avec une croissance du PIB de 6,1 % en 2024, et des projections de 6,3 % pour 2025‑2026, elle bénéficie d’un climat propice aux investissements structurants comme celui-ci. Le prêt de 115,66 M€ s’inscrit dans une trajectoire de financement durable : les engagements cumulés de la BAD dans le pays sont passés de 448 M€ en 2015 à 2,317 milliards € fin 2024, soit une multiplication par cinq, signe de confiance accrue et d’une exécution jugée efficace des précédents projets.
Ce programme cadre également avec une stratégie régionale de développement de corridors transfrontaliers cohérents. Il vient compléter d’autres initiatives BAD ciblant les liaisons entre Côte d’Ivoire, Guinée et Libéria, participant à la construction d’un réseau logistique intégré dans l’espace ouest‑africain.
Des impacts attendus sur plusieurs fronts
Dès la phase de construction, le projet générera des emplois importants pour les jeunes et les femmes, essentiels à l’inclusion sociale et économique locale. Ces opportunités coïncident avec une zone frontalière souvent fragile sur le plan sécuritaire, où la connectivité peut renforcer les réponses gouvernementales à la stabilité locale.
Pour les populations agricoles, les bénéfices sont multidimensionnels : accès facilité aux marchés, réduction notable des pertes post‑récolte, revenus agricoles accrus grâce à des capacités de transformation régionale pouvant multiplier les rendements par dix. Cette dynamique doit également favoriser la cohésion économique transfrontalière, en renforçant les échanges licites avec les pays voisins et en structurant des chaînes de valeur plus durables.
Pourquoi est-ce important ?
Ce financement de 75,87 milliards FCFA constitue bien plus qu'un simple projet d'infrastructure. Il incarne une stratégie de développement inclusif, en plaçant l'agriculture et les zones frontalières au cœur d’une dynamique de croissance partagée. Ce virage structurel permet à la Côte d’Ivoire de renforcer son rôle comme hub agricole et logistique régional.
L’incidence pour l’ensemble de l’économie ouest‑africaine est considérable. Des infrastructures routières et logistiques solides sont un levier essentiel pour l’intégration sous‑régionale. Elles favorisent la multiplication des échanges commerciaux, réduisent les inefficacités, et renforcent la résilience économique des populations à la marge.
Ce programme illustre également un modèle de partenariat entre une institution de développement, la BAD, et un État engagé dans une trajectoire de transformation durable. Les résultats attendus, emploi, commerce, compétitivité locale, offrent un modèle à reproduire dans d’autres pays de la région confrontés à des défis similaires.
Enfin, l’approche intégrée qui combine routes, transformation agricole et valorisation locale peut servir de référence pour les stratégies de développement en Afrique. L’impact attendu, à long terme, est une transformation réelle des dynamiques rurales, une réduction de la pauvreté et une consolidation de la souveraineté économique locale.