Lutte contre les sachets plastiques au Togo : une urgence environnementale
Les points clés :
Le Togo amasse plus de deux milliards de sachets plastiques par an, causant de graves problèmes environnementaux et sanitaires.
Malgré une interdiction en vigueur depuis 2011, l’application reste faible et la pollution persiste.
Des efforts émergent, mais sans politiques de soutien et infrastructures adéquates, la crise plastique continue.
Le Togo est confronté à une crise discrète mais véritable : celle de l'usage excessif des sachets plastiques jetables. Annuellement, le pays produit des milliers de tonnes de déchets plastiques, dont une proportion significative est composée de sacs non biodégradables, qui sont couramment employés dans les marchés, les boutiques de rue et même dans les foyers.
D'après les chiffres avancés par le ministère de l'Environnement, la consommation annuelle de sachets plastiques au Togo dépasserait les deux milliards, ce qui équivaut à environ 270 sachets par personne annuellement, pour une nation peuplée de plus de 8 millions d'individus. Moins de 10% de ces déchets plastiques sont récupérés ou recyclés officiellement.
L'usage excessif des plastiques a de graves répercussions sur l'environnement. Dans les zones urbaines, les sachets bouchent les caniveaux, exacerbant les inondations pendant la saison des pluies. Dans la capitale Lomé, on estime que plus de 60 % des blocages des canaux d'évacuation sont attribuables aux ordures plastiques. Dans les régions rurales, l'agriculture est de plus en plus contaminée par ces déchets non biodégradables, ce qui nuit à sa fertilité.
En ce qui concerne la réglementation, le Togo a instauré en 2011 un décret interministériel qui prohibe la production, l'importation, la vente et l'usage de sacs plastiques non biodégradables. Cependant, la mise en œuvre effective de cette réglementation s'avère difficile. En 2022, les inspections ont abouti à la confiscation de plus de 70 tonnes de sachets plastiques interdits, mais ces actions demeurent insuffisantes au regard de l'ampleur du problème.
L'impact économique n'est pas non plus à sous-estimer. Dans les grandes agglomérations du pays, le coût annuel qu'implique la gestion des déchets plastiques est estimé à plus de 500 millions de FCFA. À cela s'ajoutent les pertes agricoles, les dépenses de santé liées à la pollution et les pertes potentielles dans les domaines touristiques côtiers.
Des mesures sont actuellement prises pour renverser la situation. Des sociétés de la région ont débuté la fabrication de sacs biodégradables ou réutilisables, pendant que des actions éducatives sont organisées dans les établissements scolaires et les lieux de commerce. Toutefois, en l'absence d'une politique de soutien solide pour les commerçants, d'une application stricte des lois et d'un investissement gouvernemental dans les infrastructures de tri et de recyclage, le problème des sacs plastiques pourrait persister à entraver les initiatives de développement durable du pays.