Réformes, gouvernance et croissance : le Togo atteint 3,8/6 au CPIA 2025

Groupe de la Banque mondiale (Crédit image : Togofirst)

Les points clés :

  • Le Togo obtient un score global de 3,8/6 au CPIA 2025, contre une moyenne régionale de 3,2.

  • Ce score classe le Togo 6ᵉ sur 40 en Afrique subsaharienne, derrière des leaders comme le Rwanda.

  • Les progrès concernent surtout l'inclusion sociale, l’équité, la mobilisation des ressources et la gestion économique.


Le CPIA (Country Policy and Institutional Assessment) 2025, publié le 10 juillet, confirme le mouvement positif entamé par le Togo depuis plusieurs années. Avec une note de 3,8/6, le pays surclasse nettement la moyenne subsaharienne (3,1) et la moyenne régionale (3,2). Se classant 6ᵉ sur 40, le Togo se positionne comme une nation en amélioration constante, dépassant souvent ses pairs d’Afrique de l’Ouest.

Derrière ce score, les raisons sont claires : des réformes fiscales ambitieuses ont augmenté les recettes internes, avec un plan visant à accroître leur part annuelle du PIB de 0,5 %. Le lancement du corridor préférentiel de paiement (CPP) a modernisé la douane, améliorant la facilitation des échanges internationaux et consolidant le commerce extérieur .

Gouvernance, politique sociale : les piliers de la confiance

Le rapport souligne que la performance du Togo s'explique en grande partie par les avancées en inclusion sociale et équité. Les protections sociales se sont élargies, incluant désormais des transferts monétaires visant à soutenir les ménages vulnérables face à l’inflation. Le Code du travail a été reformé pour protéger les femmes pendant la grossesse et l’allaitement, garantissant un salaire complet pendant cette période).

La gestion économique, autre atout notable, reflète des politiques macroéconomiques solides. Le Togo a amélioré l’efficacité de sa fiscalité, augmentant les recettes fiscales de 0,7 point pour atteindre 14,7 % du PIB. Cette stratégie s’inscrit dans une volonté de réduction de la dépendance aux financements extérieurs.

Gouvernance publique : un relais utile mais fragile

Si les secteurs de l’inclusion sociale et de la gestion économique affichent des résultats solides, la gouvernance publique reste la plus faible composante du CPIA togolais à 3,4/6, bien qu’elle dépasse les moyennes régionales et continentales. Les efforts se poursuivent dans l’optimisation des marchés publics, le contrôle institutionnel et la lutte contre la corruption, des domaines cruciaux pour maintenir la progression actuelle.

Une trajectoire sinueuse : potentialités et limites

Les réformes engagées par le Togo sont multidimensionnelles. En matière économique, la diversification du commerce via le CPP et la gestion proactive des finances publiques en font un exemple régional . Sur le plan social, l’attention portée à l’équité et à la protection des groupes vulnérables crée un socle pour une croissance inclusive. Cependant, la faiblesse relative de la performance institutionnelle rappelle l’urgence de renforcer la transparence, la redevabilité et l’efficacité de l’administration publique.

Pourquoi est-ce important ?

La distinction du Togo au CPIA 2025 dépasse la simple note : elle porte une ambition continentale. D’un côté, elle offre une plus grande marge d’action aux bailleurs et aux investisseurs internationaux, car un score élevé garantit une meilleure capacité à gérer les aides et les financements. De l’autre, elle impose un impératif de consolidation : sans réforme institutionnelle soutenue, les résultats économiques pourraient manquer de pérennité.

Dans un espace régional où la ZLECAF cherche à renforcer les chaînes de valeur et à fluidifier les échanges, le Togo apparaît désormais comme un laboratoire de la modernisation. D’autres pays suivent cette voie : le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Cap-Vert montrent que la focalisation sur l’efficience fiscale et l’équité sociale porte ses fruits.

L’ancrage du Togo dans le peloton de tête du CPIA ouvre des perspectives vertigineuses : il améliore l’attractivité financière, renforce la légitimité des réformes internes et pose les fondations d’une croissance résiliente. Pour l’Afrique de l’Ouest, cette dynamique illustre qu’un mélange de rigueur économique, de réforme sociale et d’inclusion institutionnelle est le chemin vers un développement durable. Le défi maintenant, pour le Togo et ses voisins, est de transformer ces notations prometteuses en avancées économiques tangibles, durables et équitables.

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