Avec le tandem ZLECAf - Afreximbank, l’Afrique en marche vers un véritable marché commun
Les points clés :
49 pays ont ratifié la ZLECAf, ouvrant un marché unique de 1,4 milliard de personnes pour un PIB de plus de 3 400 milliards $.
PAPSS, co-piloté par Afreximbank, pourrait économiser 5 milliards $ par an en frais de change et paiements transfrontaliers.
Afreximbank a débloqué un fonds d’ajustement de 10 milliards $, plus une facilité de 1 milliard $ pour l'industrie automobile africaine.
Le rideau s’est levé lors des 32ᵉ Assemblées Annuelles d’Afreximbank à Abuja, révélant une nouvelle ère de coopération stratégique entre la ZLECAf et Afreximbank. Si la ZLECAf incarne la vision politique d’un marché continental, Afreximbank en assure la traduction opérationnelle avec ses moyens financiers et institutionnels. Cette dualité, diplomatique et financière, constitue une réponse cohérente à l’aspiration des Pères fondateurs de l’Afrique à une intégration durable.
La ZLECAf, avec 49 pays signataires, regroupe désormais 1,4 milliard de consommateurs. Son ambition : devenir le moteur de la croissance intra-africaine, rompant avec la dépendance historique aux marchés extérieurs. Plus de 3 000 certificats d’origine ont déjà été délivrés, facilitant ainsi les exportations préférentielles des PME africaines. Le Nigeria, dans ce nouveau cadre, redirige désormais la majorité de ses exportations vers ses partenaires africains, rompant avec sa posture d’exportateur vers l’Europe ou l’Asie.
Mais sans infrastructure ni financement, la ZLECAf resterait un texte sans application. C’est ici qu’Afreximbank intervient. Cofinanceur clé de PAPSS, elle lance un système de compensation qui élimine l’usage du dollar dans les échanges intra-africains et pourrait générer 5 milliards $ d’économies par an pour les États. Quels gains ? Moins de frais bancaires, moins de risques de change, et des transactions plus fluides pour les entreprises et les particuliers.
Au-delà de PAPSS, Afreximbank a mis sur la table un fonds d’ajustement de 10 milliards $ pour accompagner les pays dans l’alignement tarifaire et commercial, ainsi qu’une facilité de 1 milliard $ ciblant le développement de l’industrie automobile africaine. Illustration concrète : des financements structurants permettent de bâtir des corridors logistiques, aménager des parcs industriels et soutenir l’exportation de produits manufacturés.
Les défis restent immenses : facilitation des douanes, harmonisation réglementaire, mobilité des personnes. Wamkele Mene a souligné l’urgence de ratifier le protocole sur la libre circulation. Dr Jumpoke Oduwole (Nigéria) et Kabiné Komara (Guinée) ont plaidé pour des infrastructures de transport et numériques renforcées, appuyées par des comités de coordination régionaux. Face à la fragmentation, Abdoul Aziz Ba d’ATDC a lancé l’idée de véritables « clusters agricoles » pour atteindre une taille critique exportable.
Le ton politique a changé : « La ZLECAf n’est rien de moins que la réforme économique la plus ambitieuse de l’histoire du continent » a martelé Wamkele Mene. Et Afreximbank, dans cette vision, n’est plus accessoire : elle est le bras financier de cette transformation. La Banque a étendu son bilan à 40 milliards $ d’actifs et compte déployer 40 milliards de finance de commerce d’ici 2026. Derrière ces chiffres, c’est tout un écosystème financier africain, PAPSS, MANSA, FEDA, AfrexInsure, AQAC, qui prend forme, dépassant le cadre de la banque traditionnelle.
Pourquoi est-ce important ?
Parce que l’Afrique passe d’une posture de marché colonial à celle de puissance économique intégrée. La combinaison ZLECAf + Afreximbank est un véritable catalyseur de ce virage : elle réunit la volonté politique et les outils financiers. Les économies ouest-africaines, du Sénégal au Nigéria, du Ghana à la Côte d’Ivoire, verraient leurs PME accéder plus facilement au financement, aux marchés, et à la production régionale. Le soutien ciblé à l’industrie automobile est emblématique de cette métamorphose : l’Afrique ne veut plus exporter ses matières premières, elle veut produire localement et exporter où cela compte.
Mais des conditions subsistent : ratification de la libre circulation, harmonisation réglementaire, traçabilité des marchandises, connexions logistiques. Si ces piliers sont posés, la combinaison politique-finance aboutira à une croissance véritablement inclusive et souveraine.
Avec ZLECAf, l’Afrique dispose désormais d’un cadre. Avec Afreximbank, elle a les moyens d’agir. Reste à passer du « marché potentiel » au marché réalisé, un défi à la hauteur de l’ambition.