Corruption au Nigeria : 500 millions de dollars récupérés en un an, un record

Président du Nigeria Bola-Ahmed-Tinubu (Crédit image : Afriquinfo)

Les points clés :

  • En 2024, la Commission nigériane de lutte contre la corruption (EFCC) a récupéré près de 500 millions de dollars, un record historique.

  • Ces fonds sont réinvestis dans l'éducation et les infrastructures, avec des impacts directs sur l'économie nigériane.

  • Malgré ces efforts, le Nigeria reste parmi les pays les plus corrompus au monde, classé 140ᵉ sur 180 selon Transparency International.

L’année 2024 a marqué un tournant dans la lutte contre la corruption au Nigeria. La Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) a récupéré près de 500 millions de dollars de fonds détournés. Ces chiffres, records depuis la création de l’agence en 2002, sont le reflet des efforts intensifiés du gouvernement de Bola Tinubu, élu en 2023, qui avait fait de la transparence et de la lutte contre les détournements de fonds un axe clé de son mandat. L’organisme a également enregistré plus de 4111 condamnations pénales au cours de l’année, surpassant tous ses précédents bilans annuels.

L'ampleur de la corruption au Nigeria est particulièrement frappante dans le secteur informel, où la prévalence des transactions en espèces continue de poser de sérieux défis. Mais ces avancées dans la lutte anticorruption marquent une nouvelle étape vers un Nigeria plus transparent, bien que les défis demeurent énormes. Selon les chiffres fournis, l’EFCC a non seulement récupéré des liquidités, mais aussi saisi une variété d’actifs, allant de 750 duplex et appartements à 931 052 tonnes de produits pétroliers et même des cryptomonnaies d’une valeur de plusieurs centaines de milliers de dollars. Cette diversité des biens confisqués illustre l’étendue des infractions financières au Nigeria.

Des répercussions sur l’économie nationale

Ces fonds récupérés ne sont pas restés inactifs. Selon l’EFCC, une partie importante des sommes a été réinvestie dans l’économie nigériane, en particulier dans des projets sociaux et d’infrastructures. Un exemple concret est l’allocation de 50 milliards de nairas (environ 32,6 millions de dollars) au Nigerian Education Loan Fund (NELFUND), une initiative lancée en 2024 qui vise à octroyer des prêts sans intérêt aux étudiants des universités. En investissant dans l'éducation, le gouvernement vise à préparer une nouvelle génération de Nigérians pour l'avenir, tout en réduisant les inégalités d'accès à l'éducation supérieure.

D’autres fonds ont été affectés à l’amélioration des infrastructures du pays, telles que les routes, les hôpitaux et le réseau électrique. Ces efforts sont essentiels pour redynamiser une économie marquée par des décennies de corruption, qui a freiné son développement malgré le potentiel énorme de ses ressources naturelles, en particulier le pétrole. Le Nigeria reste cependant classé à la 140ᵉ place sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International, montrant que la route vers la transparence totale est encore longue.

Les défis persistants de la corruption

Malgré ces avancées, la corruption reste un problème structurel au Nigeria. En 2024, les crimes les plus fréquents relevés par l’EFCC concernaient la fraude à l’avance de frais, également connue sous le nom de "419", le blanchiment d'argent et la cybercriminalité. Plus de 15 000 plaintes ont été enregistrées par l’agence, qui a ouvert près de 13 000 enquêtes, aboutissant à plus de 5 000 procès.

Le combat contre la corruption ne se limite pas à la récupération de fonds, mais inclut également la réforme des institutions, la sensibilisation de la population, et l’instauration de mécanismes de transparence dans tous les secteurs. Le gouvernement nigérian, sous l’impulsion de Tinubu, s’efforce de renforcer ces réformes institutionnelles tout en mobilisant davantage de ressources pour les infrastructures.

Pourquoi est-ce important ?

La lutte contre la corruption au Nigeria n’est pas seulement un enjeu local, elle a des répercussions sur l'ensemble de l'économie ouest-africaine. Le Nigeria, première économie de la région et premier producteur de pétrole du continent, a un impact direct sur les économies voisines à travers ses échanges commerciaux, ses investissements transfrontaliers et son influence politique. En récupérant ces fonds et en les réinvestissant dans des secteurs essentiels comme l’éducation et les infrastructures, le pays pose les bases d’une croissance économique plus durable et inclusive.

De plus, ces efforts participent à renforcer la crédibilité du Nigeria sur la scène internationale, attirant potentiellement davantage d’investissements étrangers dans des secteurs clés comme l’énergie, les infrastructures et l’éducation. Toutefois, le maintien de cette dynamique nécessite des réformes structurelles profondes et une volonté politique constante pour éradiquer définitivement la corruption.

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