Derrière les chiffres en hausse du trafic aérien à Lomé, une stratégie économique à long terme

Le trafic passager en hausse au premier trimestre 2025 (Crédit image : Togofirst)

Les points clés :

  • Le trafic passager de l'aéroport de Lomé est en légère hausse au 1ᵉʳ trimestre 2025, à +1,2 %.

  • Le fret gagne 11,5 % et les mouvements d’aéronefs 7,8 %, confirmant la dynamique logistique.

  • ASKY Airlines cible plus de 2 millions de passagers.

Au premier trimestre 2025, l’aéroport international Gnassingbé Eyadéma (AIGE) de Lomé a accueilli 329 618 passagers, soit une progression de 1,2 % comparativement à l’an passé (325 709 passagers)​. Ce rythme peut sembler modeste, mais il s’inscrit dans une tendance haussière constante depuis plusieurs années. En 2024, l’AIGE avait franchi le cap du million et demi de voyageurs (1 506 946), soit une augmentation de 6,2 % par rapport à 2023. Au-delà des chiffres, cette stabilité témoigne d’une attractivité croissante et d’une utilisation plus soutenue de la plateforme togolaise.

En parallèle, le fret aérien a bondi de 11,5 % et les mouvements d’aéronefs de 7,8 %, selon le rapport d’exécution budgétaire. Ces données confirment que l’aéroport renforce sa fonction logistique, appuyant la stratégie de Lomé comme hub régional.

Le rôle-clé d’ASKY Airlines dans la montée en puissance

L’essor de l’aéroport est directement lié à l’expansion de sa compagnie-phare, ASKY Airlines. La compagnie, qui opère comme hub depuis Lomé, a renforcé ses liaisons avec Abidjan et repris celles vers Pointe-Noire dès juillet et octobre 2024 respectivement. Elle a également mis en place six nouvelles liaisons en 2023, dont deux assurées par Ethiopian Airlines, y compris la ligne stratégique Lomé–Washington lancée en 2022.

Le développement d’ASKY ne cesse de s’accélérer : la compagnie dessert désormais 29 destinations dans 26 pays africains, mobilisant 336 vols hebdomadaires et transportant en moyenne 24 000 passagers par semaine​. Elle investit également dans sa flotte (derniers Boeing 737‑8 en 2025, attente d’un Boeing 787 vers l’Europe)​. Ces évolutions confortent la place de Lomé en tant que plateforme pivot pour les connexions intra‑africaines et la relance du trafic long-courrier.

Infrastructures et ambitions : viser les 2 millions

Consciente de ses ambitions, l'État togolais prévoit d’augmenter la capacité annuelle de l’aéroport à 2 millions de passagers. Les projets incluent l’agrandissement de terminaux, l’ajout de 500 sièges dans les salles d’attente, l’extension sud du terminal et la construction d’un hôtel pour les escales. Ces efforts visent à renforcer Lomé comme hub intégré, passager, fret et escale, dans une logique de valeur ajoutée régionale.

Tendances régionales : Lomé s’inscrit dans une stratégie continentale

La performance togolaise s’inscrit dans un mouvement plus large. Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), le trafic aérien en Afrique a crû de 8 % au premier trimestre 2025, avec une progression de la capacité de 6,4 % et un taux de remplissage proche de 74 %, juste en dessous de la moyenne mondiale​. Lomé profite donc de la croissance régionale du transport aérien, tout en y apportant sa propre dynamique via la montée en puissance d’ASKY.

Pourquoi est-ce important ?

Le modeste mais constant rebond du trafic passager à Lomé révèle une ambition plus profonde : celle de transformer le Togo en hub logistique et aérien de référence en Afrique de l’Ouest. Le développement d’ASKY Airlines, associé à des investissements dans les infrastructures, contribue à renforcer les liens économiques sous‑régionaux, en facilitant les échanges de personnes, de services et de marchandises.

À l’impact local, création d’emplois, augmentation des recettes non fiscales, amélioration de la connectivité, s’ajoute un effet d’entraînement régional : un hub plus fort peut attirer des compagnies internationales, soutenir l’essor du tourisme, et stimuler les investissements dans des secteurs annexes (hôtellerie, transport terrestre, services aéroportuaires). Enfin, dans un paysage africain marqué par la mise en œuvre de la ZLECAf, disposer d’un hub performant sur le continent renforce l’intégration économique et la résilience collective face aux perturbations globales.

Ainsi, l’évolution de l’AIGE à Lomé illustre une stratégie cohérente : transformer une infrastructure modeste en un moteur de développement national et régional, fondé sur la synergie entre politiques publiques, compagnies nationales et intégration africaine.

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