Togo : quand les commerçantes transfrontalières deviennent le moteur de l’intégration régionale

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Plan d’Action Genre et Commerce de la CEDEAO (2015‑2028) (Crédit image : la Nouvelle République)


Les points clés :

  • La Caravane CEDEAO 2025 forme les commerçantes togolaises aux règles du commerce intra‑régional.

  • Femmes informelles à la croisée des corridors Abidjan‑Lagos reçoivent des outils numériques et juridiques vitaux.

  • L'initiative renforce l’inclusion économique tout en consolidant l'intégration sous‑régionale.


Depuis le 4 juillet 2025, l’hôtel 2 Février à Lomé résonne au tempo d’une ambition : autonomiser les commerçantes transfrontalières issues du corridor Abidjan‑Lagos. La « Caravane de sensibilisation » orchestrée par la CEDEAO, en partenariat avec le Ministère togolais de l’Action sociale, a ciblé des milliers de femmes actives dans le commerce informel, les dotant de connaissances stratégiques sur les textes communautaires, les formalités douanières et les outils institutionnels comme SEGUCE, le Togo Trade Portal et le Mécanisme d’Alerte aux Obstacles au Commerce.

L’allocution d’ouverture de la Professeure Kossiwa Zinsou‑Klassou, Ministre de la Promotion de la Femme, a réaffirmé l’importance du commerce transfrontalier comme levier de subsistance pour des milliers de femmes et de jeunes. Avec plus de 50 % des contributions au PIB issues du secteur informel au Togo et la prédominance féminine dans ce domaine, l’action de la CEDEAO se veut une réponse directe aux enjeux de cohésion sociale et de développement inclusif.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Plan d’Action Genre et Commerce de la CEDEAO (2015‑2028), mis en œuvre par le Centre pour le Développement du Genre (CCDG). Depuis 2023, la Caravane sillonne les corridors ouest-africains afin de renforcer les capacités des petits commerçants, particulièrement des femmes, de recenser les difficultés rencontrées à la frontière, et d’orienter les politiques vers des résultats concrets.

Les retours d’expérience recueillis ont permis de mieux adapter les stratégies, comme l’explique Sandra Oulaté Fattoh, Directrice du CCDG, qui souligne que la collecte de données terrain est cruciale pour élaborer des projets mieux ciblés.

Une étape stratégique dans la transformation du commerce informel

Au-delà d’un simple atelier, cette Caravane représente une transformation des approches. En familiarisant les commerçantes avec les cadres réglementaires régionaux, en facilitant l’utilisation des plateformes numériques pour la documentation et en simplifiant les formalités via SEGUCE, les participantes acquièrent des moyens d’élever leurs activités au sein d’une économie formelle intégrée. Ce pilotage renforce la confiance des autorités et facilite les échanges légaux.

La CEDEAO promeut une transition vers des pratiques commerciales transparentes et sécurisées. La conférence de juillet 2025 a été conçue pour encourager les femmes à s’organiser collectivement, à mieux anticiper les contrôles aux frontières et à optimiser leurs opérations, améliorant ainsi leurs revenus et atténuant les risques liés aux contrôles arbitraires.

Par ailleurs, l’expérience togolaise s’appuie sur des précédents réussis au Ghana et au Sénégal, où des initiatives similaires ont permis d’accroître l’accès des femmes aux ressources financières, de réduire les temps d’attente et d'améliorer la communication entre acteurs frontaliers.

Pourquoi est-ce important ?

L’impact sur l’économie ouest‑africaine est considérable. Le commerce transfrontalier à petite échelle représente une part essentielle du commerce intra‑régional, générateur de revenus pour des millions de ménages, mais historiquement fragile face aux obstacles administratifs, à l’absence de formation et aux barrières informelles. L’autonomisation des femmes participantes crée un effet multiplicateur : plus de revenus, des échanges plus fluides et une meilleure intégration économique.

Du Ghana au Sénégal, en passant par le corridor Lomé‑Accra‑Abidjan, ces initiatives illustrent qu’un soutien ciblé aux femmes d’échanges informels est stratégique pour bâtir une économie plus résiliente et inclusive.

Dans un contexte où certains pays comme le Burkina Faso ou le Mali se retirent des cadres régionaux (ECOWAS), soutenir la cohésion économique communautaire devient vital. Ce programme CEDEAO renforce non seulement les capacités individuelles, mais soutient également l’idéal de l’intégration régionale en donnant corps aux principes de libre circulation et de coopération économique.

C’est finalement une réponse tangible aux objectifs de la ZLECAf, en structurant le bas de l’économie informelle pour permettre à ses acteurs de passer progressivement dans l’économie formelle régionale, tout en renforçant la sécurité, la transparence et la dignité économique des femmes commerçantes.

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