Sénégal : 350 000 emplois numériques d’ici 2034, un pari sur le New Deal Technologique

Les points clés :

  • Le Sénégal s’allie à Huawei pour former 350 000 talents numériques d’ici 2034.

  • Huawei a déjà formé 120 000 Africains en digital dans le cadre de son programme LEAP.

  • L’enjeu : réduire le chômage des jeunes (20 %) et combler le déficit numérique régional.

Depuis Dakar jusqu’à Dakar, une nouvelle ère s’ouvre pour le numérique sénégalais. Le 26 juin 2025, dans le cadre du « New Deal Technologique », le gouvernement a scellé un partenariat stratégique avec Huawei. L’objectif affiché : créer 350 000 emplois numériques d’ici 2034, dont 150 000 emplois directs. Ce projet ambitieux s’appuie sur une combinaison de solutions cloud, d’intelligence artificielle et de réseaux 5G, tout en visant à installer une usine d’assemblage d’équipements IT sur le sol national.

Huawei, déjà familier du continent, a déployé son programme LEAP en avril 2022. Initialement promis à 100 000 bénéficiaires d’ici 2025, il a largement dépassé son objectif : 120 000 personnes formées en TIC à mi-2024, soit un dépassement de 120 %. Le nouveau plan envisage un ajout de 150 000 talents numériques en Afrique subsaharienne d’ici 2027. L’expérience déjà accumulée offre ainsi une base pour le succès de la stratégie sénégalaise.

Le New Deal Technologique s’inscrit dans une vision établie dès février 2025, visant à transformer le Sénégal en puissance numérique d’ici 2034  . Le partenariat avec Huawei prévoit des modules certifiants, adaptés aux réalités sénégalaises, alimentés par une collaboration public-privé, notamment avec Sonatel (Orange). Le projet inclut aussi des formations décentralisées grâce au Digitruck, favorisant l’accès aux zones rurales et périphériques.

Cependant, plusieurs points restent à préciser : le calendrier exact des formations, la nature des certifications, les profils ciblés et surtout la portée réelle en matière d’insertion professionnelle. L’emploi des jeunes demeure un défi de taille : le taux de chômage culmine à 20 %, et 34 % des 15‑24 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation.

Du numérique au chômage : la fracture à combler

Les statistiques résonnent comme un appel à l’action. D’ici 2030, la Banque mondiale estime que 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques. L’essor prévu de la 5G, du cloud et de l’IA agira comme catalyseur d’une nouvelle demande de compétences.

Or, sans ressource humaine qualifiée, ces nouvelles infrastructures risquent de rester sous-utilisées. Le dynamisme économique local dépendra aussi des emplois que le pays saura créer. Le partenariat avec Huawei donne une chance unique de former une cohorte de 100 000 diplômés numériques et 5 000 experts certifiés par an.

Cette dynamique s’inscrit dans une compétition régionale : des pays comme le Nigeria, le Kenya ou le Ghana investissent eux aussi massivement dans la formation digitale, en partenariat avec des géants technologiques. Le Sénégal entend ainsi se positionner comme un hub numérique ouest-africain.

Vers un écosystème numérique durable

Le numérique ne se limite pas à des emplois. Il crée des chaînes de valeur locales. L’usine d’assemblage prévue permettra la fabrication, la maintenance et la réparation des équipements IT, stimulée par la croissance des infrastructures 5G, cloud et IA. Ce maillage local est essentiel pour réduire la dépendance aux importations et créer des opportunités industrielles.

La formation certifiante, couplée à une industrie naissante, peut renforcer l’écosystème ICT sénégalais. L’expérience positive de Huawei via le Digitruck et la plateforme LEAP au niveau continental crée un précédent mobilisateur. Elle donne un cadre à la promesse de 350 000 emplois numériques.

Pourquoi est‑ce important ?

La formation de talents numériques représente une stratégie économique de long terme pour le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest. D’une part, ces compétences offrent une insertion professionnelle aux jeunes, dont le taux de chômage atteint 20 %. D’autre part, elles soutiennent le développement des infrastructures numériques, nécessaires à la croissance. En créant un écosystème régional, le Sénégal peut rayonner, attirer les entreprises digitales et inspirer ses voisins, renforçant ainsi la résilience économique de la sous-région.

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