Autoroute Lagos-Calabar au Nigéria : la BIDC investit 55,6 milliards FCFA pour relancer les corridors économiques régionales
Une autoroute stratégique (Crédit image : Horizon Net)
Les points clés :
Le projet autoroutier Lagos‑Calabar reçoit 100 millions $ de la BIDC pour relier 9 États et dynamiser l’intégration régionale.
Ce financement s’inscrit dans la stratégie globale de la BIDC, qui a investi plus de 5 milliards $ en Afrique de l’Ouest pour soutenir infrastructures et PME.
L’autoroute vise à transformer le corridor côtier, favorisant les chaînes de valeur agro‑industrielles et l’accès aux ports, tout en créant un impact local.
Sous l’égide de sa 92ᵉ session, la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) a approuvé le 30 juin 2025 un financement de 100 millions $ (55,6 milliards FCFA) pour le tronçon de 47,7 km de l’autoroute côtière Lagos–Calabar au Nigeria. Cette initiative s’inscrit dans un plan plus vaste, avec l’injection simultanée de 174 millions d’euros et 125 millions de dollars pour d’autres projets régionaux, portant à plus de 5 milliards $ l’investissement global de la BIDC dans la sous-région.
Le Nigeria, via cette autoroute, s’engage à relier efficacement neuf États côtiers, dénouant à la fois les goulots d’étranglement logistiques et facilitant l’accès aux ports maritimes et zones agro‑industrielles jusqu’alors enclavées. Le projet devient ainsi un vecteur essentiel pour consolider les chaînes de valeur régionales .
Un tournant stratégique pour la région
La BIDC, institution basée à Lomé, joue un rôle de catalyseur depuis plusieurs années. Son portefeuille dépasse désormais 5 milliards $ et couvre plus de 200 projets, confirmant son rôle central dans le financement des infrastructures. Avant cette opération, elle avait déjà financé six projets dans divers pays, notamment au Togo, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Nigeria, avec des enveloppes totalisant 174 M€ et 125 M$.
Par ailleurs, l’institution s’est engagée en avril 2025 à hauteur de 230 millions $ US et 10 milliards FCFA pour renforcer les PME et infrastructures, notamment au Nigeria et au Bénin. Cette volonté de soutenir les économies nationales illustre la stratégie globale de la BIDC : intégration, industrialisation, connectivité.
Défis et opportunités : une route vers l’intégration régionale
Le corridor Lagos‑Calabar couvre un segment clé du futur réseau de 700 km de la côte nigériane. Sa mise en œuvre dans un contexte d’enjeux tels que financement, coordination inter‑États et impacts environnementaux sera cruciale. Des voix critiques, notamment sur Reddit, soulignent les risques de dérives : absence d’appels d’offres transparents et priorisation de zones à valeur foncière élevée . Mais d’autres y voient un potentiel puissant pour relier l’Afrique à ses ports, promouvoir les échanges et améliorer la logistique régionale .
Le Nigeria, conscient des enjeux, affirme que le projet nécessitera une vigilance sur la transparence, la viabilité environnementale et la cohérence avec les priorités nationales.
Pourquoi est‑ce important ?
L'autoroute Lagos‑Calabar va bien au-delà d’un simple projet national. Elle s’inscrit dans la vision de l’intégration ouest‑africaine, en reliant chaînes économiques, pôles portuaires et zones rurales. Elle préfigure une réponse aux défis structurels : dépendance aux marchés extérieurs, fragmentation des infrastructures, faible densité industrielle. En épaulant l’émergence d’une véritable économie côtière dynamique, la BIDC et ses partenaires créent un précédent : les infrastructures ne servent alors plus uniquement le développement national, mais deviennent un catalyseur de la prospérité régionale.
La réussite du projet pourrait inspirer des initiatives similaires dans l’espace CEDEAO. D’autres pays, sur des projets comme des corridors ferroviaires (Kano‑Maradi) ou des centres techniques, montrent une convergence vers un modèle de développement intégré, appuyé sur le secteur privé et la coopération régionale. Reste à garantir transparence, gestion rigoureuse et priorisation du bien‑être socio-économique pour que cette autoroute soit synonyme de progrès durable, et non de dépense publique inefficace.
Ce projet illustre la montée en puissance d'une Afrique de l'Ouest qui entend créer son avenir par la solidarité régionale, l’intégration économique et une vision commune de développement.